Emmanuel Macron victime du péché originel commis par ses ancêtres colons et ses aînés, fervents défenseurs de régimes autoritaires qui, moyennent la protection des intérêts de la France sur le sol jouissaient de la protection de leurs fauteuils qu’ils doivent d’ailleurs pour la plupart à l’ancien maître colonisateur? Tout porte à le croire, à la faveur de sa première tournée africaine qu’il commence par le Burkina Faso dont il a foulé le sol dans la nuit de ce lundi 27 novembre. Objet de toutes les attentions et de toutes les passions, le séjour du jeune président français sera loin de la sinécure. Il sera même très agité, une partie des hôtes de Emmanuel Macron, au nom de la sacro-sainte démocratie dont la France se veut être le réceptacle, ayant décidé de s’exprime. Et même bruyamment! Les déclarations et les appels à manifester ont rivalisé avec les points de presse et autre «rebaptême» de l’avenue Charles De Gaulle en Boulevard Thomas Sankara, du nom du père de la révolution burkinabè, pour faire de cette visite, un évènement sous haute tension. Pêle-mêle, les «anti-impérialistes» et révolutionnaires, ont retoqué leur costumes datant pour certain de Mathusalem et pour d’autres de l’insurrection populaire d’octobre 2014 pour dire tout leur mécontentement de cette visite qu’ils assimilent à une perpétuation de la colonisation. Occasion d’ailleurs rêvée pour certains d’exiger de la France la déclassification des archives qui pourrait accélérer le jugement de l’emblématique dossier Thomas Sankara et l’extradition de François Compaoré, frère de l’ancien président burkinabè mis en cause dans l’assassinat du journaliste burkinabè Norbert Zongo le 13 décembre 1998, et interpellé récemment à Paris.
Alors que Ouagadougou devrait lui ouvrir les bras pour son choix d’y tenir son discours annoncé comme historique à l’endroit de toute la jeunesse africaine qui vit dans la précarité du quotidien et l’incertitude de l’avenir, la capitale burkinabè hérisse les poils et se braque contre un Macron qui pourtant porte dit être déterminé à oeuvrer pour une nouvelle ère de partenariat gagnant-gagnant entre la France et l’Afrique. Premier gage de la bonne foi du Français, la mise en place du Conseil présidentiel pour l’Afrique, dont les membres, proviennent pour l’essentiel, de couches socio-professionnelles très proches des populations et donc des réalités du continent. Qui plus est, pour cette première étape de son périple africain, Macron qui mise sur l’épanouissement de la jeunesse désabusée par les anciennes pratiques de la Françafrique, ne s’est pas affublé d’hommes d’affaires mais de développeurs de start-up. L’université Joseph Ki-Zerbo est donc l’endroit le mieux indiqué pour mettre en terre les graines de cette nouvelle page que la France compte écrire avec l’Afrique. Mais chat échaudé craignant l’eau froide, les frondeurs qui ne croient pas encore à la nouvelle démarche de l’homme dont les Burkinabè avaient pourtant applaudi, presque à l’unanimité l’élection en mai dernier, ont sorti les griffes de l’hostilité. La pression de leur part fut si forte que le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré a été poussé à la faute, allant jusqu’à fermer les écoles primaires et secondaires pour les deux jours que doivent durer le séjour de l’hôte français. Pire, trois raisons différentes de la mise en congé des scolaires ont fini de mettre à nu la cacophonie et l’amateurisme de ceux qui nous gouvernent, sur le sujet.
Si Emmanuel Macron lui-même aime bien boxer sur ce genre de ring où l’adversaire ne fait aucune concession, il n’en demeure pas moins que ces diverses manifestations, parfois construites sur la mauvaise foi, porteront un sérieux coup à cette visite dont la symbolique ne fait pourtant pas l’ombre d’un doute. Les conséquences pourraient même pourrir les relations futures entre les deux pays. Mais toutes ces péripéties sont loin d’être dramatiques car les protestations conduites dans l’ordre ne sont que l’autre face de la marche titubante du peuple burkinabè vers la démocratie et le respect des droits de l’homme dont la France s’enorgueillit si bien. La jeunesse attend maintenant les mots de Emmanuel Macron pour calmer ses maux. Le surréaliste André Breton l’a dit: « Un mot et tout est sauvé, un mot et tout est perdu ». Précieux conseil pour Macron!
Par Wakat Séra