Le journaliste Kiemdoro Dô Pascal Sessouma, candidat du parti pacifiste, « Vision Burkina », à l’élection présidentielle du 22 novembre 2020, estime que « l’armée coûte très chère » pour un pays sous-développé et enclavé comme le Burkina Faso. Malgré la réalité du moment marquée par des attaques armées terroristes, fait sur lequel chaque candidat surfe en promettant vent et marée aux électeurs, le natif de N’Dorola, une localité de la province du Kénédougou dans les Hauts-Bassins, clame haut et fort qu’il va « supprimer » l’armée et réorienter son budget « colossal » vers d’autres secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation, l’emploi, entre autres.
A 63 ans, Dô Pascal Sessouma, journaliste de formation, méconnu du monde politique, compte briguer la magistrature suprême au Burkina Faso à la présidentielle du 22 novembre 2020. Cet ancien présentateur émérite du journal à la télévision nationale burkinabè (TNB) de 1981 à 1984 et 1997 à 2001, et à Télé Québec de Montréal de 1989 à 1996, avec sa riche expérience professionnelle car ayant parcourus plusieurs dizaines de pays du monde dont l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, le Costa Rica, le Nicaragua, la Tunisie, le Pakistan et le Canada et les Etats-Unis d’Amérique, compte ramener au Burkina, « la paix », le leitmotiv de son parti. Dans son programme de société, il propose de « supprimer » l’armée qui est, selon lui budgétivore.
L’armée, un luxe pour le Burkina Faso
Le candidat Dô Pascal Sessouma a annoncé qu’une fois élu le 22 novembre prochain, il supprimera l’armée qu’il considère comme un « luxe » pour un pays pauvre aux multiples priorités et urgences comme le Burkina Faso. A cette assertion, il soutient que : « Le Burkina Faso est un pays pauvre, très pauvre, car même l’eau est une denrée rare chez nous ». A en croire ce candidat, c’est cette réalité implacable qui forge son engagement politique.
Selon M. Sessouma, pour arriver à amorcer un développement au Burkina, il propose une fois arrivée au pouvoir de procéder à la suppression de l’armée dont il ne trouve pas trop l’utilité à l’heure actuelle depuis que le Burkina Faso « a fait la paix » avec ses voisins. « Qui viendra actuellement attaquer et pour quel intérêt ce pays le fera ? », s’est interrogé le candidat du parti pacifiste qui pense que cette ère où les pays africains se faisaient la guerre est révolue. Pour lui, il faut alors supprimer l’armée et orienter son budget dans les secteurs, notamment, de l’éducation et de la santé. Le candidat à cet effet, dit s’inspirer du Costa Rica, un pays pauvre de l’Amérique centrale, qui a suivi cette voie.
« J’ai eu à me rendre au Costa Rica et j’ai été frappé par la richesse de ce pays. Le pays est riche, les habitants sont riches et en bonne santé ; tous les enfants vont à l’école, obligatoire et gratuite jusqu’à 17 ans. J’ai cherché à savoir comment ils en sont arrivés là alors qu’ils n’ont rien. Ils m’ont répondu qu’ils ont fait des choix beaucoup plus bénéfiques à la population (car) cela faisait 50 ans qu’ils avaient supprimé l’armée », soutient Kiemdoro Dô Pascal Sessouma qui poursuit qu’« ils ont fait ce choix en espérant que rien ne leur arriverait et rien ne leur est arrivé. Conclusion, toutes les ressources qui étaient destinées à l’armée, ont été affectées à l’éducation et à la santé, exclusivement ».
Les solutions du parti « Vision Burkina » pour finir avec les attaques terroristes
Comment arriver à mettre fin aux attaques terroristes qui ont officiellement fait près de « 2 000 » militaires, paramilitaires et civils tués de janvier 2016 à nos jours ? Sur cette question, le journaliste rassure : « Si je suis élu président, je vous donne un délai de 18 mois pour éradiquer le terrorisme au Burkina ».
Et pour donner du contenu à ces propos, l’ex-enseignant en journalisme et communication à l’Institut des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ISTIC) de 2006-2010, compte, dans un premier temps, identifier et bien cerner le phénomène du terrorisme sur le territoire du pays des « Hommes intègres », dans un second temps identifier les commanditaires de ces attaques perpétrées sur le terrain par des exécutants et en troisièmement lieu, il va négocier avec ces derniers sans faire de compromissions.
Il est convaincu que l’armée burkinabè étant conventionnelle, sa seule puissance de feu ne pouvait arriver à bout des attaques armées qui elles se font en mode asymétrique, c’est-à-dire que les groupes armés opèrent de façon imprévisible. « Sur la question du terrorisme, ma position est claire, je vais négocier avec ceux qui nous attaquent. Je suis de ceux qui pensent que ce n’est pas à coups de canon que l’on triomphe d’une idéologie. Je pense être capable de ramener la paix et la sécurité en 18 mois par une approche holistique et inclusive », renchérit-il.
Dô Pascal Sessouma ou le candidat de la rupture
Parmi les 13 candidats en lice pour la course à Kosyam, M. Sessouma se distingue de par son projet de société. Par exemple, une fois élu, le candidat de « Vision Burkina » promet aux Burkinabè de mettre une politique en place pour permettre à ce que chacune des 13 régions du pays ait le pouvoir pour diriger, car, selon sa conviction, l’ethnie majoritaire Moaga, par le jeu de la démocratie, ne veut pas permettre à une autre ethnie de diriger le Burkina Faso.
Ainsi, avec sa vision, si par exemple le pouvoir doit être dirigé par la région du Sud-ouest, toutes les ethnies des autres régions qui se démarquent de par leurs noms, sont d’office exclus. Seuls les candidats portant les noms propres à la région du Sud-ouest seront admis, et il en sera ainsi pour toutes les autres ethnies, à chaque mandat. Avec cette vision, chaque région aura la chance d’être une capitale pendant son mandat.
Aussi, le journaliste-consultant, entend « suspendre le poste de Premier ministre ». Dô Pascal Sessouma veut ainsi « adhérer à un régime présidentiel fort ». Ce candidat annonce aussi vouloir travailler à écarter les chefs coutumiers de la politique. Il annonce également de profondes réformes dans la gouvernance pour atténuer la corruption, ramener le civisme, les valeurs d’intégrité, entre autres.
Par Bernard BOUGOUM