L’Opposition politique burkinabè a animé son traditionnel point de presse ce mardi 12 mai 2020 à son siège sis à Zogona, au Centre-est de Ouagadougou. La trentaine de partis affiliés au chef de file de l’opposition au regard de la gouvernance actuelle marquée par la gestion du Coronavirus ces deux derniers mois, en est arrivée à la conclusion que «l’Etat burkinabè n’a jamais été aussi impuissant que sous le régime du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès)».
Les représentants de l’opposition ce jour, au traditionnel point de presse, sont Dr Alain Zoubga, président de l’Autre Burkina/ Parti pour le socialisme et la Refondation (L’Autre Burkina/PSR) et Carlos Toé, président du Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR). Pour ces conférenciers, la gouvernance du Burkina sous le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré va à vau-l’eau et ce n’est que peu de le dire vu les «nombreux tâtonnements et cacophonie» au sommet de l’Etat.
Et, le dernier fait marquant, c’est la gestion du Covid-19. D’abord, ont-ils rappelé, par décret datant du 30 avril 2020, le Premier ministre Christophe Marie Joseph Dabiré, a pris un certain nombre de mesures portant restriction des libertés suite à la pandémie qui sévit dans le monde. «Dans la forme, ce décret a été fortement décrié parce qu’en lieu et place du cachet de la Primature, c’est le cachet de la présidence qui avait été initialement utilisé. Un manque de sérieux que nous a habitués le régime du MPP», a fait observer Alain Zoubga.
Selon la lecture des porte-parole de l’Opposition politique, de toutes les mesures que les autorités prennent, au lieu que ce soit le gouvernement qui «imprime le rythme à suivre par les citoyens, ce sont les citoyens qui, par la rue, les réseaux sociaux et les émissions interactives, imposent leur volonté en tirant le gouvernement selon leur bon vouloir». «Un tel Etat impuissant représente un danger pour tout le peuple parce qu’en cas de situation de catastrophe naturelle, sanitaire, de conflit généralisé ou d’invasion ennemi, les populations seront abandonnées à leur propre sort», a prévenu M. Zoubga.
Les conférenciers soutiennent qu’à cause des «contre-vérités répétées du gouvernement et des manipulations qui entourent la gestion de la pandémie, la majorité des Burkinabè ne croient plus en l’existence du Covid-19», jugeant cela d’«extrêmement dangereux, parce qu’une négligence des gestes barrières peuvent faire resurgir la maladie» qui a fait 50 décès et atteint à ce jour 760 personnes.
Enfin, ont poursuivi ces opposants, les «tâtonnements et les incohérences juridiques qui entourent ces mesures causent d’énormes pertes aux entreprises, et peuvent susciter des procès contre l’Etat pour réparation de préjudices».
L’Opposition s’est aussi prononcée sur la reprise de l’opération de révision des listes électorales en vue des votes, notamment, de la présidentielle du 22 novembre 2020. A cette cinquième étape de l’enrôlement lancée le vendredi 8 mai dernier à Tenkodogo par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’opposition dit relever, de par ses structures de bases et au sein de l’organe électoral, de «graves irrégularités» liées à l’organisation pratique.
Mais au regard de ces faits constatés, les conférenciers ont invité la CENI à corriger ces «graves anomalies pour une poursuite sereine de l’enrôlement des électeurs».
Par Bernard BOUGOUM