L’ex-ministre burkinabè du Commerce, Harouna Kaboré, a souhaité « vivement une franche collaboration entre journalistes et gouvernants pour une contribution efficace des médias à la reconquête des territoires », dans un écrit publié sur sa page Facebook, à l’occasion du 3 mai, consacrée Journée mondiale de la Liberté de la Presse.
Tribune
Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays, commémore ce 3 mai la 31ème édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Cette journée, faut-il le rappeler, vise à sensibiliser sur l’importance de la liberté de la presse et à rappeler aux gouvernants, leur obligation de respecter et de faire respecter le droit de la liberté d’expression consacré par l’article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. La commémoration se fait cette année dans un contexte national marqué par un débat autour du rôle et de la place de la presse, sinon de la liberté de la presse et d’expression dans un contexte de guerre.
Ce débat n’est pas nouveau. Au Burkina comme ailleurs, la liberté de la presse a toujours fait l’objet de divergences profondes entre praticiens, défenseurs des droits de l’homme et gouvernants surtout pendant les périodes de conflits. Quel intérêt servent les médias ? Pour qui écrivent-ils ? Que doivent-ils alors écrire ?
Selon qu’on soit journaliste ou gouvernant, les réponses sont différentes pour ces interrogations. Pourtant, chacun justifiera sa position par la défense des intérêts du peuple. C’est au nom du peuple que le journaliste revendique la liberté et c’est également au nom de ce même peuple que les pouvoirs publics justifient des mesures de restriction. Mais qu’est-ce que la liberté de presse ?
La liberté de presse répond au principe de libre accès à l’information, l’information étant un droit. Elle repose sur la liberté d’opinion et la liberté d’expression. Oui ! Tout citoyen a droit à l’information et à une information de qualité qui lui permette d’exercer sa citoyenneté. On n’est véritablement citoyen que lorsqu’on est libre de choisir et c’est la qualité de l’information dont on dispose qui détermine très souvent nos choix. Plus on sait, mieux on choisira. Être citoyen, c’est également pouvoir donner son point de vue sur la conduite de la cité. Et seules les informations à notre disposition nous permettent de nous exprimer, d’opiner. Les médias jouent un rôle fondamental dans la construction de l’opinion, d’où la nécessité de garantir la liberté d’expression.
Il ne devrait donc pas avoir de divergence sur la nécessité de garantir cette liberté sauf qu’aucune liberté n’est jamais donnée. Elle s’acquiert mais elle n’est jamais définitivement acquise. Et pour la liberté de presse au Burkina, l’émérite journaliste Norbert Zongo a payé de sa vie dans le cadre de son combat pour la justice et les droits humains. Était-il obligé d’écrire sur cette affaire David Ouédraogo malgré les multiples menaces ? Ce qu’on retient, c’est le sens de son combat, celui de la liberté d’expression, celui du droit du peuple à accéder à l’information.
Or le peuple n’est jamais homogène ou unique. Il est pluriel et se caractérise par sa diversité dans toutes ses expressions. Et c’est cette diversité qu’il faut garantir à travers les médias classiques ou les réseaux sociaux. Cela permet aux différentes opinions de s’exprimer mais dans le respect des règles préétablies. Il est évident qu’on ne peut pas se comporter de la même manière en temps de crise qu’en temps de paix. Et il urge que gouvernants et acteurs de médias se retrouvent autour d’une même table pour définir les contours d’une collaboration saine et efficace au service de la nation !
À travers différents panels et réflexions, ENDOGÈNE, notre association, s’est plusieurs fois penchée sur la question et a produit des propositions en guise de contribution citoyenne pour des réponses concertées de cette problématique de notre vivre ensemble. Bonne journée de la liberté de presse aux femmes et hommes des médias !
Converser – Converger – Convertir !
Dr Harouna Kaboré