Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur, Karamoko Jean-Marie Traoré, a affirmé, le lundi 20 mai 2024, que «réduire le financement» des activités relevant des programmes du Système des Nations, «c’est faire le choix de consentir de l’espace au terrorisme, à l’insécurité». C’était au cours de la première session du Comité d’orientation du suivi de la mise en œuvre du Plan d’action intérimaire des Nations Unies pour le Développement durable (UNIDAP) qui s’est tenue dans la salle de conférence du ministère à Ouagadougou.
Le gouvernement de la transition burkinabè a validé la deuxième phase de réalisation du Plan d’action intérimaire des Nations Unies pour le Développement durable (UNIDAP), lors de la première session du Comité d’orientation du suivi de la mise en œuvre de l’initiative, tenue le lundi 20 mai 2024, au ministère des Affaires étrangères, à Ouagadougou. L’ordre du jour a concerné essentiellement deux points, à savoir, la présentation du bilan 2023 de mise en œuvre de l’UNIDAP et la programmation pour 2024. Le coût de l’UNIDAP qui couvre trois ans (2023-2025) de mise en œuvre s’élève à «3420,9 millions de dollars US».
La position du gouvernement sur la diminution des financements des bailleurs de fonds
La rencontre a été présidée par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur, Karamoko Jean-Marie Traoré, assisté par son collègue du département de l’Economie, des Finances et de la Prospective, Aboubakar Nacanabo, des cadres des deux ministères et des responsables du Système des Nations Unies. A cette rencontre, il a été posé la question du portefeuille qui se rétrécit de plus en plus au regard de plusieurs situations difficiles dans le monde.
Mais, pour le chef de la diplomatie burkinabè, il faut trouver d’autres solutions que de diminuer les fonds qui seront alloués pour la concrétisation des projets en vue de soulager les populations très éprouvées par le phénomène du terrorisme qui sévit dans le pays plus de huit ans maintenant. «Je maintiens que le choix de réduire les financements (…) c’est faire le choix de consentir de l’espace au terrorisme, à l’insécurité. Faire le choix de consentir de l’espace au terrorisme en réduisant le financement, pour moi, n’est pas la bonne démarche», a-t-il insisté face à l’assistance, lors des débats ayant précédé la validation de la deuxième phase de l’UNIDAP.
Pour M. Traoré, les financements ne manquent pas. «Je pense que c’est aussi une réalité, c’est vrai que les problèmes se multiplient, mais je ne pense pas que ce soit une absence de financement. Nous avons compris quelque part que souvent, la fermeture du robinet se fait sur la base de simple principe», a déclaré le ministre.
«Mais, lorsqu’on suspend un financement sur la base d’un principe, on n’arrête pas pour autant le problème auquel ce financement était destiné. Il faut qu’on puisse s’accorder là-dessus et avoir un narratif qui amène les gens à se décider pour nous accompagner dans cette lutte parce qu’il ne s’agit pas des problèmes circonscrits à la seule limite du Burkina, c’est un problème qui menace tout le monde entier», a soutenu le chef de la diplomatie burkinabè.
Genèse de l’UNIDAP
C’est en juin 2023 que le gouvernement et le Système des Nations Unies ont procédé à l’élaboration d’un plan d’action, à la lumière du plan d’action de la transition et aussi du Plan national de développement économique et social (PNDES II) et d’un certain nombre de documents de stratégies nationales. Ce plan d’action était articulé autour des priorités de la transition et se voulait un instrument de pilotage orienté sur des objectifs qui sont prioritaires pour le Burkina Faso. L’élaboration de ce plan d’action a été suivie de la mise en place d’un comité pour permettre de faire un suivi régulier.
La réunion du comité d’orientation «nous a permis de faire le point avec nos partenaires, l’ensemble des agences des Nations Unies pour évaluer ensemble le parcours qui a été fait, déterminer les difficultés qui ont émaillé la mise en œuvre des activités, mais aussi réfléchir sur les perspectives pour 2024», a précisé Karamoko Jean-Marie Traoré, rappelant que l’UNIDAP a été élaboré sur la période 2023-2025.
«Aujourd’hui, nous avons eu l’opportunité d’examiner le rapport préparé par le comité technique et qui fait le point, tant du point de vue des activités, des résultats que ces activités ont permis d’atteindre, mais aussi d’évaluer ce qui nous reste en termes de parcours pour atteindre les objectifs qui sont liés à chacun des résultats», a-t-il poursuivi. Il a relevé que les participants ont aussi eu l’occasion de voir ensemble «la mobilisation des ressources financières qui a pu être faite et il est ressorti que pour la première année, 22% des recettes pour les trois ans ont pu être mobilisés».
Cela, a-t-il enchaîné, «peut paraitre faible, mais je pense que c’est déjà quelque chose et ensemble, nous avons convenu de travailler à davantage de mobilisation, même si nous savons que le défi est immense avec une tendance à la baisse des ressources». Cet exercice a permis aux deux parties de se réapproprier l’outil qui leur permettra de se mettre à niveau, les uns et les autres, pour partager des idées et voir dans quelles mesures elles pourront optimiser la mise en œuvre de ce plan d’action.
Les actions de l’UNIDAP prennent en compte les quatre piliers des ODD
Après une année de sa mise en œuvre, le coordonnateur résident par intérim du Système des Nations Unies au Burkina salue déjà la tenue effective de ce comité conjoint stratégique. «Nous saluons ce niveau de dialogue stratégique très élevé entre les deux institutions et en matière d’acquis, il faut souligner qu’on a eu 22% de mobilisations des ressources et il faut multiplier des efforts pour avancer», a dit M. Akpadji.
De façon spécifique, par rapport aux Objectifs de développement durable (ODD), les quatre piliers des ODD que couvre UNIDAP avec les accélérateurs transversaux que sont les jeunes et les femmes, l’on peut retenir au sortir de cette rencontre qu’en ce qui concerne les questions de la paix, beaucoup d’investissements ont été réalisés en matière de renforcement des capacités des institutions et des communautés sur toutes les questions des préventions des conflits, de leur résolution pacifique. «Nous avons noté que 45 cas de conflits potentiels ont été réglés de façon pacifique et 11 000 survivants basés sur le genre ont été pris en charge de façon holistique», a précisé Alain Akpadji.
Pour ce qui concerne la question du pilier qui touche aux personnes, on note, également, à propos des volets de la santé, de l’éducation, de l’assainissement et l’eau potable, que beaucoup d’investissements ont été réalisés. «On note surtout le chiffre phare de plus de 4 millions d’enfants qui ont bénéficié de la vaccination contre la poliomyélite et plus d’un million de femmes enceintes qui ont bénéficié des services sociaux, des services de santé», a indiqué Alain Akpadji.
Pour ce qui est de la lutte contre le changement climatique, les questions d’autonomisation des femmes et des jeunes, la question de la prospérité, des activités de l’UNIDAP en 2023 «se sont focalisées sur un certain nombre d’initiatives comme l’offensive agropastoral» lancé par le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, selon les responsables, en vue du renforcement de la résilience des populations d’ici à la fin de ce cycle de programmation.
Pour l’année 2024, l’UNIDAP compte réaliser plus de 700 activités dans des domaines divers en vue de soulager les populations victimes des attaques terroristes.
Par Bernard BOUGOUM