Dans un communiqué parvenu à la rédaction de Wakat Séra, l’Union d’Action Syndicale (UAS) rappelle les moments forts qui ont rythmé la grève des 17 et 18 décembre 1975. Pour le mouvement syndical, ce rappel est important car, le pouvoir actuel, « remet en cause certains acquis démocratiques et sociaux des travailleurs », entre autres.
COMMEMORATION DE L’HISTORIQUE GREVE DES 17 ET 18 DECEMBRE 1975
Ouagadougou, le 17 décembre 2020
Camarades militantes et militants,
Travailleuses et travailleurs du Burkina Faso
La grève générale des 17 et 18 décembre 1975, organisée par les centrales syndicales et les syndicats autonomes voltaïques de l’époque, avec le soutien des élèves et des étudiants, était une riposte du mouvement démocratique de notre pays visant à contrer la mise en place d’un parti unique en Haute-Volta.
En effet, après son coup d’Etat du 08 février 1974, le régime du Général Sangoulé LAMIZANA, après avoir interdit toute activité politique, placé des militaires comme préfets à la tête des départements, annonçait le 29 novembre 1975 la création du Mouvement National pour le Renouveau (MNR). Ce MNR se voulait le « cadre unique pour toutes les activités sociales, culturelles et politiques » et toute indifférence à l’égard de celui-ci était perçue comme « une atteinte à la sécurité de l’Etat ».
Dès l’annonce de ce projet, les quatre centrales syndicales de l’époque (CNTV, CSV, OVSL, USTV) convoquaient un meeting le 30 novembre 1975, qui a rassemblé une foule immense à la Bourse du Travail de Ouagadougou. Le 02 décembre 1975, elles adressaient une correspondance tenant lieu de préavis de grève au Ministre du travail et de la Fonction Publique de l’époque. Ainsi, les 17 et 18 décembre 1975, se réalisait l’historique grève générale qui fit de Ouagadougou et des autres villes du pays ces jours – là, des villes-mortes.
La grève connut un succès immense et contraignit le Gouvernement du Renouveau National (GRN) à annoncer son auto dissolution le 29 janvier 1976.
Cette lutte de 1975 s’inscrit dans les traditions de lutte du mouvement syndical de notre pays qui, malgré le pluralisme qui l’a toujours caractérisé, a toujours su réaliser une unité d’action face aux tentatives répétées des différents pouvoirs de restreindre les libertés ou de remettre en cause les acquis des travailleurs.
Par devoir de mémoire, l’UAS tient à rappeler les évènements ayant conduit à ce mouvement-là, afin de rappeler aux militants, aux travailleuses et travailleurs l’action des devanciers et notre devoir de perpétuer cette tradition. Ce rappel est particulièrement important pour trois raisons essentielles :
1. l’unité d’action en cours dans notre pays depuis 1999, a conquis d’importants acquis pour le monde du travail, mais aussi pour les différentes couches populaires de notre pays ;
2. le constat de la remise en cause de certains acquis démocratiques et sociaux des travailleurs ;
3. de nombreux défis se posent aujourd’hui et qui interpellent le mouvement syndical dont le maintien et l’élargissement des libertés démocratiques et syndicales, la crise sécuritaire, la pandémie du coronavirus et l’inflation.
Camarades,
A l’occasion de la commémoration de la grève générale des 17 et 18 décembre 1975, l’UAS réitère, à l’adresse de ses militant(e)s et sympathisant(e)s, à l’ensemble des travailleuses et travailleurs l’appel qu’il leur lançait à l’occasion de la commémoration du deuxième anniversaire de l’insurrection en ces termes :
« Dans un contexte national difficile marqué par une remise en cause des acquis de l’insurrection populaire et de la résistance victorieuse au coup d’Etat, l’UAS appelle les militants et militantes à renforcer leurs structures, à se mobiliser pour faire face aux défis énormes qui se posent à nous.
En effet, la non mise en œuvre de nombreux engagements du gouvernement, les violations des libertés démocratiques et syndicales, les tentatives de soustraire les auteurs de crimes de sang et de crimes économiques, de pillage du foncier urbain et rural, la poursuite des nominations de complaisance, la situation lamentable des systèmes de santé et d’éducation, les mesures impopulaires prises récemment par les autorités nous interpellent. »
C’est aussi l’occasion d’interpeller une fois de plus les autorités à se pencher sur les préoccupations à lui soumises par l’UAS et à donner un sens véritable au dialogue social en associant les partenaires sociaux aux importantes décisions qui ont un impact sur leurs conditions matérielles et morales.
En cette fin d’année 2020, les secrétaires généraux exhortent les travailleurs et le peuple à aborder les fêtes de fin d’année avec prudence et vigilance face aux maux multiples qui minent notre société (terrorisme, pandémie à coronavirus, …) et à plus de détermination et d’engagement afin de poursuivre la défense ferme des droits et acquis des travailleurs.
Vive les dates historiques des 17 et 18 décembre 1975 !
Vive l’unité de lutte des travailleurs !
Ont signé :
Pour les Centrales syndicales :
CGT-B
Bassolma BAZIE, Secrétaire Général
CNTB
Marcel ZANTE, Secrétaire Général
FO/UNSL
El Hadj Nana Inoussa, Secrétaire Général
ONSL
Paul N. KABORE, Secrétaire Général
USTB
Ernest OUEDRAOGO, Secrétaire Général
Pour les Syndicats Autonomes :
Le Président de Mois
NEBIE R. Blaise
Secrétaire Général/ SYNATRAD