Accueil Economie Burkina: quels sont les secteurs prioritaires selon le budget de l’Etat 2023?

Burkina: quels sont les secteurs prioritaires selon le budget de l’Etat 2023?

0
Une vue du Conseil des ministres (Ph. d'archives)

Le Burkina Faso, en l’espace d’une année, a enregistré deux coups d’Etat militaires avec en toile de fond la crise sécuritaire sans précédent que le pays des « Hommes intègres » traverse depuis 7 ans. Dans le projet de budget de l’Etat, exercice 2023, estimé à « 3 235,91 milliards de FCFA », il apparait que les secteurs prioritaires des nouvelles autorités de la Transition sont la lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intégrité du territoire, la réponse à la crise humanitaire, la refondation de l’État et l’amélioration de la gouvernance et la réconciliation nationale et la cohésion sociale. Le montant alloué à ces quatre secteurs prioritaires est estimé à « 894,693 milliards de FCFA».

Les autorités burkinabè ont établi un plan d’actions de transition, adopté avec des priorités clairement établies dans le projet de budget, exercice 2023. Selon une analyse du Centre d’étude et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP), une structure regroupant des Organisations de la société civile, les dépenses consacrées aux priorités du capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition actuelle, sont estimées à « 894,693 milliards de FCFA, représentant 27,65% des dépenses budgétaires de l’année 2023».

Le projet de Loi de Finances 2023 indique que les nouvelles autorités burkinabè ont priorisé quatre grands domaines à régler pendant cette Transition. Il s’agit des secteurs de la sécurité et défense, de la réponse à la crise humanitaire, de la refondation de l’Etat et la réconciliation nationale qui continue de polariser les débats dans l’opinion, surtout les acteurs politiques.

La désagrégation de ces dépenses selon les priorités indique que la priorité « Sécurité et Défense » va absorber environ « 690,282 milliards de FCFA, soit 21,33% des dépenses totales ». Le secteur de la réponse à la crise humanitaire, conséquence directe de l’insécurité, recevra environ « 161,955 milliards de FCFA du budget, soit 5% des dépenses totales ».

La question de la refondation de l’Etat et de la réconciliation nationale seront dotées respectivement de « 34,555 milliards de FCFA (1,07%) et 7,899 milliards de FCFA (0,24%).

A travers ces paramètres du projet de budget de l’Etat 2023, les autorités de la transition qui ont en gros deux ans pour contenir la menace sécuritaire et organiser des élections vont lutter contre le terrorisme, restaurer l’intégrité du territoire national et assurer la sécurité dans une dynamique progressive et de consolidation » et apporter une réponse efficace et urgente aux drames socioéconomiques et communautaires provoqués par l’insécurité.

Les nouveaux gouvernants veulent également renforcer la gouvernance, lutter contre la corruption et les infractions connexes par la mise œuvre de réformes hardies et requises dans tous les secteurs ; assainir et refonder la vie publique en la débarrassant des vices et pratiques contraires aux valeurs et principes républicains ; assurer un retour à une vie démocratique portée par une nouvelle république au service des idéaux et aspirations profondes du peuple et œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale.

Il faut noter que l’élaboration du budget 2023 s’est faite dans un contexte sécuritaire plus que jamais délétère marqué par la persistance et la recrudescence des attaques terroristes et l’augmentation du nombre de déplacés internes fuyant les conflits estimés aujourd’hui à environ deux millions de personnes. En juin 2022, les autorités estimaient à 40%, la portion du territoire burkinabè qui était hors de contrôle de l’Etat.

Face à la persistance de la crise sécuritaire attribuée à l’incompétence des autorités démocratiquement élues en novembre 2020, un coup d’arrêt à la démocratie a été donné à travers la prise du pouvoir par les militaires membres du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR 1) le 24 janvier 2022. Mais cela n’a pas réglé la question au point où un deuxième coup d’Etat militaire à l’allure d’une insurrection populaire de la jeunesse est survenu le 30 septembre 2022 renversant ainsi le pouvoir en place depuis le 24 Janvier 2022, après seulement un peu plus de huit mois de gouvernance.

Par Bernard BOUGOUM