Le secteur minier au Burkina Faso est de nos jours confronté à l’épreuve du contexte sécuritaire auquel fait face le pays des Hommes intègres depuis 2015. Dans le but d’apporter une réponse à cette préoccupation, le Conseil burkinabè des Mines, de la Géologie et des Carrières (CBMGC), en partenariat avec le site d’information Mines Actu ont organisé, le vendredi 18 novembre 2022, à Ouagadougou, une conférence publique autour du thème: «Le secteur minier face au défi sécuritaire: Etat des lieux et perspectives».
Se positionnant tel que «une force de réflexion qui vise la conciliation des intérêts des investisseurs, des communautés locales et de l’Etat», comme l’a fait savoir Richard Tiéné, le représentant du président du Conseil burkinabè des Mines, de la Géologie et des Carrières, Rasmané Sawadogo, cette association professionnelle et apolitique, a tenu le vendredi 18 novembre 2022, un panel sur les défis auxquels fait face le secteur minier, qui se veut un cadre d’échange et de partage entre plusieurs acteurs afin de proposer des recommandations au gouvernement.
Depuis 2015, le Burkina Faso est confronté à des attaques armées. Cette situation d’insécurité impacte le secteur minier dont l’apport au développement socio-économique burkinabè reste important depuis 2009.
Le contexte sécuritaire critique complique le travail des entreprises miniers au Burkina Faso. Selon le Directeur de publication de Mines Actu, Elie Kaboré, un des panélistes, six projets miniers ont été fermés du fait de l’insécurité et beaucoup de projets de recherche sont actuellement suspendus.
«Quand on calcule le manque à gagner, on se retrouve avec près de 2 400 emplois directs perdus et avec un manque à gagner en terme de recette pour le budget national de plus de 25 milliards F CFA», a dit M. Kaboré précisant que «cela ne prend pas en compte le manque à gagner pour les sous-traitants, pour les budgets des collectivités».
Cette question sécuritaire amène les entreprises minières à effectuer de gros investissements pour la sécurisation des sites miniers, le transport du personnel et du matériel, la sécurisation des convois. «Beaucoup de mines investissent dans la sécurité et dans le transport, surtout aérien avec le personnel et ça engendre d’énorme coûts et ça risque de se faire ressentir dans le paiement des impôts plus tard», a affirmé le panéliste Elie Kaboré.
Le Commissaire Principal de Police Harouna Gildas Bambara, directeur des opérations et de la prévention de l’Office national de sécurisation des sites miniers (ONASSIM), deuxième panéliste, qui s’est appesanti sur l’Etat des lieux de la crise sécuritaire sur le secteur minier, a laissé entendre qu’ «au-delà du contexte sécuritaire, les sites miniers vivent également d’autres problèmes qui leur sont spécifiques». «Concernant les sites miniers artisanaux, il s’agit notamment du financement du terrorisme, parce qu’il y a certains sites qui sont dans des zones sous emprise des groupes armés terroristes et nous soupçonnons donc ces groupes d’exploiter ces sites à des fins de terrorisme», a souligné le commissaire principal de police Bambara.
En plus, il a fait cas des accidents qui se produisent sur les sites miniers, notamment les «cas d’éboulements, de noyades, la cyanuration car beaucoup utilise le cyanure et le mercure sans oublier les explosifs qui en cas d’accident font également beaucoup de dégâts».
Les miniers sont également exposés à «des maladies rénales, pulmonaires, neurologiques et à des dermatoses sévères». «Il y a beaucoup de problèmes les concernant et pour trouver les solutions, il faut vraiment les sensibiliser beaucoup et ne pas mettre en avant seulement la répression», a conclu M. Bambara.
Pour les panélistes, la solution aux problèmes auxquels est confronté le secteur minier, se trouve au niveau du gouvernement. Ils ont recommandé l’organisation des états généraux ou des assises sur le secteur minier, l’intégration de la sécurisation des mines dans la stratégie globale de lutte contre le terrorisme, la définition d’une stratégie globale de sécurisation des sites et éviter de traiter au cas par cas, entre autres.
Selon les organisateurs, les recommandations issues de cette conférence publique, seront reversées au gouvernement en vue d’aider au solutionnement du problème auquel est confronté le secteur minier.
Par Daouda ZONGO