Accueil Société Burkina: « Notre justice est téléguidée par l’exécutif », Pascal Zaïda

Burkina: « Notre justice est téléguidée par l’exécutif », Pascal Zaïda

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Les responsables du Cadre d'expression démocratique (CED)

Le coordonnateur national du Cadre d’expression démocratique (CED), Pascal Zaïda, qui avait été incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) pour « troubles à l’ordre public », a confié ce mercredi 02 mai 2018, à Ouagadougou, face à la presse que « notre justice est téléguidée par l’exécutif »

« Notre justice est téléguidée par l’exécutif », a déclaré Pascal Zaïda qui dit « parler en connaissance de cause ». Au plan économique, le référentiel de développement, le Plan national de développement économique et social (PNDES), « annoncé à coup de publicité mensongère a révélé toute son inconsistance et son incapacité notoire à sortir le pays d’une crise économique sans précédent », a-t-il avancé aux journalistes et à ses partisans qui ont envahi la salle pour lui témoigner leur soutien.

Pour ce qui concerne l’adoption de la nouvelle Constitution dont le CED « ne connait toujours ni l’opportunité ni l’urgence », le cadre recommande la voie « référendaire pour s’assurer de la légitimité » du texte fondamental sur lequel se reposera le socle de la démocratie du Burkina Faso, a préféré son premier responsable qui a poursuivi son analyse sur le procès du putsch manqué de 2015. A ce niveau, Pascal Zaïda pense que ce procès qui doit reprendre dans une semaine, soit le 9 mai prochain, « a montré toutes les limites des juridictions exceptionnelles dans un Etat de droit ». « Entre ingérence de l’exécutif dans le dossier et manquement criard dont fait montre le parquet militaire, on assiste à un véritable déni de droit obligeant la plupart des avocats de la défense de se déporter », a-t-il renchéri.

Pour ce qui est de la question sécuritaire qui est la principale préoccupation actuelle du pays, le CED estime que « nos autorités ne sont pas à la hauteur du défi sécuritaire ». Il recommande d’ailleurs au pouvoir actuel de suivre les chemins de l’ancien régime dirigé par le Congrès pour la démocratie net le progrès (CDP) de l’ex-président Blaise Compaoré qui avait travaillé pendant 27 ans à mettre le Burkina à l’abri des attaques armées.

Le président du CED qui animait sa première conférence de presse après sa libération de prison a fait cette affirmation lorsqu’il dénonçait les conditions difficiles auxquelles sont exposés les détenus de la MACO qui ne répond plus aux conditions et règles qui respectent la dignité humaine protégée par les droits de l’homme.

Pascal Zaïda a interpellé les autorités à avoir un meilleur regard sur les bâtiments de la MACO qui « risquent de s’écrouler » à cause de leur vétusté et du surnombre de détenus qui dégrade  de plus les locaux de la plus grande prison du Burkina Faso.

M. Zaïda a peint en noir le tableau de la situation nationale au plan de la gouvernance. Sécurité, justice, vote des Burkinabè de l’étranger, intrigue politique, élaboration de la nouvelle constitution, chômage et fond commun, entre autres, ont été les sujets majeurs abordés.

Selon le coordonnateur du CED, tous les signaux sont au rouge au Burkina depuis que le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, majorité) est arrivé aux affaires en janvier 2016. Concernant le vote des Burkinabè de l’extérieur qui est une « question non négociable » pour l’Organisation de la société civile, le premier responsable du CED dit noter que les « récentes rencontres entre le chef de l’Etat (Roch Kaboré) et les acteurs politiques cachent une tentative de reporter aux calendes grecques » le scrutin de 2020 bien que « toutes les conditions sont réunies » pour que nos compatriotes votent pour les élections dans deux ans.

Par Mathias BAZIE