Le président de l’Association des anciens maires et élus locaux du Burkina Faso (AMEL-BF), Thomas Baguemzanré, a déclaré que «nous n’avons pas été tous des maires prédateurs», face à la presse, à Ouagadougou, le samedi 7 mai 2022, à la deuxième Assemblée générale ordinaire de l’Organisation.
Les membres de l’Association des anciens maires et élus locaux du Burkina Faso (AMEL-BF) tiennent leur deuxième AG ordinaire pour toiletter à nouveau les textes de leur structure et sonner la mobilisation des anciens maires après l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), tombeur du régime déchu.
La collaboration entre les maires déchus de 2014 à l’occasion de l’Insurrection populaire de fin octobre de la même année ayant balayé le régime de 27 ans de Blaise Compaoré, et les maires du défunt régimes du Mouvement pour le peuple et le progrès (MPP) n’a pas été un amour parfait ces sept ans passés. «La plupart des maires en exercice nous voyaient comme des concurrents. Même si vous participez même à une activité de votre commune, on ne vous traite pas comme un ancien maire ou avec un certain égard», s’est plaint l’ancien maire de Kindi dans le Boulkièmdé.
Thomas Baguemzanré a estimé, pourtant, que «les expériences et les compétences sont variées et énormes au niveau des anciens maires ». « Nous n’avons pas été tous des maires prédateurs. Ce n’est pas tous les maires qui étaient mauvais. Nous membres de l’AMEL-BF sont des anciens maires responsables », a-t-il lancé, rappelant que sous le MPP, leur organisation avait, à travers, une prospective, « décliné dans différents documents que (qu’ils ont) soumis à certains maires mais malheureusement nous n’avons pas eu une oreille attentive ».
«Au lieu de nous recevoir eux-mêmes, ils nous font recevoir leurs conseillers techniques et chargés de missions, et entretemps nous voyons finalement du plagiat de nos documents», a-t-il dénoncé avec force.
L’AG se tient dans une situation nationale caractérisée par « une crise multidimensionnelle jamais connue dans notre pays. Elle est marquée par une crise aux plans sécuritaire et socio-politique depuis sept ans », a souligné l’ancien maire qui a regretté que «de nombreux leaders locaux membres de notre association ont été assassinés où sont devenus des déplacés internes avec leurs familles. Nous leur témoignons nos sentiments de compassion et de solidarité».
Ce que pense l’AMEL-BF sur la mise des mairies sous tutelle
Sur la mise en place des délégations spéciales pour diriger les mairies, le président de l’AMEL-BF dit avoir deux niveaux d’appréciation. « Premièrement, nous avons besoin réellement de toiletter et de nettoyer correctement les textes de la décentralisation qui régissent aujourd’hui les collectivités territoriales. Au deuxième niveau, il s’agit de tirer des enseignements par rapport à la mise en place d’une délégation qui est exceptionnelle », a expliqué M. Baguemzanré qui a soutenu qu’à ce niveau, « il y a pas mal de failles qu’il va falloir prendre en compte. On ne doit pas continuer chaque fois à faire dans la précipitation et à ne pas réfléchir sur le long terme. Les textes ne doivent pas être faits pour les plus forts du moment », a-t-il appuyé.
Au niveau de l’AMEL-BF, ce que « nous avons constaté et nous déplorons, c’est que, que ce soit les anciennes autorités ou celles qui sont au pouvoir actuellement, nous n’avons pas l’oreille toujours attentive et on nous prête des intentions qui ne sont les nôtres. Ce n’est pas parce que nous sommes des politiques qu’il faut nous diaboliser à la limite », s’est-il offusqué.
Tout compte fait, a continué M. Baguemzanré, «nous allons jouer notre partition pour améliorer les textes qui viendront à être adoptés afin qu’ils s’appuient sur les réalités des localités du pays. C’est cela qui va permettre un véritable développement des différentes collectivités territoriales, partant de cela, le développement du pays».
L’ex-maire de Sourgou, Jean-Hervé Kaboré, communicateur sur la prospective de l’AMEL-BF a signifié que «nous avons identifié surtout pour les jeunes, 150 métiers faisables, pouvant faire l’objet de création d’entreprise ». «Nous avons mis au point un centre de ressources où il y a au moins une quarantaine de possibilités de formations et de renforcement des capacités dans divers secteurs d’activité», a rassuré M. Kaboré.
Entre autres objectifs généraux, l’AMEL-BF vise à capitaliser et valoriser la somme d’expérience des anciens maires et élus locaux, promouvoir un système de mobilisation et de sensibilisation sociale et citoyenne autour de leur droits d’accès aux biens universels et au développement, formuler les stratégies endogènes accessibles, abordables et adaptables au monde local et accompagner les acteurs locaux à la gestion de la maîtrise d’ouvrage du développement local dans le cadre de la communalisation intégrale.
Avec pour vision, entreprendre et apprendre à se développer, l’AMEL-BF est une Organisation de la société civile (OSC), apolitique, qui se veut «une force de proposition concrète pour mieux accompagner la décentralisation et le développement à la base malgré nos sensibilités diverses», selon le président.
Par Bernard BOUGOUM