Depuis hier mardi 19 avril 2022, une rumeur d’une rupture de carburant a créé un véritable remue-ménage dans la capitale burkinabè, où les stations de carburant étaient bondées de monde. Le directeur général de la Société nationale burkinabè d’Hydrocarbures (SONABHY), Pr. Alpha Oumar Dissa, avait alors expliqué que «la psychose de la pénurie peut être à l’origine même de la pénurie», en rassurant qu’ «il n’y a pas de problème de stock à la SONABHY et que dans les douze prochaines heures la situation va se normaliser progressivement». Selon un constat fait par Wakat Séra, le mercredi 20 avril, le lendemain de cette rumeur de pénurie, le carburant est en manque dans certaines stations à Ouagadougou, malgré l’assurance de la Nationale des Hydrocarbures. Lisez!
Il est 12h, et nous voilà à la Station OLA Energy, près du rond-point de la Bataille du rail! Tout y est calme, pas de pompistes encore moins de clients. Le poste à essence est lui-même encerclé par une cordelette, signifiant que la station n’est pas de service.
Nous approchons le sous-gérant qui nous accueille avec méfiance. Préférant garder l’anonymat, il nous explique que (leur) stock de carburant est épuisé depuis 10h. «Notre camion est allé s’approvisionner à la SONABHY pour une autre commande qui doit arriver incessamment», fait-il savoir, regrettant que les choses traînent à la source d’approvisionnement.
Selon notre interlocuteur, cette situation de rupture courante de stock est exacerbée par les rumeurs de pénurie qui courent à tort ou à raison. «Comme le carburant manque dans plusieurs endroits, dès que vous avez un stock, les clients se ruent vers vous et l’épuisent en peu de temps», explique-t-il.
Nous avançons à environ 1 km sur l’avenue Ouezzin Coulibaly et nous faisons le même constat à la Station Total située à gauche (en quittant le Théâtre populaire pour aller vers le palais du Mogho Naaba). Dans cette station, il n’y a pas de carburant. Les clients viennent et repartent, dépités.
«Hier on avait le carburant qui était toujours disponible jusqu’à ce matin», nous notifie un des pompistes qui nous a accueilli. Ce dernier avance qu’avec la rumeur de pénurie, les clients viennent nombreux pour faire, chacun, le plein de son véhicule à quatre ou deux roues. «C’est ce qui a causé la rupture chez nous», conclut-il, avant de confier qu’ils sont en attente d’une commande qui devrait arriver dans deux ou trois heures.
A la Station Petrofa, qui est située à 300 m de Total, nous assistons à un défilé des clients, qui sont déçus de n’avoir pas pu s’approvisionner. Pour cause, le stock de carburant à Petrofa est lui aussi épuisé et ce depuis le matin. La cheffe gérante, qui a requis l’anonymat, affirme que le carburant qui a été épuisé est venu dans la soirée du 19 avril aux environs de 17h 30.
«Nous sommes quasiment les seuls dans la zone à avoir de l’essence. Ce qui a fait que notre stock n’a pas duré, car il y a de l’affluence et chacun veut faire le plein de son réservoir», note-elle. Elle rassure que les prix n’ont pas changé à leur niveau malgré ce contexte marqué par une forte demande, confiant que le litre d’essence est vendu à 615 F CFA.
Pour la gérante en chef de la Station Petrofa, il n’est pas question de livrer du carburant aux clients qui apportent de gros bidons de 20 litres et plus. Elle estime que ce sont des revendeurs qui profitent de la situation de rupture pour faire de la spéculation. «Ce sont des gens qui vont revendre le litre, souvent à 1 000 voire 1 500 F CFA», juge-t-elle. «Nous n’allons pas permettre aux gens de voler nos clients», tranche-t-elle.
Elle déplore le fait que les commandes traînent au niveau de la SONABHY. Si elle avoue ignorer les vraies raisons, elle note que cela peut être lié à la forte demande en son sein.
Par Siaka CISSE (Stagiaire)