Le public de la ville de Tenkodogo, a communié, pendant plus de quatre heures, dans la nuit du samedi 4 novembre 2023, avec les artistes burkinabè dont Alif Naaba, Malika la Slameuse, Fleur, Kayawoto, Pamika, Hugo Boss et Zahara, qui ont uni leurs voix pour la paix. Ce concert géant tenu sur la Place de la Nation du chef-lieu de la région du Centre-Est burkinabè s’inscrit dans le cadre du projet « Nos voix pour la paix » qui mène des actions de sensibilisation afin d’amener les populations à travailler à la cohésion sociale, au vivre-ensemble et à la réconciliation nationale.
La ville de Tenkodogo a accueilli la troisième étape de la caravane « Nos voix pour la paix », un projet artistique porté par Alif Naaba, le « Prince au pieds nus », en collaboration avec plusieurs autres grandes voix de la musique burkinabè. La manière pour Alif Naaba et ses amis artistes de prêcher pour la paix. Ils vont auprès des populations à travers les quatre coins du pays, par diverses actions, notamment la tenue de huit concerts géants dans huit villes du Burkina qui fait face à une situation sécuritaire difficile depuis maintenant huit ans.
Des milliers de personnes, vieux, femmes et jeunes, ont pris d’assaut la Place de la Nation de Tenkodogo où était dressée le géant podium d’animation venu spécialement de Ouagadougou, pour leur permettre de vivre une soirée inoubliable. Les spectateurs ont, en effet, vécu un spectacle son, couleurs et lumière, grandiose, le tout accompagné des messages de sensibilisation sur la paix que chaque artiste avec sa formule originale leur a passés. Tour à tour, des artistes de Tenkodogo, Zahara, Malika la Slameuse, Alif Naaba, Hugo Boss, Fleur, Pamika et Kayawoto qui étaient en terrain conquis, ont mis le « feu » comme on le dit dans le jargon du showbiz, pour faire comprendre à leur public qu’il n’y a rien de «merveilleux» que la paix dans un pays.
Pour ces musiciens, tout comme d’autres engagés pour la paix qui vont sillonner huit villes du Burkina Faso, chaque Burkinabè doit faire de la culture de la paix, sa première priorité afin que le Burkina Faso retrouve sa quiétude d’antan. La culture, notamment la musique, prend, avec ces artistes engagés, la forme d’une bombe atomique qui va détruire l’extrémisme violent.
Le projet « Nos voix pour la paix est une très belle initiative car le président de la transition (Ibrahim Traoré) avait demandé que chacun participe à sa manière dans cette lutte. C’est vraiment une très belle expérience. Les artistes ont démontré qu’ils peuvent apporter de la joie dans les cœurs des populations. Et en plus, il y a le message de la paix qu’ils véhiculent qui est très important et c’est ce dont on a besoin actuellement », a apprécié le gouverneur de la région du Centre-Est, le colonel Aboudou Karim Lamizana.
« Population de Tenkodogo, vraiment je suis très content, très fier de vous. Vous êtes sortis nombreux et cela pour montrer à l’ennemi que vous êtes une population résiliente et pour que la paix revienne rapidement au Burkina Faso. Merci beaucoup d’être sortis massivement pour accompagner les artistes », a lancé depuis le podium où il a été invité à dire un mot aux spectateurs, le colonel Lamizana qui a ajouté que « l’étape de Tenkodogo est vraiment une réussite totale ».
L’ancien ministre de la Culture, ressortissant de la région du Centre-est, Abdoul Karim Sango, était un des invités d’honneur à cette sortie. Pour lui, la forte mobilisation des populations pour faire le show avec les artistes, est « un grand message » adressé aux ennemis du Burkina Faso qui le combattent.
« Votre grande mobilisation ce soir signifie que vous aspirez et croyez à la paix. Vous donnez un grand message, à ceux qui pensent qu’au Burkina, on passe le temps à pleurer. Vous dites que nous sommes un peuple de paix qui n’aspire qu’à la paix. Partez et vivez la paix au quotidien », a déclaré M. Sango.
Le porteur du projet « Nos voix pour la paix », Alif Naaba, de son vrai nom, Noura Mohamed Kaboré, a exprimé sa satisfaction pour cette étape de la caravane. « Nous sommes très heureux de l’étape de Tenkodogo. Je voudrais dire que Tenkodogo, ça a été fou. On a eu l’impression que toute la ville s’est déplacée pour le concert de ce soir avec une jeunesse debout pour la paix », a affirmé le « Prince aux pieds nus » qui a remercié les autorités administratives notamment le gouverneur et aussi la Cour royale du Zoungran-Tenga, sa Majesté le roi Tenkodogo, Naaba Guiguimpolé en tête.
Pour Alif Naaba, Tenkodogo est en train de battre des records vu la mobilisation de la soirée. « Ce qui est intéressant dans cette tournée, c’est que nous constatons que la jeunesse est prête à tout pour embrasser la paix, pour le vivre-ensemble. Tenkodogo est un grand carrefour où se rencontrent beaucoup de communautés et elles étaient toutes là à ce concert », a affirmé Alif Naaba.
« C’est pour ça que je pense que c’est un symbole qui démontre que la dynamique dans laquelle nous sommes est très bonne et je remercie Dieu pour tout », a poursuivi l’initiateur de « Nos voix pour la paix », soulignant que cette tournée apporte indubitablement une valeur ajoutée car « elle montre que les villes que nous visitons sont fréquentables ».
Avec le chef et les élèves
Avant le spectacle de la nuit, la délégation des artistes conduite par les promoteurs du projet, ont rendu une visite de courtoisie à sa Majesté Naaba Guiguimpolé à son Palais-Royal. Le roi de Tenkodogo leur a fait des bénédictions et prodigué des conseils pour une réussite l’activité. Pour lui, le musicien est un médiateur qui a cette magie de recoudre les cœurs dans les plus grandes crises et parvenir à ce que les ennemis puissent vivre ensemble à nouveau et oublier le passé.
Après cette visite, Alif Naaba et sa délégation, ont rencontré des jeunes élèves pour échanger autour de la thématique de la paix. « Chez nous les musiciens, il n’y a pas de division. C’est le message qu’on veut véhiculer. Un musicien a des fans dans toutes les sensibilités sociales. Alors quoi de plus normal qu’ils donnent leur voix pour rapprocher les Burkinabè et les inviter à porter les mêmes aspirations, les mêmes combats, le même idéal », a indiqué Alif Naaba qui a invité les élèves à cultiver et être des vecteurs de paix partout où ils seront.
A noter que le projet « Nos voix pour la paix » est soutenu par l’Union européenne (UE).
Par Bernard BOUGOUM