Ceci est une tribune de l’ex-ministre burkinabè de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Dr Harouna Kaboré, par ailleurs président du Mouvement Endogène. Dans son écrit, il appelle à l’unité des fils et filles du Burkina Faso.
La littérature nous apprend qu’une chimère est un « Monstre imaginaire (à tête de lion et queue de dragon) qui crache des flammes ». C’est aussi un « Projet séduisant, mais irréalisable ; idée vaine qui n’est que le produit de l’imagination ; illusion ». Parler d’unité des fils et filles de notre Faso pour faire face aux adversités diverses pourrait être considéré comme une chimère à l’analyse de l’ambiance générale, de « l’épaisseur » du climat social.
Il y aurait sûrement d’autres voies dont j’ignore (je ne sais pas tout ! Heureusement d’ailleurs !) pour vaincre les adversités dont fait face notre pays, des voies qui n’intègrent pas une unité nationale. Je suis preneur car je ne souhaite que la victoire du Faso sur le terrorisme ; je ne souhaite que la concorde nationale et la paix des cœurs pour enfin nous occuper uniquement du développement socio-économique de notre pays. Mais, et si on essayait l’unité ? Ce n’est peut-être pas une chimère !
Pour ce faire, les autorités de notre pays pourraient adopter davantage un leadership basé sur une recherche d’une union sacrée autour de l’essentiel. Certes, les citoyens individuellement ou collectivement organisés peuvent rechercher l’unité mais afin de donner plus de chance de réussir cette unité nationale, un processus conduit par les autorités constituerait l’une des meilleures options car elles disposent de l’appareil d’Etat et de tous les instruments pour le réussir.
Il leur appartient d’en prendre le chemin aujourd’hui pour garantir l’avenir de nos rêves d’un Burkina sans division quand il s’agit de défendre la patrie !
Et il en a toujours été ainsi dans plusieurs situations difficiles dans l’histoire de notre pays. Même si par le passé, toutes les initiatives prises par les dirigeants de notre pays pour une unité nationale autour de questions majeures n’ont certes pas toutes été des réussites, l’on peut retenir le mérite d’avoir essayé.
Et cela laisse toujours des acquis si minimes soient ils ! Notre mémoire collective regorge plusieurs exemples. Il suffit de la convoquer et de la questionner. Mais pourquoi s’unir ?
Nous nous retrouvons à un moment critique de notre histoire. Notre nation est confrontée à plusieurs épreuves sans précédent et à plusieurs défis d’ordre sécuritaire, économique, social et communautaire. Les fondations sur lesquelles repose notre identité burkinabè sont secouées par des attaques ennemies et des divisions internes.
Nous devons nous rappeler que notre force a toujours résidé dans notre unité et dans les valeurs qui ont toujours défini notre peuple : résilience, justice, vérité, intégrité, solidarité, fraternité, considération pour la vie humaine.
Regardons en arrière et honorons nos ancêtres qui ont farouchement résisté à la colonisation, qui ont lutté pour reconstruire la Haute Volta (1932- 1947) et qui ont porté haut les valeurs de la révolution sous Thomas Sankara. Souvenons-nous de la lutte pour la justice et la liberté d’expression de Norbert Zongo, des luttes et résistances qui ont marqué notre histoire récente etc. Souvenons-nous des idéaux de ces luttes et recherchons l’essentiel parmi toutes les questions et problématiques qui ont sous-tendu ces combats. Et construisons une unité autour de cet essentiel.
Aujourd’hui, je vous appelle à nous unir une fois de plus en ravivant ces valeurs qui ont fait la fierté de notre peuple, à convoquer l’esprit de notre histoire pour bâtir un avenir sur nos piliers inébranlables. Nous avons la preuve que c’est en partie en étant divisés, autant chez les civils que chez les militaires, depuis le début des attaques terroristes que nous avons moins réussi à y faire face.
Les conséquences sont connues avec son lot de pertes en vies humaines et de personnes déplacées internes et externes. Faisons en sorte de ne plus poursuivre notre combat commun de survie de notre nation dans la division mais plutôt dans le rassemblement.
C’est le moment de nous élever au-dessus des dissensions et de nous engager à relever les défis de notre nation, non seulement physiquement, mais aussi moralement.
Je sais que cela nécessitera des sacrifices, des compromis et surtout cela exigera que nous regardions au-delà de nos différences et de nos divergences et que nous nous engagions dans un dialogue constructif. C’est le sens de l’expression « le Faso d’abord ! »
Ensemble, nous sommes plus forts.
Ensemble, nous pouvons surmonter les défis qui se dressent sur notre chemin.
Ensemble, nous pouvons restaurer la grandeur de notre nation.
Ensemble, dans l’unité et la compassion, nous vaincrons ces épreuves et nous en sortirons plus forts.
C’est pourquoi nos slogans pourraient être :
– Pain et liberté pour le peuple uni !
– « Wayiyan wayiyan !!! » pour la concorde nationale !
– Notre nombre est notre force pour balayer les haines et construire l’unité nationale !
– « Pagtazer ! pagtazer! » pour la paix des cœurs !
– Tu vas lire l’heure de l’unité ! Kato! Kroh!
– Qu’Allah aide ceux qui s’aident pour l’unité nationale !
– Converser- Converger- Convertir pour le développement endogène dans la fraternité
Force, courage et soutien aux FDS et aux VDP ! Que Dieu et les mânes de nos ancêtres nous fortifient et nous guident dans l’unité car pour un burkinabè s’unir ne devrait pas être une chimère. Nous avons l’intelligence et les valeurs pour le faire ! Faisons-le !
#lefasodabord !
Dr Harouna KABORÉ
Ancien ministre
Président de ENDOGÉNE