Accueil A la une Burkina: les nouvelles autorités ont-elles réussi leur coup auprès de la CEDEAO?

Burkina: les nouvelles autorités ont-elles réussi leur coup auprès de la CEDEAO?

0
Une vue de président des pays membres de la CEDEAO (photo d'illustration)

Dans un communiqué, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) annule la visite d’une délégation composée du président de la République du Ghana, président en exercice, Nana Akufo-Addo, et du président de la République du Niger, Mohamed Bazoum, au Burkina Faso qui était prévue le jeudi 3 mars 2022. Cette annulation intervient après la signature de la Charte constitutionnelle de la Transition qui accorde trois ans aux nouvelles autorités du Burkina Faso. Même si une délégation ministérielle se rendra à Ouagadougou dans les prochains jours, tout porte à croire que la CEDEAO est sous les charmes du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) qui a renversé Roch Kaboré. C’est dire donc que les trois ans de la Transition passent au niveau de l’institution supra-nationale, déjà qu’elle n’avait pas imposé de sanction au Burkina Faso, en dehors de la suspension du pays et de la traditionnelle condamnation de principe, sans effet véritable, suite au coup d’Etat du 24 janvier.

Tout cela donne à penser que le Burkina Faso sera, peut-être, plutôt traité comme le Tchad, par la communauté supra-nationale et/ou internationale que comme le Mali. Est-ce à cause des cinq ans, jugés trop, demandés par la bande à Assimi Goita ou du fait que depuis des mois, ça ne sent pas la rose entre le Mali et la France et co? En tous les cas, trois ans, ça semble plus passer! Ou c’est parce que la CEDEAO qui est en perte d’altitude ne veut pas ouvrir un autre front de contestation, déjà qu’elle est aux abois ? De toutes les façons, il est difficile de penser que c’est la manière dont le putsch du 24 janvier contre le pouvoir de Kaboré a été accueilli, sans opposition manifeste des populations, qui a orienté la réaction de la CEDEAO. Il en a été presque pareil avec le Mali.

Il faut le dire, de la même manière que le coup d’Etat du MPSR est passé dans les mailles du Conseil constitutionnel burkinabè, il est également en train d’être accepté par la CEDEAO. Cela risque de laisser pantois, les avocats de la défense dans l’affaire Thomas Sankara, dont le jugement est en cours, qui demandent de reconsidérer le chef d’accusation portant sur « l’atteinte à la sureté de l’Etat », qui pour eux ne passe pas sous un régime au pouvoir par un coup d’Etat. Et c’est le même Conseil constitutionnel qui a reçu la prestation de serment du lieutenant-colonel Damiba qui doit trancher! Mais ça c’est un autre coup ! Pour revenir à la CEDEAO, la succession des évènements porte à croire que les nouvelles autorités au Burkina Faso sont en passe de réussir leur coup auprès d’elle. Le « jeu de jambes » du MPSR qui a fait un coup d’Etat violant la Constitution, pour ensuite la rétablir, et après faisant un ATR (Appui tendu renversé, mouvement de gymnastique) roulé dans la « normalité », semble avoir embrouillé l’institution dirigée par le président du Ghana. Ou peut-être qu’elle (la CEDEAO) a compris que ses sanctions sont plus subies par les populations des pays concernés… Qui sait, si la Transition libère l’ancien président Kaboré, la CEDEAO n’aura plus rien à dire sur le cas burkinabè, puisque c’est seul ce qui semble la préoccuper.

Par Wakat Séra