Le procès de l’ex-président burkinabè, Blaise Compaoré et des ministres de son dernier gouvernement, poursuivis pour « complicité d’homicide volontaire et complicité de coups et blessures volontaires », a été renvoyé au lundi 8 mai, après sa reprise ce jeudi.
Ce deuxième renvoi du procès en l’espace d’une semaine, fait suite à la demande de la défense qui a souhaité permettre à deux de ses avocats commis d’office, le mercredi 3 mai, de prendre connaissance du dossier.
« L’avocat ne doit pas être là pour régulariser la procédure, mais pour défendre son client. Il doit disposer d’un délai raisonnable pour préparer cette défense. C’est la raison pour laquelle on a soumis une demande de renvoi du dossier », s’est défendu Me Idrissa Badini, avocat commis d’office, qui trouve le délai qui leur a été accordé « trop court ».
Quant à Me Frédéric Titinga Pacéré, l’un des avocats de la défense, il dit se remettre à ce minimum de délai accordé et remercie la Cour d’avoir accepté le report demandé. « Je souhaite que ce procès se déroule dans la sérénité parce qu’il implique beaucoup de risques de dérapages, des éléments aussi bien du judiciaire, du politique que du social. Chaque homme, acteur en particulier moi le doyen des avocats, nous devons être prudents et nous devons avancer doucement », a affirmé Me Pacéré.
Bien avant cette demande, les avocats de la défense ont soulevé l’irrégularité de la Cour. Pour eux la composition du tribunal est non-conforme du fait du choix du magistrat Elizabeth Bado pour être parmi les juges, à cause de l’ordre administratif auquel elle appartient.
Après une suspension de 15 minutes pour statuer sur l’inquiétude de la défense, la Cour s’est déclarée « incompétente ». Une réponse qui ne satisfait pas les avocats des accusés qui soulignent qu’ils « ne demandent pas à la Cour de statuer sur sa compétence mais sur la non-conformité » de sa composition.
Accusés pour « complicité d’homicide volontaire, coups et blessures volontaires » pour avoir participé le 21 octobre 2014 à un Conseil des ministres extraordinaire, M. Tiao et les membres de son gouvernement II ont été mis en accusation devant la Haute Cour de Justice, par le Conseil national de Transition par la résolution n°29-2015/CNT du 16 juillet 2015.
Le 21 octobre 2014, le Conseil des ministres a autorisé l’examen du projet de la modification de la Constitution qui a été introduit à l’Assemblée nationale. Cette révision devrait permettre à l’ex-président Blaise Compaoré de se représenter pour un cinquième mandat.
L’examen de ce projet qui devait se tenir le 30 octobre 2014 a été empêché par des manifestants qui ont brûlé par la suite l’Assemblée nationale et obligé M. Compaoré à démissionner le 31 octobre et à s’exiler en Côte d’Ivoire.
Daouda ZONGO