Le Burkina Faso organise des élections législatives le 22 novembre 2020. Après plusieurs revendications sous diverses formes en vue d’interpeller les autorités du pays sur les préoccupations que vivent les populations de la province du Noumbiel, des jeunes de Batié, dans le Sud-Ouest du Burkian, qui considère que leur commune est « délaissée », ont proposé Yacouba Camara comme leur candidat pour les législatives dans l’espoir d’amorcer un véritable développement de cette partie du Burkina. Dans cet entretien que le candidat du Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR, opposition), a accordé à Wakat Séra, M. Camara, nous éclaire sur ses motivations, sa stratégie de campagne, les véritables préoccupations de la province du Noumbiel et les raisons de son engagement auprès du MCR, parti de l’ex-ministre de la Culture, Tahirou Barry.
Wakat Séra : Comment présentez-vous aux yeux de nos lecteurs ?
Yacouba Camara : Moi c’est Yacouba Camara, candidat du Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR) pour le compte du Noumbiel, chef-lieu Batié, la commune qui m’a vu naître et grandir avec ses réalités. Je suis professeur d’Anglais. Par ailleurs, co-fondateur et président de la JESEN (Jeunesse Scolaire et Estudiantine du Noumbiel) de 2004-2008. J’ai aussi été président de la Coordination des Jeunes du Noumbiel entre 2014 à août 2020. Maintenant je suis un simple membre actif de l’association.
Qu’est-ce qui a motivé le professeur d’Anglais à s’engager sur le terrain politique ?
Les raisons de mon engagement politique sont pratiquement les mêmes que celles qui ont motivé mon engagement associatif. Il s’agit de façon résumée de participer à la construction et à l’épanouissement de la communauté dans laquelle je suis. Mais mon engagement en politique est encore motivé par l’incapacité et le manque de vision de nos élus du moment, composés en majorité de la vieille classe politique, à s’occuper des questions les plus urgentes de la province.
Comme vous le savez, à travers ma brève présentation ci-haut, je suis à la veille citoyenne depuis que je suis étudiant. Et quel que soit l’élu ou le parti politique, avec certains camarades, nous avons toujours apporté notre soutien pour le développement de notre province. Nous faisons des propositions afin de leur faciliter la tâche. Mais force est de constater qu’il est difficile de construire un intérêt général avec en face de vous beaucoup de gens qui ne voient que leur intérêt personnel.
Quelles sont les préoccupations de votre province, le Noumbiel ?
Des préoccupations, si je dois tout citer, on ne se lèvera pas d’ici (rire). Oui, il en existe énormément, les problèmes, dans cette province qui semble même oubliés par les plus hautes autorités politiques du pays, et cela parce qu’on n’a pas un porte-parole digne de ce nom à l’Assemblée nationale. Pour résumer, il s’agit, entre autres, des questions d’autonomisation des femmes et des jeunes, de construction d’infrastructures routières, sanitaires, scolaires et sportives, de retenues d’eau et barrage, de gares routières et de questions d’emploi pour les jeunes.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à mener votre engagement politique auprès du MCR de l’ex-ministre de la Culture, Tahirou Barry ?
Mon choix pour le MCR et le candidat Tahirou Barry se justifie par de nombreuses raisons, parmi lesquelles, je citerai, tout d’abord l’homme lui-même qui pour moi est un modèle. Tahirou Barry, n’est plus quelqu’un à présenter au public, de par sa sagesse, sa vision éclairée des choses, son leadership et son ardeur au travail. Son passage à la tête du ministère de la Culture a convaincu les plus sceptiques de sa capacité à trouver des solutions aux problèmes de ce pays. Ensuite, il y a la vision du parti qui consiste à remettre le Burkina Faso sur orbite comme du temps de Thomas Sankara, c’est-à-dire repositionner le pays sur les chantiers de l’émergence. Aussi, le MCR se veut un cadre pour permettre à la jeunesse de s’exprimer, de s’affirmer et de prendre ses responsabilités afin de «réécrire» une autre page de son histoire.
Pensez-vous tirer votre épingle du jeu avec le MCR ? Quelle est votre stratégie pour convaincre vos militants ?
Biensûr qu’on tirera notre épingle du jeu. Et nous n’aurons pas besoin, comme stratégie, de mentir à qui que ce soit de l’état dans lequel se trouve le Noumbiel, une province avec beaucoup de potentialités mais abandonnée par le pouvoir central avec la bénédiction d’une classe politique locale sans vision ni repère. Il suffit juste de regarder autour de soi, les réalités dans lesquelles nous vivons. Notre avenir est pris en otage, il sera donc question d’inviter les gens en particulier la jeunesse à prendre conscience et à s’assumer pleinement et entièrement avec pour finalité la maîtrise entière de sa destinée.
Après tout cela, qu’est-ce qui, pour vous, doit être inscrit dans l’ordre des priorités et de l’urgence ?
La priorité des priorités, comme nous aimons le dire chez nous dans le Noumbiel, c’est le réseau routier. Quand on connaît l’histoire de Batié, son chef-lieu, et sa position géographique de la province (frontière entre le Ghana et la Côte d’Ivoire), ça crée une frustration de savoir qu’on n’a même pas un morceau de bitume. Pire pour nous quand on veut avoir accès aux autres communes. Cela relève d’un véritable parcours de combattant. Bref, dans l’ordre des priorités, la question des infrastructures routières est la plus urgente pour véritablement connecter la province au reste du Burkina. Le bitumage de l’axe Gaoua-Batié, Batié-frontière Côte d’Ivoire et Batié-frontière Ghana surtout, doit impérativement être résolu dans de plus bref délai pour soulager les populations de cette partie du Burkina riche en atouts économique, culturel et historique.
On dit de vous, quelqu’un de très engagé pour sa province. Pouvez-vous revenir sur des actions concrètes que vous avez menées pour l’épanouissement de Batié ?
Je dirai que cela était plus visible quand j’étais le président des jeunes, mais je dirai que je ne suis pas le seul dans ces œuvres. Il y a plusieurs autres jeunes engagés de la diaspora comme à la base, que je salue au passage ; et c’est ensemble que nous avons mené et continuerons à mener ces actions pour le rayonnement du Noumbiel. Comme exemple avec la JESEN, nous avons développé le Maracana dans la province, mené des actions caritatives au Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) et dans les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), des journées de sensibilisation et salubrité, et de reboisement. A la coordination c’était beaucoup plus sur la veille citoyenne et parfois avec des manifestations quand on n’était pas écouté. Voilà entre autres des marques de mon engagement pour ma ville natale, Batié.
Par Bernard BOUGOUM
