Le secrétaire exécutif du Centre de Recherche appliquée en Finance publique (CERAFP), Hermann Doanio a déploré ce vendredi 7 mai 2021 qu’au Burkina, « les dépenses courantes absorbent 67% du budget rectifié », lors d’une conférence publique sur l’analyse citoyenne du projet de loi de finances rectificative 2021, à Ouagadougou.
Le budget du Burkina Faso va être réexaminé pour prendre en compte les doléances des différents départements ministériels en vue de satisfaire les préoccupations des populations. Cette conférence publique est une initiative conjointe du Secrétariat Permanent des Organisations Non Gouvernementales (SPONG) et du Centre de Recherche appliquée en Finance publique (CERAFP).
Cette communication publique s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet de « renforcement du contrôle citoyen des politiques publiques par les OSC pour une gouvernance favorable aux populations du Burkina Faso ».
Dans sa communication, le secrétaire exécutif du CERAFP a ressorti plusieurs pans du budget qui montrent que le budget révisé n’accorde pas une place prépondérante aux investissements. « Les dépenses courantes absorbent 67% du budget rectifié contre 33% pour les dépenses d’investissements », a relevé M. Doanio qui a appelé « le gouvernement à réduire son train de vie au profit de l’investissement ». Il a surtout regretté que les ministères de la Santé et de l’Education « n’investissent pas beaucoup ».
Dans l’ensemble, à l’écouter, la fiscalité, « actuellement pèse beaucoup sur les plus pauvres ». Pire, pour le secrétaire exécutif du CERAFP, « l’ensemble des ressources propres de l’Etat sont consommées à 52% par les dépenses du personnel ». Cela, pour lui, s’explique parce que le « gouvernement a des ambitions de recouvrements en deçà du potentiel fiscal ».
Aussi, il a estimé que des aspects sont à améliorer dans la partie recette. C’est pourquoi il a souhaité que le gouvernement mette l’accent sur la taxation du patrimoine car, a-t-il mentionné, « le gouvernement n’a pas encore pris la mesure de la taxation du patrimoine qui représente 2% du budget ». Dans cette même veine des capacités de recouvrement du gouvernement, il a également demandé que l’Exécutif fasse en sorte que la Taxe à Valeur Ajoutée (TVA) soit progressive. A le suivre, le gouvernement doit « définir la TVA selon la valeur du bien qu’il soit un bien de nécessité ou de luxe ».
Hermann Doanio a souhaité un « accroissement des ressources budgétaires en faveur de la protection sociale pour une meilleure prise en charge des couches vulnérables ». L’orateur du jour s’est aussi prononcé sur la politisation de l’Administration publique. Sur ce sujet, il a recommandé de « dépolitiser l’administration publique pour en faire une administration de service en lieu et place d’une administration de commandement ».
Par ailleurs, le conférencier principal a demandé de même que les autorités prennent en compte la réconciliation nationale en mettant l’accent sur « la vérité et la justice ».
Il a expliqué que cette conférence vise « à donner au public le contenu du projet de la loi de finance rectificative et essayé de voir dans quelle mesure l’Assemblée nationale va prendre nos recommandations en compte en faveur des populations ».
« En effet, depuis 2018, nous nous sommes engagés fermement à travers ce projet, à construire durablement la participation citoyenne et les capacités d’influence de la société civile dans tous les processus de développement dans un souci permanent d’accompagner la redevabilité aussi bien à l’échelle nationale que locale », a déclaré Pierre Omer Ouédraogo, chargé de programme et de la mobilisation des ressources, ajoutant que « conscients qu’un budget national inclusif est gage d’un développement soutenable, le CERAFP a produit un document d’analyse citoyenne du budget national appelé budget alternatif ».
Ce budget alternatif selon lui, « est le regard citoyen du budget proposé par le gouvernement. Après validation du budget alternatif, le SPONG offre au CERAFP un espace communicationnel à travers l’organisation de cette conférence publique et bien d’autres activités connexes pour leur permettre de partager avec la population du Burkina Faso, les conclusions de cette analyse citoyenne du budget », a continué M. Ouédraogo qui a noté que pour l’année 2021 en particulier, le travail de cette analyse citoyenne a porté sur « le projet de loi de finances rectificative dans un contexte national difficile sur le plan sanitaire et sécuritaire, et marqué par l’élection du nouveau gouvernement au début de l’année 2021 ».
« Nous allons approcher les autorités, l’Assemblée nationale et le gouvernement pour porter le budget qui sera proposé et ensuite on va l’expliquer afin qu’il soit bien connu par toute la population pour qu’on ait beaucoup plus d’efficience dans l’exécution budgétaire », a conclu Pierre Omer Ouédraogo.
Outre les résultats de cette analyse citoyenne, cette conférence entend recueillir, selon ses organisateurs, les suggestions, avis et recommandations des participants dans l’optique de consolider la gouvernance des finances publiques pour le bien-être de la population du Burkina Faso.
Par Bernard BOUGOUM