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Burkina/Projet PUDTR: Fada bénéficie de près de 30 milliards de F CFA d’investissement

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La commune de Fada N’Gourma, dans la région de l’Est du Burkina Faso bénéficiera à terme un investissement de près de 30 milliards de F CFA, dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’Urgence de Développement Territorial et de Résilience (PUDTR), une initiative de l’Etat burkinabè entièrement financé par la Banque mondiale. Grâce à ce projet, plusieurs infrastructures y ont été construites et d’autres en cours de réalisation. Il s’agit notamment d’une salle polyvalente de 1 000 places, des ouvrages d’assainissement, des voiries, des infrastructures sanitaires et scolaires, l’appui à 13 associations de la ville avec plus de 100 millions de F CFA pour la réalisation d’activités génératrices de revenus au profit des personnes déplacées internes et des populations hôtes. Une équipe de journalistes en caravane, dans la localité du 26 au  27 juin 2024, ont fait le constat des investissements.

Le Projet d’Urgence de Développement Territorial et de Résilience (PUDTR) a été pensé en vue de «lever les contraintes au développement local d’une part, et d’autre part, corriger le sentiment d’abandon ressenti dans la région en accordant une attention particulière aux besoins exprimés par la population», selon les initiateurs. Il œuvre aussi au renforcement de la résilience des personnes déplacées internes et des populations hôtes. Sa mise en œuvre débuté le 1er avril 2021 et qui prendra fin en 2025, bénéficie à plusieurs régions, notamment la Boucle du Mouhoun, de l’Est, du Centre-Est et du Centre-Ouest. Intervenant également dans les secteurs du développement rural, il touche ainsi l’ensemble du territoire national. Parmi les communes bénéficiaires, il y a Fada N’Gourma, dans l’Est du pays, où environ 30 milliards de F CFA sont prévus à y être injectés.

Etant l’une des principales bénéficiaires des interventions du PUDTR, la commune de Fada N’Gourma brille de nos jours grâce aux infrastructures réalisées, notamment dans le secteur de la santé, de l’éducation, des voiries et l’assainissement, de l’action sociale et de l’investissement pour la relance économique locale.

Route et caniveaux construit par le PUDTR

«47,5 km de canaux d’assainissement et de drainage, 42 km de voiries, dont plus de 30 km revêtus en bitumine ou en pavées et 12 km en terre, 30 km d’éclairage public solaire et quatre feux tricolores solaires, plusieurs ouvrages de franchissement et de bosquets», y ont été réalisés grâce à un investissement de estimé à 25 347 386 887 F CFA.

Selon, Jacob Guiguemdé, assistant en infrastructures du PUDTR et ingénieur en génie civil, les zones de réalisation de la plupart de ces infrastructures, étaient inondables, notamment le secteur 3 de la ville qui était presque inhabité compte tenu des inondations. «Avec l’appui de la Banque mondiale et le projet, nous avons eu l’idée d’aménager. Actuellement nous pouvons évacuer une quantité importante d’eau et ces eaux sont drainées jusqu’au niveau du barrage. Il y a une partie importante, aussi, des évacuations qui a été orientée vers l’aval du barrage pour éviter qu’(il) n’accueille pas beaucoup d’eau puisque la digue n’a pas été dimensionnée pour recevoir toutes cette quantité d’eau», a expliqué M. Guiguemdé.

Un des bénéficiaires Rasmané Pasgo

Ces infrastructures ont changé les conditions de vie des Fadalais, notamment des habitants des quartiers inondables. «Avant c’était la galère mais avec la réalisation des caniveaux et de la route pavée, on vit à l’aise. On est vraiment content de leur travail», a dit un des bénéficiaires Rasmané Pasgo qui a exprimé sa satisfaction. Pour lui cela a «arrangé la ville, (et ils) circulent mieux». «Avant ces réalisations, à chaque fois il y avait des inondations, les voies n’étaient pas praticables», a poursuivi M. Pasgo.

Idrissa Kantagba est un habitant du secteur 2, une zone très inondable à Fada. Il se réjoui de ces réalisations et a tenu à remercier les autorités communales et nationale. «Il y a trois ans de cela, on ne pouvait pas passer par cette zone. Tout le quartier était inondé jusqu’au secteur 3», a témoigné M. Kantagba. «On constate aujourd’hui que l’eau ne reste même plus à côté», a-t-il dit se réjouissant de l’allègement de leur souffrance.

Idrissa Kantagba est un habitant du secteur 2, une zone très inondable à Fada

Pour lui, ces réalisations ont changé la ville de Fada. «Vous-même vous voyez la configuration. Le soir même à partir de 18h – 19h on ne pouvait pas passer par là et voilà qu’aujourd’hui, il y a des lampadaires. Nous faisons même notre sport le soir ici, donc cela dénote de l’importance de ces infrastructures. Le soir vous constaterez qu’il y a des jeunes et des femmes qui s’adonnent au sport, ici, ce qui était rare dans la commune de Fada».

CSPS réalisé par le PUDTR à Fada

Comme souligné plus haut, la commune a bénéficié aussi de l’appui aux secteurs de l’éducation, de la santé, de l’eau potable et de la sécurité alimentaire à travers notamment de la construction de deux CSPS complets et équipés, d’un centre de transit et d’écoute, d’un bâtiment administratif (un bâtiment à niveau composé de 16 bureaux, deux salles de réunion interne et une salle de réunion externe) au profit du ministère en charge de l’Action sociale ainsi que de deux Centres d’éveil et d’éducation préscolaires.

