Les autorités sanitaires burkinabè et les responsables de la quarantaine de clubs Lions du district 403 A3, se sont mobilisés, ce samedi 13 novembre, au centre de lutte contre le diabète de Ouagadougou, pour sensibiliser et susciter une prise de conscience contre le «tueur silencieux». «Pour la campagne qui est lancée, nous avons l’ambition de pouvoir mener au minimum 100 activités de services et impacter au moins 700 000 bénéficiaires qui vont être dépistées», a affirmé, le gouverneur du district 403 A3, Monhamed Jean Innocent Compaoré, sur un ton qui ne laisse planer le moindre doute sur son engagement .
Le centre de lutte contre le diabète de Ouagadougou a été pris d’assaut, tôt dans la matinée du samedi, par le public, en majorité des femmes, venues se faire dépister gratuitement. Chaque année, en prélude à la Journée internationale de lutte contre le diabète commémorée le 14 novembre, les Lions du Burkina Faso se mobilisent pour lutter contre cette maladie.
«Environ un million de Burkinabè atteints du diabète»
Le diabète est un véritable problème de santé publique qui constitue de plus en plus le motif de consultation dans les formations sanitaires. Selon une enquête menée par le ministère de la Santé en 2013, le taux de prévalence de diabète était de «4,9% au sein de la population de 25 à 64 ans, soit environ un million de Burkinabè atteints» par la maladie.
Le thème de la Journée mondiale de diabète 2021-2022, «Accès aux soins pour traiter le diabète», cadre avec la réalité de l’urgence de la situation actuelle parce qu’il est lié à l’accès aux soins du diabète, a signifié Dr Liliane Gounabou, conseiller technique. «En effet, dans les services de santé, nous dénombrons beaucoup de personnes atteintes de diabète qui n’ont pas accès aux soins et au traitement. Or, les personnes atteintes de diabète ont besoin de soin et un traitement à long terme, et souvent à vie selon les stades et les types de diabète», a regretté la représentante du ministre de la Santé.
Elle a salué «le gouverneur Monhamed Compaoré pour cette initiative mais aussi pour la pratique du sport régulière au sein des Lions. J’appelle les leaders lions qui le peuvent à aider au renforcement des infrastructures sportives dans leur zone de résidence».
Cette lutte fait partie des cinq causes mondiales du Lions Clubs International.
Une sensibilisation visant «au moins trois millions de Burkinabè»
«Nous sommes dans la suite d’une campagne qui a été lancée, il y a cinq années de cela. Après la deuxième campagne, nous avons pu obtenir un financement de la Fondation de l’association internationale des Lions clubs à hauteur de 60 millions de francs CFA », a déclaré le gouverneur du district 403 A3, Monhamed JI Compaoré qui a précisé que ces fonds ont permis «d’organiser des activités de sensibilisation et de dépistage sur le diabète, ses facteurs de risques et de complications».
Pour les campagnes déjà menées, selon M. Compaoré, son association a enregistré des «résultats très intéressants». Les Lions du Burkina ont «la grande ambition de pouvoir sensibiliser au moins trois millions de Burkinabè sur le diabète et ses facteurs de risques et de complications», a-t-il relevé, rappelant les cinq engagements du Lions Clubs International qui sont la lutte contre le diabète, la protection de la vue, la protection de l’environnement, la lutte contre la faim et la lutte contre le cancer infantile.
«La lutte contre le diabète est l’une de nos priorités parce que malheureusement, c’est une maladie qui n’est pas bien connue et toutes les personnes qui y sont exposées ne le savent pas souvent. Donc nous devons poursuivre le travail pour sensibiliser davantage les populations», est convaincu le Gouverneur Lions du District 403 A3.
Cette campagne de sensibilisation et de dépistage est «tout public parce que le diabète n’épargne personne. Notre action concerne donc les femmes, les hommes, les personnes âgées, les élèves, les étudiants, les écoles professionnelles, les travailleurs, les paysans, les sportifs, etc.», a assuré Monhamed Compaoré.
Plus de 5 000 personnes dépistées
Le parrain de cette édition, le past gouverneur du district 403 A3, Dieu-Donné Hubert Millogo, a reconnu les mérites de l’engagement de tous les Lions, notamment celui des chefs de projets et les a exhortés à poursuivre dans la même dynamique, celle de continuer la sensibilisation de la très grande masse contre la tueuse silencieuse.
