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Burkina: pourquoi la hausse des prix des produits de grande consommation?

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Des céréales exposées pour la vente (photo d'illustration)

Le ministre burkinabè en charge du Commerce, Serge Poda, était, ce mardi 7 janvier 2025, face aux députés à l’Assemblée Législative de Transition (ALT) pour donner des explications sur la hausse permanente des prix des produits de grande consommation.

Suite à une question orale soulevée par le député Kanibè Tuina, le gouvernement s’est expliqué à l’Hémicycle, ce mardi 7 janvier 2024, sur l’inflation généralisée au Burkina Faso qui se caractérise surtout par une flambée des coûts des produits de première nécessité. En effet, le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Serge Gnaniodem Poda, a répondu à la question de l’Honorable et de ses collègues sur la vie chère que vivent les populations.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, le ministre en charge du Commerce, a situé les membres de l’Assemblée Législative de Transition (ALT) sur les modalités de fixation des prix des produits de première nécessité face à «la hausse permanente» des prix desdits produits ainsi que les mesures prises par le gouvernement pour empêcher la flambée des prix sur le marché.

Le burkinabè en charge du Commerce, Serge Poda

«A l’instar de la quasi-totalité des pays au Sud du Sahara, le Burkina Faso connait ces derniers temps une hausse des prix de certains produits de grande consommation notamment le riz, l’huile alimentaire, le sucre, le lait, la farine de froment, le pain etc. Cette hausse des prix est due à des facteurs aussi bien endogènes qu’exogènes», a fait noter M. Poda.

Voilà les causes de l’augmentation anarchiques des produits de première nécessité

Par la suite, le ministre du Commerce a fait l’état des causes inhérentes à la hausse des prix des produits de grande consommation. Il a expliqué aux Représentants du peuple que la situation est causée par deux facteurs qui sont d’ordre endogène et exogène. Entre autres facteurs endogènes, «on peut citer les effets de la crise sécuritaire sur la production dans certaines zones qui a joué sur la disponibilisation d’un certain nombre de produits de grande nécessité dans les régions. Il y a aussi les difficultés d’accès à certaines zones à fort défis sécuritaires dans le cadre de l’approvisionnement de ces zones», a-t-il affirmé.

A cela s’ajoute «le non-respect de la règlementation par certains commerçants véreux se traduisant par la non délivrance de factures conformes ou normalisées, le non-respect des taux de marge ou taux de marque bloqués et le non-respect des prix, du poids, de la qualité et de la publicité des prix des produits de grande consommation définis par voie règlementaire», a-t-il poursuivi, soulignant également «la rétention des céréales locales par certains producteurs et/ou commerçants notamment, le niébé, le maïs, le sorgho et le mil à des buts de spéculation (et) les sorties frauduleuses des céréales malgré les mesures de suspension prises par les autorités».

Produits vivriers

« Nous avons souligné aussi qu’au plan national, il y a des comportements malsains de certains acteurs de la chaîne de commercialisation et de production qui ne respectent pas la réglementation en matière de fixation de prix pour les produits de grande consommation», a-t-il insisté face à la presse à la fin de la séance.

Au titre des facteurs exogènes, il a indiqué qu’ils sont essentiellement liés à l’importation des marchés internationaux de certains produits d’importance capitale pour les consommateurs burkinabè comme le riz ou l’huile qui ont subi des augmentations de prix à l’internationale en lien avec la cherté des transports notamment maritimes. «La dépendance de notre pays vis-à-vis de l’extérieur, c’est-à-dire l’importation constante et considérable (volume) des produits de grande consommation (et) la restriction des exportations des produits de grande consommation par certains pays au profit de leurs consommations intérieures comme c’est le cas actuellement pour le riz et l’huile ; ce qui entraine un déficit desdits produits sur le marché national et par voie de conséquence une flambée de leurs prix», a-t-il fait observer, en y voyant un lien aussi avec «l’évolution du coup du francs CFA par rapport à certaines devises internationales».

