«Le pouvoir actuel essaie autant que faire se peut de traduire la volonté des masses populaires à s’affirmer et à s’approprier leur souveraineté», a déclaré le secrétaire général adjoint du Front patriotique, Dr Romuald Yaro, au micro de Wakat Séra, indiquant que cela se constate dans le choix des partenaires internationaux des autorités politiques burkinabè. Mais M. Yaro prévient que les relations, peu importe le partenaire, ne sont jamais fortuites ou gratuites, appelant ainsi à développer des initiatives locales pour ne pas être trop dépendant des métropoles. Notre interlocuteur s’est aussi prononcé sur d’autres sujets d’actualité, notamment sur la CEDEAO et les coups d’Etat.
Wakat Séra: Quelle appréciation faites-vous des relations des autorités burkinabè de la Transition avec l’extérieur?
Dr Romuald Yaro: Le pouvoir actuel essaie autant que faire se peut de traduire la volonté des masses populaires à s’affirmer et à s’approprier leur souveraineté. De ce point de vue, il y a une option qui est faite vers un autre partenaire stratégique (la Russie, NDLR.) au détriment d’autres partenaires. Pour ce qui est des relations avec la Russie, il y a des motifs de satisfaction, à partir du moment où nos autorités arrivent à avoir des équipements, de la logistique pour mener à bien le combat contre le terrorisme. Mais il faudrait que nous puissions nous convaincre que l’ensemble de ces relations ne se font pas de façon gratuite et fortuite.
Wakat Séra: Alors qu’est-ce qu’il faut comme alternative?
Dr Romuald Yaro: Au niveau du Front patriotique, nous avons estimé qu’il fallait que nous puissions nous appuyer sur l’ensemble des ingéniosités endogènes pour trouver des solutions appropriées et adaptées à l’ensemble des défis auxquels nous faisons face pour ne pas être trop dépendants des métropoles.
Wakat Séra: On a récemment vu les autorités burkinabè de Transition et celles du Mali exprimer leur solidarité aux putschistes nigériens menaçant même de se retirer de la CEDEAO. Le Burkina a-t-il intérêt à quitter cette organisation?
Dr Romuald Yaro: Il serait hasardeux de dire que si nous quittons la CEDEAO, nous n’aurons pas de répercussions. Cependant, nous estimons qu’il y a un souci réel au niveau de cette organisation qui prend souvent des sanctions radicales oubliant ses devoirs, à savoir accompagner les pays qui souffrent du terrorisme. Les masses populaires ont besoin de refondation, de s’adosser sur des institutions crédibles qui puissent prendre en compte leurs aspirations.
Wakat Séra: Mais on assiste à une récurrence des coups d’Etat dans la sous-région, quelle est la position du Front patriotique sur ce sujet?
Dr Romuald Yaro: Pour ce qui est des coups d’Etat, nous les condamnons par principe au Front patriotique. On ne saurait les cautionner. La grosse interrogation est celle de savoir si l’avènement des militaires au pouvoir pourra être un tremplin pour implémenter l’ensemble des aspirations sociales des peuples. C’est ce qui est la préoccupation au niveau du Front patriotique. D’où notre logique de permettre à ce que les leviers réels de la gestion du pouvoir d’Etat puissent être l’approbation des masses populaires. Ce n’est qu’à ce prix que nous allons sortir de ces difficultés. Au Front patriotique, nous nous interrogeons sur la posture véritable de l’Armée qui est celle de délaisser, malgré le contexte sécuritaire difficile, cette primauté des primautés qui est de combattre, pour revenir gérer le pouvoir d’Etat que nous estimons que c’est du lourd au regard du contexte actuel.
Propos recueillis par Siaka CISSE