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Burkina: les «Wayignans» mettent en garde les magistrats

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Les Wayignans marchant en direction du palais de justice du Tribunal de Grande Instance (TGI) Ouaga 1

Plusieurs centaines de «Wayignans», fervents soutiens de la transition au Burkina Faso, ont protesté, ce jeudi 22 août 2024, à Ouagadougou, contre la position de l’intersyndical des magistrats qui a dénoncé les réquisitions ayant ciblé certains de ses membres pour aller au «front». De la Place de la Nation, les manifestants ont marché en direction du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Ouaga 1 où ils ont remis une déclaration aux autorités du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Les fervents supporters de la transition burkinabè qui régulièrement apportent leur soutien indéfectible au capitaine Ibrahim Traoré, ont, une fois de plus, donné de la voix, ce jeudi 22 août 2024, à la Place de la Nation à Ouagadougou, pour mettre en garde, les syndicats des magistrats.

Les «Wayignans», surnom qu’ils se sont donnés, ont exprimé leur mécontentement vis-à-vis de l’intersyndicale des magistrats qui dans un communiqué diffusé le 15 août dernier, estime que les réquisitions à l’endroit de ses membres, ne sont rien d’autres que des «actes d’humiliation et d’intimidation» visant les acteurs du système judiciaire, qualifié de troisième pouvoir dans la République.

Après un meeting ayant rassemblé plusieurs centaines de personnes à la Place de la Nation, sous la houlette de la Coordination nationale des associations de veille citoyenne (CNAVC), les manifestants du jour ont marché de ce lieu au palais de la justice du TGI Ouaga 1, situé au Centre-ville de Ouagadougou pour remettre une déclaration de la faîtière des mouvements et associations de soutien à la transition débutée à la suite du coup d’Etat d’octobre 2022.

Les «Wayignans» sous la direction de la CNAVC expriment leur «vive préoccupation et (leur) ferme protestation à l’encontre du communiqué publié par l’intersyndical des magistrats en date du 15 août 2024 relatif aux réquisitions des magistrats», a déclaré leur porte-parole, Ghislain Dabiré, secrétaire général de la faîtière.

Une vue des marcheurs

La CNAVC, «ne peut rester silencieuse» face au communiqué de l’intersyndical qui «semble remettre en cause les fondamentaux» du système judiciaire burkinabè, a signifié M. Dabiré, estimant que le document de «l’intersyndical dans sa teneur et dans sa démarche présente un risque sérieux de saper l’autorité et la crédibilité de la justice de notre pays».

Après avoir expliqué la gravité de la crise sécuritaire qui «menace l’intégrité territoriale de la nation», le porte-parole des «Wayignans» a justifié les réquisitions des magistrats par le décret sur la mobilisation générale et la mise en garde qui donne la latitude aux autorités d’agir dans ce sens. «Nous avions constaté qu’à travers ce communiqué de l’intersyndical des magistrats, des frondeurs se sont dérobés d’une obligation morale», a-t-il relevé, ajoutant, à l’endroit des auteurs du communiqué qu’il appelle «magistrats non alignés», de se ressaisir, car les Wayignans «ne permettront à personne d’utiliser des manœuvres impopulaires tendant à ternir l’image de la justice».

«Nous dénonçons l’attitude et le chemin adoptés par l’intersyndical des magistrats qui à notre sens s’éloignent du devoir de réserve et de neutralité qui incombe à tout magistrat avec des conséquences potentielles graves pour la paix et la cohésion sociale», a soutenu Ghislain Dabiré qui a appelé aussi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) «à agir promptement et avec fermeté pour restaurer la confiance du peuple burkinabè à l’égard de son système judiciaire afin qu’elle fonctionne efficacement et dans le respect».

Il a invité «l’ensemble des magistrats qui rament à contre-courant des mesures de réquisitions à revenir à la raison tout en gardant à l’esprit, l’intérêt supérieur de la Nation», avant de compléter que les manifestants «exigent également l’adhésion de tous les magistrats à la nouvelle réforme du Conseil supérieur de la magistrature».

Le terme « Wayignan », une expression du terroir, notamment en langue mooré, signifiant littéralement « sorter sorter », est employé par les soutiens du capitaine Ibrahim Traoré pour sonner l’alerte de mobilisation.

Par Bernard BOUGOUM