Des organisations de la société civile burkinabé ont organisé, le mercredi 13 décembre 2023, à Ouagadougou, un panel à l’occasion des 25 ans de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons d’infortune. Au cours de la conférence publique, le secrétaire général du Mouvement burkinabé des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP), Ali Sanou a déploré qu’après un quart de siècle après le drame de Sapouy, «rarement (le Burkina) a été aussi divisé entre patriotes et apatrides».
Le panel s’est tenu, le mercredi 13 décembre 2023, à Ouagadougou, sous le thème: «Respect des libertés et promotion de la bonne gouvernance comme facteurs de résilience dans le contexte actuel de crise sécuritaire». Un sujet principal qui a été exposé en deux sous thèmes et dont les panélistes sont revenus sur des mesures de gouvernance prises sous le régime du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR 2).
«Lorsque nous regardons les personnes qui sont réquisitionnées, nous nous rendons compte qu’il s’agit de réquisitions-sanctions qui visent à étouffer toute voix discordante. Notre pays aujourd’hui, n’en a pas besoin. Il n’en a pas besoin parce que, de notre point de vue, il faut travailler à ce que les libertés qui ont été chèrement acquises soient sauvegardées», a soutenu le Secrétaire général du Mouvement burkinabé des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP), Ali Sanou. Selon lui, «rarement notre pays a été aussi divisé entre patriotes et apatrides».
Pour M. Sanou, «sur le principe de la responsabilité en matière des droits de l’Homme, l’État est le principal garant des droits humains dans un pays». «À ce titre, il est responsable du respect des droits humains sur son territoire. Il doit mettre tout en œuvre pour que les citoyens qui vivent, sur un territoire, aient leurs droits», a d’emblée rappeler le secrétaire général du MBDHP, Ali Sanou.
Sur la question de pouvoir conjuguer la lutte contre l’extrémisme violent aux notions conventionnelles de la Déclaration universelle, le communicateur n’a pas manqué de reconnaître l’embarras du choix que pourrait avoir les autorités politiques burkinabè du moment.
«Aujourd’hui, le terrorisme entraine des morts d’hommes. Nous avons plusieurs milliers de nos compatriotes, civils comme militaires, qui sont tombés du fait de l’action des groupes armés terroristes. Ce qui constituent des atteintes aux droits humains. Notre pays est dans une situation humanitaire désastreuse qui constitue également une remise en cause d’un certain nombre de droits humains: le droit à l’éducation quand on voit le nombre d’écoles fermées, le droit à la santé quand on voit des centres de santé fermés, le droit à l’alimentation quand on voit le déplacement forcé des populations, (…) le droit à la vie. C’est donc dire que le terrorisme est en lui-même une négation des droits humains. Il entraîne une remise en cause systématique de ces derniers», a reconnu le militant du mouvement des droits de l’Homme dans sa communication portant sur le thème: «Respect des droits humains et liberté: principes fondateurs et réalités actuels».
Le secrétaire général du MBDHP Ali Sanou, parlant du respect des libertés, a rappelé que «ces derniers mois, nous constatons qu’il y a des velléités de remises en cause de la liberté de la presse (au pays des Hommes intègres)». «Il y a des actes mêmes qui tentent de remettre en cause les libertés démocratiques dans notre pays. La situation de guerre que nous traversons ne devrait pas pouvoir justifier cela», a-t-il martelé.
Depuis 2015, en effet, le Burkina s’est retrouvé dans des situations d’insécurité et humanitaire. Des évènements qui ont fait beaucoup de victimes, notamment des morts au sein des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), des civils et des personnes déplacées internes.
Le second sous-thème de la conférence publique est intitulé comme suit : «Défis sécuritaire et gouvernance vertueuse : réalités actuelles et perspectives».
«Pendant que l’État et tout le monde font face aux conséquences du terrorisme dans notre pays, le Ren-lac a fait le constat que l’état de la corruption a aussi augmenté. Non seulement elle augmente en chiffre car, selon un rapport de 2021, sur un total de 10 Burkinabè enquêtés, 8,5 ont reconnu que la courbe de la corruption est ascendante. Cela n’épargne aucun secteur à commencer par l’administration, les services de base tels que la santé, l’alimentation et surtout au sein des FDS. Ces derniers occupent les cinq premiers rangs du tableau national de la corruption», a témoigné le secrétaire exécutif adjoint du Réseau national de Lutte anti-corruption (Ren-lac), Ouédraogo Pisyemba.
De ces faits, a poursuivi M. Pisyemba, «nous interpellons incessamment les plus hautes autorités de ce pays, pendant que nous sommes dans la lutte contre le terrorisme on ne peut pas faire l’économie de la lutte contre la corruption parce que les deux sont liées et s’entretiennent mutuellement». «La lutte contre le terrorisme est une nécessité vitale. La lutte contre l’impunité et la corruption en sont aussi», a-t-il conclu.
À l’endroit de tous les Burkinabè, le secrétaire exécutif adjoint du Ren-lac, Ouédraogo Pisyemba a exhorté l’ensemble des populations à cultiver les valeurs civiques et morales. «On ne peut pas faire de greffe sur un arbre mort. Les grands maux qui minent notre pays émanent des grandes crises (l’incivisme et ses corollaires) qui frappent notre société», a-t-il averti.
Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)