La Représentante de l’Unicef au Burkina, Anne Vincent, a animé ce vendredi 18 janvier 2019, une conférence de presse pour faire le bilan des actions de 2018 et les projections du Fonds des Nations Unies pour l’enfance pour l’année 2019. Il y a au moins «100 00 enfants qui ne peuvent plus aller à l’école» à cause notamment des attaques armées et des conflits inter-communautaires.
«Aujourd’hui, on est à près de 1 000 écoles fermées (et) presque 100 000 enfants qui ne peuvent plus aller à l’école», a déclaré la première responsable du Fonds des Nations Unies pour l’enfance, Unicef, Anne Vincent qui a noté que la seule région du Nord du pays enregistre «5 000 enfants». En dehors des cas spécifiques des attaques et des conflits inter-communautaires, «le Burkina Faso a toujours eu des problèmes» pour scolariser ses enfants, a souligné Mme Vincent qui reconnait néanmoins que le taux de scolarisation du pays s’est «beaucoup amélioré» de nos jours. L’Unicef, à la demande du gouvernement avait contribué avec d’autres partenaires, à identifier dans quatre régions «Nord, Centre-Nord, Sahel et Est) du pays, «plus de 5 000 élèves qui avaient des difficultés pour terminer leur année et prendre part aux examens de fin d’année».
En ce qui concerne l’insécurité alimentaire qui a fortement touché le pays en 2018, Anne Vincent a affirmé que «plus de deux millions de personnes» ont été touchées par le phénomène. Au total, «30 000 enfants atteints de malnutrition aiguë sévère» ont été enregistrés par le Fonds mondial. Sa responsable au Burkina explique cela par la mauvaise ou faible pluviométrie, la présence des oiseaux granivores et des chenilles qui ont détruit les récoltes. Le Fonds a pu prendre en charge, en appui au gouvernement «600 000 personnes qui ont bénéficié de l’aide».
Les attaques armées répétées dans le pays, les conflits inter-communautaires et le nomadisme de certaines communautés n’ont pas, non plus été sans conséquence. En effet, «50 000 personnes» ont été enregistrées en 2018 comme des «déplacés», selon les chiffres de l’Unicef. L’organisme dit avoir accompagné le gouvernement dans la prise en charge de «6 000 personnes» à travers le Conseil national de Secours d’urgence et de Réhabilitation (Conasur). Pour cette préoccupation, l’Unicef a promis appuyer le gouvernement qui veut installer quatre camps, investissant dans la réalisation de l’eau et de l’assainissement.
Au moins, «20 000 enfants sont dans les sites d’orpaillage artisanaux». Le travail du Fonds mondial pour l’enfance est de retirer ces enfants qui sont exploités, conformément à son plan de lutte relatif aux pires formes de travail des enfants. Et, à en croire la structure, c’est «plus de 5 000 enfants qui ont été retirés» de ces sites d’exploitations des mines et scolarisés. Relativement aux enfants, la Représentante de l’Unicef a laissé entendre que sa structure «n’a pas de programme spécifique» pour le retrait des enfants en situation de rue.
Quant au phénomène qu’est le mariage précoce, outre les cas de grossesses des enfants de moins de 18 ans que l’Unicef gère, le Fonds mondial procède à l’information et à la communication pour impliquer tous les intervenants. Pour Anne Vincent, « l’importance de convaincre les chefs traditionnels dans la lutte contre ce phénomène compte beaucoup » puisse que si les chefs sont favorables à leur lutte, la mise en œuvre du programme devient plus facile. Elle a salué l’épouse du chef de l’Etat, Sika Kaboré qui « est très investie » dans ce combat et celui pour l’eau et l’assainissement.
« Au Sahel tous les services sociaux sont déplorables. C’est la région qui est plus en arrière au Burkina. La région a été probablement beaucoup délaissée depuis une dizaine d’années », a déclaré Anne Vincent après que plusieurs questions ont mis cette région au centre des actions de l’Unicef. « Le mode de vie des communautés également ne facilite pas une mise en œuvre réussie des services sociaux de base dans cette région », a-t-elle ajouté, sans manquer de relever les attaques terroristes qui font que leurs zones d’intervention dans cette partie du Burkina sont «limitées».
Cette conférence, a-t-elle terminé, vise à renforcer le partenariat entre le Fonds mondial pour l’enfance et les organes de presse qui constituent un maillon indispensable à la réalisation de leurs différents programmes.
Par Bernard BOUGOUM