Accueil A la une Burkina: pourquoi donc choisir entre la France et la Russie?

Burkina: pourquoi donc choisir entre la France et la Russie?

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La secrétaire d'Etat français, Chrysoula Zachararopoulou

Hasard du calendrier ou réglages bien coordonnés, le Burkina Faso a accueilli, ces lundi et mardi, deux étrangers pas comme les autres, contexte diplomatique particulier oblige. Si ce mardi, le président du Faso a accordé une audience à la secrétaire d’Etat français, chargée du Développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou, la ministre burkinabè en charge des Affaires étrangères, elle, recevait, la veille, l’ambassadeur de la fédération de Russie au Burkina, Alexey Saltykov. Tous sont venus parler coopération entre leurs pays respectifs et le Burkina. Comme un clin d’œil du destin pour dire que non seulement le Burkina n’est contraint en rien d’opérer un choix de relations exclusives entre Paris et Moscou, mais en plus, le Pays des Hommes intègres, n’en déplaise aux activistes aux desseins inavoués, est assez vaste pour accueillir tout le monde.

Ne dit-on pas ici que «beaucoup de viande ne gâte pas la sauce»? Du reste, sa souveraineté brandie par ses nouveaux dirigeants, donne au Burkina la liberté de commercer, en bonne intelligence, et même temps, avec Russes, Français, Américains, Turcs, Indiens et Chinois pour ne citer que ces Etats. Le Niger voisin le réussit si bien, multipliant ses partenariats pour le bonheur de sa nation. Dans une coopération militaire et des relations de développement parfaitement synchronisées, le président nigérien, Mohamed Bazoum, a soigneusement évité de mettre tous ses œufs dans le même panier, optant pour une diversification judicieuse des pays partenaires du Niger. C’est dire que nous sommes en Afrique où le ménage à trois et même plus, est une valeur culturelle!

Du reste, la France qui porte, malheureusement le péché originel d’ancienne colonisatrice, tout comme la Russie d’ailleurs mais sous d’autres cieux, loin de la sous-région, dans le nouveau format de ses relations avec le Burkina et d’autres pays africains sort de son traditionnel confortable esprit de pré-carré, pour tenir compte de la souveraineté du Burkina. Florilège des propos de Chrysoula Zacharopoulou: «Je ne suis venue ici influencer aucun choix ni aucune décision (…) Je suis venue pour porter un message clair, celui de la constance, de l’engagement de mon pays. La France reste engagée sur tous les plans: les plans humanitaires, sécuritaires, développement au degré et dans les formes qui souhaiteront l’austérité burkinabè. Nous sommes convenus avec le président Traoré d’avancer ensemble dans cet état d’esprit».

Avec ces déclarations sans ambages, le peuple burkinabè devrait bien se reconnaître, lui pour qui, même si mangé à toutes les sauces, le «plus rien ne sera comme avant » est devenu un slogan sacré. C’est même dans cette logique que la France décide de ne plus lutter à la place de ses partenaires du Sahel, dont le Burkina, une région écumée par les terroristes qui y sèment deuils au quotidien et jettent sur la route de l’exil dans leur propre pays, des populations qui ont tout abandonné pour fuir vers des contrées plus clémentes.

En somme, rien ne sera imposé au Burkina Faso, pas même la Force française Sabre qui ne restera sur le territoire national que selon le bon vouloir de nos autorités. Quid de l’ambassadeur Luc Hallade dont le pouvoir de transition burkinabè a demandé le rappel? Le dossier est sur la table des dirigeants des deux pays qui l’étudie «en bonne entente et dans les formes diplomatiques», a signifié l’ancienne députée européenne, dans un français au charmant accent grec de sa Sparte natale. En tout cas, les temps ont bien changé où tout acte posé au Burkina ou au Niger était dicté par Paris. Cependant, pour une fois, il faut reconnaître avec les détracteurs de la France, et des occidentaux en générale, et autres amoureux transis de la Russie, que de la parole aux actes, le fossé peut être grand et même abyssal, notamment en fonction de la crise de confiance qui prévaut. Qui plus est, «chat échaudé craint l’eau froide».

Il faut donc désormais juger les Etats partenaires à l’épreuve du terrain. En évitant de leur donner carte blanche sur le terrain, qu’ils soient Américains ou Russes, il importe d’instaurer avec les partenaires extérieurs, des relations saines de coopération d’égal à égal, comme on le dit trivialement. Toutefois, ces relations ne seront réellement profitables aux différentes parties que si elles sont purement d’Etat à Etat. Doivent donc être proscrites, toute leurre que sont ces ententes avec des entités privées obscures, à la réputation douteuse et dangereuse pour les populations en matière de respect des droits de l’homme!

Par Wakat Séra