Il y a aussi que dans «certains pays fournisseurs des produits, le mauvais déroulement de la campagne agricole dans ces pays qui a amené ces pays à prendre des mesures restrictives d’exportations à destination des pays comme le nôtre», a-t-il souligné au sortir de l’Hémicycle.

Le député Kanibè Tuina

Les actions du gouvernement pour lutter contre l’inflation injustifiée de certains produits

Face à ces facteurs, le gouvernement a pris des mesures. «C’est d’abord le renforcement du contrôle. Nous avons procédé ces derniers moments à des contrôles chaque jour, de toutes les structures marchandes des différents opérateurs sur toute la chaîne d’approvisionnement, les grossistes, les semi-détaillants, les détaillants, pour vérifier le caractère licite des prix de revient des marchandises, que ça soit importés ou produits au plan national, et donc, conclure sur les prix de vente au consommateur », a énuméré Serge Poda.

«Nous avons constaté des faits malheureusement nombreux de non-respect de la réglementation pour lesquelles nous avons pris des décisions, nous avons infligé des sanctions pécuniaires, mais aussi très drastiques, allant même à la fermeture de certaines structures commerciales», a soutenu le ministre du Commerce qui a souligné aussi entre autres actions engagées au plan national qui sont «très structurelle» en rapport avec des initiatives dont «l’offensive agrosylvopastorales et halieutique afin donc d’influer sur l’offre nationale».

Une vue de l’Hémicycle burkinabè

Pour lui, «l’augmentation de la production agricole, des matières premières qui rentrent en ligne de mire de la production aussi de certains types de produits finis tel que l’huile et donc toutes ces initiatives engagées par le chef de l’Etat qui de façon structurelle en moyen et long terme viendra d’une manière ou d’une autre permettre donc de satisfaire les besoins de consommation dans ces produits-là et réduire donc les importations et ne plus être victimes d’une sorte d’inflation importée de l’extérieur».

Quel comportement doit adopter le Burkinabè face à la situation ?

Le ministre Poda, a invité chaque citoyen, à son niveau, à être un contrôleur, un vérificateur des prix et la qualité des produits. «Lorsque vous constatez une augmentation exagérée de certains produits de grande consommation qu’on nous saisisse afin qu’on puisse engager les services et les structures qui siéent pour qu’ils puissent venir faire les contrôles d’usage et prendre les décisions en la matière ou des sanctions ou tout simplement retirer les agréments à ces acteurs pour qu’ils ne puissent plus exercer cette profession de commerçants, car n’étant pas patriote dans les faits», a-t-il martelé.

Le ministre du Commerce a assuré les membres de l’ALT que la tendance des prix des produits de grande consommation est baissière. «La production céréalière a connu un bond remarquable cette année. Nous sommes à plus de six millions de tonnes. Par rapport à l’année passée, nous avons fait une progression de plus de 900 000 tonnes. Donc, l’arrivée sur le marché de cette nouvelle récolte joue donc sur l’offre et par conséquent sur les prix de ces produits», a-t-il appuyé ses propos.

«Vous avez aussi les autorisations que nous avons données à certains acteurs afin que des importations beaucoup plus importantes puissent se faire pour certains produits pour lesquels nous avons toujours besoin malheureusement de l’extérieur pour nous approvisionner», a-t-il complété, enchaînant que l’effet des contrôles «se sont accentués ces derniers moments et qui vont se poursuivre» car le gouvernement «est dans une campagne de contrôle qui ne va plus s’arrêter».

Pour les interpellations et les dénonciations pour tout constat ou situation suspecte, le ministère du Commerce a disponibilisé des numéros de téléphones fonctionnels 24H/24. Il s’agit des numéros verts suivants: « 80-00-11-80 ; 80-00-11-85 et 80-00-11-86».

Par Bernard BOUGOUM