Pour l’Alliance Ensemble pour le Faso, à travers cette déclaration, « au-delà des drames de Inata et de Seytenga, les enquêtes devraient être systématiques à chaque fois qu’une attaque est commise sur notre territoire, qu’il y ait victime ou pas ».
Alliance Panafricaine pour la Refondation (APR-Tilgré), Mouvement SENS, Parti pour la Renaissance Nationale (PAREN), Parti pour la Démocratie et le Socialisme (PDS), Progressistes Unis pour le Renouveau (PUR).
DECLARATION SUR LA SITUATION NATIONALE RELATIVE AUX EVENEMENTS DE SEYTENGA
Depuis quelque temps, les assauts terroristes sur les positions de nos forces de défense et de sécurité (FDS) et sur les populations civiles s’intensifient. Ainsi, le jeudi 9 juin dernier, le poste de gendarmerie de la ville frontalière de Seytenga a subi une attaque qui a couté la vie à 11 gendarmes . Pourtant le spectre d’une telle attaque avait déjà sévit la veille, soit le 08 juin, où une incursion terroriste dans la même ville avait déjà couté la vie à trois civils.
Le 10 juin, les ratissages des renforts venus de Dori ont permis de récupérer les corps des défunts gendarmes. Malheureusement, le même jour, toutes les forces de défense ont quitté Seytenga pour rejoindre Dori, suivi peu après par une partie de la population civile apeurée, craignant pour leurs vies. Le 11 juin, la furie meurtrière des terroristes s’est abattue sur la ville laissée à elle-même. Durant toute la nuit, ces hommes sans foi ni loi, se sont adonnés à des exactions d’une barbarie inqualifiable. Pendant que le bilan officiel évoque quatre-vingt-six (86) morts, des ressortissants de la localité placent le bilan bien plus haut, tout comme ce fût le cas à Madjoari et à Gorgadji quelques semaines auparavant. Loin d’être une obstination par un décompte macabre, car notre humanisme nous dicte que chaque vie de perdue en est une de trop, il s’agit ici de respect envers les familles des victimes, afin de leur permettre de faire le deuil. Il s’agit aussi de la crédibilité de nos institutions.
Comme si tout cela ne suffisait pas, le 12 juin, c’est le détachement des CRS basé à Yakouta qui subissait une attaque. Le bilan à ce jour fait cas de 5 morts et 1 porté disparu.
Face à ces récurrentes attaques qui endeuillent la Nation entière, nous présentons nos sincères condoléances à toutes les familles éplorées, et souhaitons prompt rétablissement aux blessés. Tout en réitérant notre soutien ferme aux FDS et aux VDP sur le champs des opérations, nous prions pour le retour sain et sauf du fonctionnaire de la CRS pour lequel nous sommes toujours sans nouvelle.
Les évènements de Seytenga nous laissent perplexes. En effet, comment comprendre la lenteur de la réaction de notre armée, quand on sait que Dori est à 40 km de cette localité. Plus grave encore, comment comprendre le départ de toutes les forces de défense et de sécurité, y compris celles qui étaient venues le même jour en renfort. Il n’en fallait pas plus pour que les terroristes déversent leur furie sur des populations sans défense. Ceci est un abandon pur et simple d’une population en danger qui dépasse l’entendement, et les auteurs de cet abandon doivent répondre de leurs actes
Et comme si le malheur de population le laissait de marbre, le Gouvernement, à travers son porte-parole, semble attribuer ces attaques à un manque de collaboration des populations avec les forces de défense. En effet, dans sa réaction à la suite de ces évènements, alors que les corps gisaient encore dans la ville, celui-ci affirme que les terroristes ont fait deux heures de temps dans la localité avant l’attaque de la gendarmerie sans que les populations n’aient alerté les FDS. Cette sortie est regrettable et mensongère quand on sait que la veille de cette attaque, des civils ont été tués dans cette même ville, et que cela devait servir d’alerte. Mais étant donné que ce porte-parole appartient à un gouvernement qui s’est inscrit dans une communication mensongère, on peut se dire qu’il est dans sa logique.
Lors de sa sortie à Seytenga et Dori le 15 juin, le Chef de l’État a réaffirmé son engagement « à traquer, à dénicher et à mettre hors d’état de nuire tous les auteurs de ces crimes odieux ». Faut-il saluer cet énième engagement ? Il est permis d’en douter car, après son départ, toutes les forces de défense et de sécurité ont plié bagages, abandonnant encore les populations à leur triste sort. Pire, les terroristes seraient revenus tenir leur discours au même endroit où le le chef de l’Etat a délivré son discours. Ils ont encore pillé des biens et enlevé des personnes vers des destinations inconnues.
Au regard de tout ce qui précède l’Alliance Ensemble pour le Faso exige des mesures fortes et immédiates afin de sécuriser ces populations meurtries, ainsi que l’ouverture d’une enquête indépendante sur les évènements malheureux de Seytenga. En effet, il est plus que jamais nécessaire d’élucider les circonstances de l’attaque du poste de gendarmerie, la réaction tardive des renforts, le départ des secours et des FDS, et enfin, la réaction encore tardive pendant que les populations étaient en proie sans défense face aux terroristes.
Il est à rappeler que lors de nos déclarations précédentes, nous avons demandé la publication du rapport d’Inata. Notre objectif, tout comme dans ce cas de Seytenga, est de permettre d’identifier les failles qui ont conduit à ces pertes en vies humaines, et aussi de situer les responsabilités, afin de prémunir le pays, une fois pour toute, contre ce genre d’attaques.
Au-delà des drames de Inata et de Seytenga, les enquêtes devraient être systématiques à chaque fois qu’une attaque est commise sur notre territoire, qu’il y ait victime ou pas. Notre conviction est que, si nous avions appris de nos erreurs dans les différents drames qui nous ont frappé depuis 2015, nous serions mieux préparés à faire face à l’hydre terroriste, et nous aurions épargné plus de vies humaines.
Notre Alliance exige aussi la dotation de tous nos FDS en moyens adéquats pour mener cette guerre. En effet, le problème de la faiblesse des moyens mis à disposition des FDS a longtemps été évoqué. Le sentiment général est que, après le coup d’État du 24 Janvier et la prise du pouvoir par le MPSR afin de restaurer l’intégrité du territoire, les FDS avaient maintenant les leviers en main pour répondre à cette question. Notre surprise fut très grande, tout comme notre déception, à la lecture des propos du Chef d’État-Major de la Gendarmerie Nationale, réclamant des moyens pour permettre à son corps de mener à bien cette guerre. Cela d’autant plus que les burkinabé ont consenti d’énormes sacrifices financiers afin de renforcer les capacités de nos FDS et pas seulement une composante d’entre elles.
Enfin, dans la foulée des audits lancés par le Gouvernement, l’Alliance Ensemble pour le Faso attend que celui sur l’utilisation des fonds destinés aux FDS vienne rassurer les populations.
L’heure est grave et notre Patrie semble basculer au quotidien. Il est plus que jamais temps de prendre conscience de la valeur des vies qui sont abandonnées à leur triste sort. Le moment nous demande certes de la pudeur. Mais il nous exige aussi le réveil, un sursaut d’orgueil, car aucune Nation ne saurait continuer de vivre pendant que ses filles et fils sont lâchement tués.
Nous interpellons le gouvernement sur sa responsabilité, encore une fois, à protéger la vie et les biens de chaque burkinabè, où qu’il se trouve. C’est la survie même du Burkina Faso qui en dépend.
La Patrie ou la mort, nous vaincrons !
Pour l’Alliance ENSEMBLE POUR LE FASO
Aziz DIALLO
Président du mois