«Le dépistage est déjà la première étape pour identifier les éventuels malades qui s’ignorent et de pouvoir les prendre en compte rapidement. Nous l’avons fait durant trois ans en montant de 200 à plus de 5 000 personnes dépistées maintenant. C’est une activité qui doit être permanente», a indiqué M. Millogo.
Après deux années de mise en œuvre, l’objectif de l’association philanthrope «a été amplement dépassé parce que déjà pour les deux premières années, nous sommes à plus de cinq millions de personnes impactées», a mentionné le past gouverneur du district 403 A3, expliquant qu’«en plus du dépistage, il y a l’information et la sensibilisation qui se sont menées à travers les médias».
Avec les objectifs de cette année, les Lions pourraient, au bout des trois années, toucher près de dix millions de personnes, a projeté M. Millogo.
La cheffe de projet, Dr Nina Korsaga, a, quant à elle, noté que cette activité est la troisième campagne financée par la LCIF (la Fondation des clubs Lions) sur les cinq campagnes de sensibilisation menées par les Lions du Burkina.
Dix-neuf millions de personnes vivent avec le diabète en Afrique
Plus de 457 millions de personnes souffrent de cette maladie dans le monde, selon des chiffres officiels selon lesquels l’Afrique en compte 19 millions dont, malheureusement, la moitié ignorent qu’elles sont diabétiques.
«La lutte contre le diabète fait partie des cinq causes mondiales défendues par notre prestigieuse association», a rappelé la présidente du comité d’organisation de l’activité, Ida Bonzi/Toé.
Moins de 100 000 personnes sont diagnostiquées, suivies et traitées au Burkina
Le représentant des associations luttant contre le diabète, M. Diolompo lui, a exprimé toute son inquiétude car, «d’ici à 2025, selon les prévisions, si rien n’est fait, de 19 millions de malades diabétiques, ce chiffre va passer à 47 millions en Afrique». Selon l’enquête de 2013, la prévalence du diabète tourne autour de 5%. «Si ce taux est rapporté à la population burkinabè qui est de 22 millions aujourd’hui, cela veut dire que potentiellement il y a plus d’un million de patients diabétiques au Burkina», a révélé M. Diolompo.
«Sur ce chiffre d’un million de diabétiques, on a moins de 100 000 personnes qui sont diagnostiquées et qui sont suivies et traitées. Il y a malheureusement très peu de patients diabétiques qui se savent diabétiques, et même que parmi ceux qui sont diagnostiqués, encore très peu sont pris en charge», a, par ailleurs, déploré M. Diolompo du Programme national de lutte contre les maladies non transmissibles, ajoutant que selon une analyse des données de l’enquête, «ce pourcentage peut passer dans les années à venir de 5 à 8%. C’est pour dire que la situation est suffisamment grave».
Le diabète est une maladie non transmissible qui a des facteurs de risques. Raison pour laquelle les Lions comptent agir pour prévenir ces facteurs de risques dont la mauvaise alimentation. «Spécifiquement, ce qu’il faut faire à ce niveau pour éviter le diabète, il faut manger moins sucré, moins gras et moins salé. Il y a aussi l’activité physique qui prévient les risques de diabète. Il faut beaucoup bouger, marcher, faire du sport à son rythme, en se disant qu’l n’y a pas un temps, un lieu ou un équipement particuliers ou nécessaires pour pratiquer le sport. Il faut aussi réduire la consommation d’alcool et proscrire le tabac», a conseillé M. Diolompo.
«Les patients diabétiques courent le risque de développer des formes graves de la Covid-19. Ce qui veut dire que les patients diabétiques doivent se protéger particulièrement contre la Covid-19», a-t-il ajouté, appelant les patients diabétiques à se vacciner contre la maladie à coronavirus hautement contagieuse qui sévit dans le monde.
En plus des dépistages qui se faisaient dans le centre, les Lions et le public ont pris part à un cross populaire dans le but d’inciter les populations aux activités sportives, l’un des meilleurs moyens pour prévenir le diabète.
Par Bernard BOUGOUM