Le Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) a renversé, le 24 janvier dernier, le président Roch Kaboré, faisant ainsi du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba le nouveau chef de l’Etat burkinabè. Un mois après ce coup d’Etat, les lignes ont-elles bougé dans le sens des espérances du peuple burkinabè? Quelques citoyens de la ville de Ouagadougou se sont prononcés sur la question au micro de Wakat Séra, exprimant leurs attentes des nouvelles autorités du pays.
Mohamed Tapsoba, employé de commerce: «Je leur fais confiance et ils sont sur la bonne voie»
Un mois? Ils viennent à peine d’arriver. Mais vu la situation, avec les nominations au sein de l’Armée, je leur fais confiance et ils sont sur la bonne voie. Par rapport à leur durée au pouvoir, je dirais que cela doit dépendre de l’évolution de la situation. Si la situation ne connaît pas une amélioration, je préfère qu’on laisse le président Damiba faire son travail, il ne faudrait pas se précipiter pour les élections. Si la CEDEAO nous donne un délai alors que les terroristes continuent de nous déranger, ça sera trop compliqué. J’aimerais que cette CEDEAO nous laisse travailler et au fur et à mesure on va voir ce qu’il conviendra de faire.
Bachirou Zongo, coiffeur: «Pour le moment, le président n’a rien fait»
Avant même de prêter serment, il devrait engager des actions sur le terrain. Mais j’ai l’impression qu’il voulait d’abord prêter serment avant de commencer à travailler. Pour le moment, le président n’a rien fait. Il doit savoir qu’il est venu pour un but bien précis et qu’on n’a pas de temps à perdre. Moi j’attends de lui qu’il soit un vrai patriote qui va défendre l’honneur du Burkina Faso et de l’Afrique. Il peut, pour cela, prendre l’exemple sur le Mali qui montre que les Africains doivent prendre désormais les choses en main.
Mathias Nikiéma, mécanicien d’engins à deux roues: «Le président peut même prendre cinq ans pour bien faire les choses»
Je trouve que le président est sur la bonne voie. Au Burkina Faso, aucun civil ne peut actuellement diriger. Le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba est venu pour redresser la situation sécuritaire. Il ne doit pas se précipiter, et peut même prendre cinq ans pour bien faire les choses. Pour les élections, on doit augmenter les frais de candidature à plusieurs millions de francs CFA de sorte à ne pas permettre à tout le monde de se présenter à l’élection, là on aura trois à quatre personnes. Regardez actuellement les partis politiques au Burkina, c’est GNAGAMI (mélangé, langue locale dioula).
Rasmata Kabré, commerçante: «Nous sommes ravis de la prise du pouvoir par les militaires»
Nous sommes ravis de la prise du pouvoir par les militaires. Nous souhaitons que le bon Dieu leur octroie courage et détermination afin qu’ils mettent fin aux actions des terroristes. Qu’ils puissent mettre fin à la tuerie de nos enfants, les soldats au front. C’est notre principal souhait. Parce que nous populations, nous sommes conscients qu’après les soldats au front, ça sera à notre tour de mourir. Les militaires sont censés nous protéger. Une fois frappés par la mort, nous femmes et mères, nous ne pourrons survivre. Par conséquent, nous ne pouvons pas admettre une telle situation.
Seydou Mohamed Ouédraogo, commerçant ambulant: «Depuis un mois, qu’est-ce qu’ils ont fait concrètement?»
On ne peut rien espérer d’eux. C’est quel coup d’Etat qui peut changer un pays? La place des militaires c’est sur le terrain pour défendre les populations. Mais eux, ils ont pris le pouvoir, ils sont là assis et ils disent aux populations qu’ils peuvent mettre les choses dans l’ordre, par rapport à quoi? Depuis un mois, qu’est-ce qu’ils ont fait concrètement? On ne peut pas prendre un pays en otage en disant que nous sommes des militaires, nous pouvons régler la situation, comment? Ce n’est pas possible. Ce n’est pas cela la solution. On n’est pas encore sorti du trou, on est mort.
Yamba Adama Ilboudo, carreleur professionnel à la retraite: «Pour moi, ça débute bien»
Pour moi, les militaires sont les bienvenus. Quand ils sont arrivés au pouvoir, ils ont expliqué qu’ils étaient là pour sauver le peuple. Après seulement un mois, je pense qu’il est trop tôt pour parler de changement, mais pour moi ça débute bien, ils (les militaires) sont sur la bonne voie. Si on ne l’a pas dérangé, il va bien tenir sa promesse. Pour ceux qui le critiquent qu’il fait trop de concertations, ils doivent comprendre qu’on ne peut pas aller brusquement sans aucune préparation. Le lieutenant-colonel ne sera pas seul à travailler, il faut qu’il s’entende avec les autres, qu’ils préparent le terrain.
Léa Ilboudo, commerçante gérante de boutique: «Il nous fallait un militaire au pouvoir»
Je fais confiance au président Damiba et je trouve qu’il est sur la bonne voie en faisant des concertations. Ça fait seulement un mois qu’il est là, mais je pense que les choses iront bien. A l’état actuel du Burkina Faso, il nous fallait un militaire au pouvoir et non un civil. Vu l’insécurité, l’incivisme et tout le désordre qui règne dans le pays, je pense qu’il nous faut une révolution pour faire changer les choses. Donc la venue des militaires est une bonne chose, et le président actuel doit prendre tout le temps, même cinq ans de transition s’il le faut, pour trouver une solution au problème sécuritaire. On ne craint pas la CEDEAO et ses sanctions, quand on tuait nos enfants, tous ces déplacés internes, que fait cette CEDEAO face à cette situation?
Rasmané Ouédraogo, employé de commerce: «Je trouve qu’ils ont apporté un petit changement»
Après un mois aux affaires, il est un peu tôt pour faire un bilan, mais je trouve qu’ils ont apporté un petit changement. Il faut comprendre que les choses ne vont pas en si peu de temps changer. C’est petit à petit. On ne peut pas avancer en brûlant les étapes, donc c’est normal que le président fasse des concertations afin de pouvoir tenir jusqu’au bout face au terrorisme. Pour moi, il est sur la bonne voie et on espère de tous nos vœux que la situation sécuritaire qui nous préoccupe, va s’améliorer.
Abdoulaye Dondassé, électricien: «Je reconnais qu’il y a eu quelque chose»
Je reconnais qu’il y a eu quelque chose même si c’est seulement en un mois de pouvoir. Par exemple, dans certaines localités où les attaques étaient quasi quotidiennes, il y a actuellement un calme relatif, ce n’est plus comme avant. Et ça, c’est déjà bien, tout ce que nous voulons, c’est la paix. Comme ils sont des militaires, je pense qu’ils vont pouvoir faire changer les choses.
Propos recueillis par Siaka CISSE (Stagiaire)