Dans cet écrit, le député Moussa Zerbo « attire l’attention de l’opinion publique et des décideurs sur les énormes risques que le mauvais état de la route Ouaga-Bobo fait courir à la fois aux populations, aux transporteurs et à l’économie nationale ».
En février 2018, je publiais une tribune sur la situation de l’économie bobolaise, un cri de cœur en faveur d’une capitale économique à l’industrie moribonde.
A la suite de cette tribune, je viens par la présente attirer l’attention de l’opinion publique et des décideurs sur les énormes risques que le mauvais état de la route Ouaga-Bobo fait courir à la fois aux populations, aux transporteurs et à l’économie nationale.
En effet, la nationale 1 enregistre les records de drames de la route dans notre pays. Le cas le plus emblématique est l’accident du 15 novembre 2008, qui avait causé 99 morts et 46 blessés, à quelques encablures de Boromo. Dans la même zone, le 19 mai 2016, un autre accident a causé 24 morts et 36 blessés. La liste d’accidents est longue. Chaque année avec ses drames. La route, elle, est en perpétuelle réfection.
A quoi sont dues ces pertes en vies humaines, en matériels, en économie? Existe-t-il d’autres problèmes moins visibles mais tout aussi sérieux ? Comment devons-nous repenser le trafic sur la nationale 1 ?
Pour mieux cerner la problématique, j’ai demandé le concours d’un consultant, M. Faozane KABRE. Je le remercie pour ses précieux éclairages.
Cela dit, sur les 367 kilomètres du trajet, nous avons relevé plusieurs facteurs d’insécurité, dont la plupart ont déjà causé des désastres en termes d’accidents de la route et de faillites de sociétés de transport.
De façon globale, l’état de la chaussée est très bonne de Ouagadougou à Bobo-Dioulasso. Toutefois, la présence de plus de 145 ralentisseurs ou « dos d’ânes » sur le tronçon impacte considérablement sur plusieurs aspects du transport. Il ressort ainsi que cette réalité entraine 20 pourcent de surplus en consommation de carburant, plus de 20 pourcent de taux d’amortissements des pièces de véhicules, la perte d’une heure et demie sur le trajet, l’inconfort des usagers/passagers, et surtout les accidents. Toutes ces charges jouent sur le coût du billet de transport et sur les prix des marchandises.
De ce fait, nous suggérons la suppression considérable des ralentisseurs et leur remplacement par des avertisseurs tel que pratiqué dans la sous-région. Nous préconisons également la sensibilisation des habitants (y compris des écoliers) des villages traversés sur les risques routiers, et la formation des chauffeurs interurbains de toutes les catégories. Par ailleurs, l’évaluation permanente des chauffeurs routiers sur les procédures d’entrée et de sortie de villes/villages peut être fort utile.
Les autres risques sont liés aux virages dangereux. C’est le cas à l’entrée de Tanghin-Dassouri, surtout lorsque l’on croise un camion hors gabarit chargé d’un bull.
Sur certains segments comme Kokologo-Sabou, il y a une présence humaine non contrôlée. En plus, à l’entrée du carrefour route de Koudougou, le pont est suivi d’un virage à visibilité très réduite, et des fers à béton sur la chaussée non balisée peuvent causer des crevaisons, voire des accidents. Ces mêmes dangers sont présents sur le pont de Boromo où, en outre, la chaussée est très rétrécie.
Le passage d’animaux non contrôlés, les déviations non conformes et non entretenues, les véhicules en panne et en stationnement dangereux, de même que les cycles circulant sur la chaussée, sont autant de risques sur l’axe Ouga-Bobo.
Nombre de ces problèmes soulevés pourraient trouver des solutions, dans la concertation. Malheureusement, de nos différentes recherches, il ressort qu’il n’existe pas de cadre sectoriel permettant aux transporteurs et leur ministère de tutelle d’échanger sur leurs préoccupations respectives.
Aussi, la double taxation de la TVA sur le carburant et les billets transport handicapent la rentabilité dans le secteur des transports. D’où les difficultés de renouvellement du parc des autocars, le vieillissement et la vétusté des bus et, par conséquent, les accidents liés aux défaillances techniques.
Il convient également de noter que le contrôle de la CCVA imposé chaque trimestre aux cars de transport en commun oblige les transporteurs à arrêter momentanément leur exploitation, avec perte de chiffres d’affaires. Or, de manière générale, dans les pays de la sous-région, ce contrôle est obligatoire chaque semestre ou chaque année.
Enfin, les droits et taxes appliqués aux importations des bus (y compris la TVA) sont un frein à l’importation de nouveaux bus, gage de sécurité et de confort des voyageurs.
De ce qui précède, nous estimons que des efforts conjugués du ministère en charge des infrastructures, celui des transports et les différents acteurs du transport, pourront permettre aux usagers de la principale route nationale de notre pays de se déplacer en toute sécurité. Cette route est d’autant stratégique pour l’économie de notre pays, qu’une grande partie des marchandises importées ou exportées y passe. Des activités sérieuses de rénovation, des réformes permettant aux transporteurs de développer leurs services pour les voyageurs, ainsi que des opérations de sensibilisation : Voilà ce pour quoi nous plaidons. Ça y va de la sécurité routière sur le plus grand axe routier du Burkina Faso, de l’avenir de notre transport routier et du commerce.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso en ce mois saint du Ramadan !
Ouagadougou, le 23 mai 2018
Moussa ZERBO,
Député à l’Assemblée nationale