Centre de transit et d’écoute

Il y a aussi la construction en cours d’une salle polyvalente de 1 000 places d’un coût globale d’au moins 2 511 550 100 F CFA, dont les travaux ont été lancés le 10 juin 2023 et la fin des travaux est prévue en octobre 2024. «La salle polyvalente (…) vise à donner à la région de l’Est une grande infrastructure d’accueil qui permet de réunir les fils et les filles de cette région pour discuter sur les questions de développement au niveau de la région», a fait savoir le coordonnateur du PUDTR, Zwadéyi Martial Wilfried Bona Bassole, qui a rappelé que «c’était la seule région qui n’avait pas une salle de grande capacité qui permet d’accueillir» du grand monde.

Le coordonnateur du PUDTR, Zwadéyi Martial Wilfried Bona Bassole

Selon M. Bassole, «la salle est modulée pour permettre d’avoir en permanence de la vie ici avec des salles de petite capacité mais également une possibilité de modulation de la grande salle pour passer de salle de 1 000 places à des salles de 100 places, 100 places ou 200 places». Cette salle polyvalente dispose également d’ «une salle de 50 places qui permet d’avoir de l’activité permanente et pouvoir garantir la fonctionnalité et la durabilité de cette infrastructure», a-t-il rassuré.

Construction de la salle polyvalente

Après une visite du chantier le jeudi 27 juin 2024, le coordonnateur du PUDTR a exprimé sa satisfaction par rapport à l’état d’avancement des travaux de construction de cette infrastructure. «Il faut dire que la première pierre a été déposée par le 10 juin 2023 et actuellement le taux d’exécution des travaux est à 75% pour un délai consommé d’un peu plus de 70%. On note que les entreprises sont en avance sur le délai consommé et elles ont promis de remettre l’infrastructure avant la fin du délai», s’est-il réjoui.

Le projet a également appuyé 13 associations de la ville de Fada. Cet appui est évalué à plus de 100 millions de FCFA pour la réalisation d’activités génératrices de revenus au profit des personnes déplacées internes et des populations hôtes. Parmi ces associations, il y a l’Association teeg-wendé des femmes déplacées internes du Gourma qui compte 70 femmes, tous des déplacés internes et l’Association féminine Otayienou du Gourma qui regroupe également 70 membres dont des déplacés internes. 

Des produits de l’association teeg-wende

L’Association teeg-wende des femmes déplacées internes du Gourma présidée par Mariète Compaoré, produit du couscous de maïs, couscous de petits miles, des cacahuètes, du soumbala, du savon et fabrique des chaussures à l’aide des pneus usés. Selon Mme Compaoré, sa structure associative a bénéficié d’un «fonds de roulement et du matériel composé entre autres de marmites, plat, des tables à étalage». Elle a eu en tout un appui de 7 643 600 F CFA.

L’Association teeg-wende des femmes déplacées internes du Gourma présidée par Mariète Compaoré

«Avant, on n’avait pas assez de matériel pour produire. Aujourd’hui grâce au projet, on dispose du matériel et un fonds de roulement. On arrive maintenant à satisfaire nos clients. Avant quand quelqu’un vienne commander, tu es obligé de dire à la personne d’amener avance ou de prendre un peu, un peu. Maintenant on a la capacité de livrer à tout temps à nos clients», a dit la présidente de l’Association teeg-wende des femmes déplacées internes du Gourma.

Des productions de l’Association féminine Otayienou du Gourma

Quant à l’Association féminine Otayienou du Gourma, elle fait aussi la transformation des produits locaux tels que le soumbala, la beurre de Karité, le savon liquide et le savon solide. Elle a bénéficié d’un appui de 11 993 200 F CFA du PUDTR.

La première responsable de cette association, Fatimata Lompo

La première responsable de cette association, Fatimata Lompo a remercié le PUDTR qui les a aidés avec l’équipement et le financement. «Avant l’arrivée du PUDTR, on n’avait pas de matériel ni le financement pour produire. On faisait un sac d’amandes de karité le mois, mais aujourd’hui on arrive à faire au moins quatre sacs dans le mois», a fait savoir Mme Lompo, soulignant que pour ce qui est du savon, elle pouvaient faire cinq cartons mais avec le soutien du PUDTR, elles peuvent atteindre au moins 20 cartons le mois s’il y a commande. «Nos conditions ont beaucoup changé. Comme on peut beaucoup produire, on peut dire que le bénéfice aussi a augmenté. On peut dire que chaque femme peut arriver à subvenir aux besoins de sa famille», a-t-elle poursuivi.

Le coordonnateur du PUDTR, Zwadéyi Martial Wilfried Bona Bassole

«La ville de Fada est l’une des villes où le projet concentre ses interventions pour la simple raison que c’est l’une des villes qui accueille un nombre important de déplacés internes», a soutenu le coordonnateur du PUDTR Zwadéyi Martial Wilfried Bona Bassole, soulignant qu’ «au niveau de Fada, la population a pratiquement doublé avec l’arrivée des personnes déplacées internes qui a fait passer la population à un peu plus de 100 000 à plus de 200 000 habitants». «Il était donc de bon ton pour le gouvernement d’intervenir ici pour aider à renforcer la résilience de la ville, mais également aider aussi bien les populations hôtes que les populations déplacées internes à pouvoir être un peu plus résilient et les aider à avoir des activités génératrices de revenus», a signifié M. Bassole. 

Le Projet d’Urgence de Développement Territorial et de Résilience (PUDTR) est une approche holistique que l’Etat burkinabè a initiée avec l’appui de la Banque mondiale, en vue d’apporter un traitement diligent de l’ensemble de ces problématiques engendrées par la crise sécuritaire et de permettre la reprise des activités dans les zones fragiles. Il est doté d’une enveloppe de 473 millions de dollars US, soit environ 260,15 milliards de FCFA, entièrement financé par la Banque mondiale.

Par Daouda ZONGO