Le président du Faso Roch Kaboré a procédé le 30 juin 2021 à un remaniement ministériel avec le départ du ministre en charge de la Défense nationale et celui de la Sécurité intérieure. Un changement où le chef de l’Etat a lui-même pris en main le portefeuille de la Défense nationale et des Anciens combattants appuyé dans cette tâche par un ministre délégué, un colonel-major de l’armée Aimé Barthélémy Simporé. Une situation sur laquelle les Burkinabè n’ont pas manqué de donner leur appréciation. Certains se sont confiés à Wakat Séra qui vous propose leur lecture dans les lignes qui suivent.
Ousséni Ouédraogo: «Ce changement peut impulser une nouvelle dynamique dans le gouvernement, mais aussi au niveau des troupes»
A mon avis, il s’agit d’un changement pour aller à une guerre contre le terrorisme. Si depuis longtemps, il y a eu des tollés au niveau des deux ministres changés, c’est juste dire que ce changement peut impulser une nouvelle dynamique dans non seulement le gouvernement, mais aussi au niveau des troupes engagées sur le terrain dans la lutte contre le terrorisme. Pour moi, c’est vraiment un bon choix, une bonne nouvelle qui vient à point nommé. Le reste maintenant, on va les juger à travers leurs propres actions, leur dynamisme, leur capacité à mener la lutte.
Rama Diallo: «Moi j’aurais plus aimé qu’il confie la Défense et la Sécurité à l’armée»
Concernant le départ du ministre de la Défense et celui de la Sécurité, je pense que c’est bien mais ce n’est pas arrivé. Le président qui assure lui-même la Défense et qui a nommé Maxime Koné à la Sécurité, à mon avis, cela va contribuer à juste changer un peu les choses. Puisque c’est l’exigence de la population qui a poussé le chef de l’Etat à prendre cette décision. Moi j’aurais aimé qu’il confie la Défense et la Sécurité à l’armée. Parce que les militaires, eux, sont sur le terrain, le maîtrisent bien et sont donc plus habilités à assurer par rapport à ceux qui sont là. De toute façon, on attend de voir les actions qu’ils vont mener dans les jours à venir. Mais pour l’instant, je reste sceptique. Se faire épauler par un ministre délégué qui est un militaire ne suffit pas à mon avis. Si c’était un militaire qui était à la Défense, ça serait encore mieux.
Mamadou Zongo, étudiant: «Il veut juste calmer la situation»
Ce que le Président du Faso vient de faire en remplaçant les deux ministres, celui de la Défense et de la Sécurité, je pense que ce n’est pas là la solution. Elle se trouve dans les actes concrets sur le terrain. Pour moi il veut juste calmer la situation, parce que les populations commençaient à sortir manifester leur mécontentement face à la situation sécuritaire de part et d’autre dans les différentes régions du pays. Et le fait que le chef de l’Etat occupe le poste de la Défense nationale, je pense que ce n’est pas la solution parce qu’il est déjà suffisamment chargé, président de la république, chef suprême des armées, président du conseil des ministres, etc. Et choisir un colonel-major pour le seconder, ça ne suffit pas pour juguler les problèmes qu’on vit actuellement. Déjà, le colonel-major en question qui est un ministre délégué, qui va donner des ordres à des généraux, ça pourrait être mal perçu, un problème de plus. Pourtant le président avait déclaré vouloir créer de la confiance dans les rangs de l’armée, notamment au niveau de la hiérarchie. Il fallait aller au-delà de ce mini remaniement et faire un profond changement.
Issaka Bouda: «Il faut aller au-delà de ce changement parce qu’on attend beaucoup de ce gouvernement»
Ce remaniement est pertinent, c’est pour répondre aux préoccupations des populations. Les hommes nommés ont des compétences dans les domaines concernés et leur nomination par le chef de l’Etat n’est pas un hasard. Mais je pense qu’il faut aller au-delà de ce changement parce qu’on attend beaucoup de ce gouvernement pour relever le défis de la sécurité. Mettre par exemple les hommes à la place qu’il faut et que chacun travaille honnêtement pour le bien du pays.
Cheick Omar Ouédraogo, étudiant: «C’est déjà un bon début»
Il faut dire que ce léger remaniement était attendu non seulement par la classe politique mais aussi par l’opinion nationale. Il intervient dans un contexte où il fallait redonner une confiance aux gouvernés et je pense qu’il est salutaire, même s’il ne répond pas à toutes les attentes de la population. Ce changement répond en partie aux attentes de l’opposition qui demandait le départ des ministres chargés de la Défense et de la Sécurité. On ne peut pas satisfaire un groupe à 100%, mais c’est déjà un bon début qui est fait avec ce mini remaniement. Et pour moi, il faut encore accorder du crédit à cet exécutif et c’est sûr que d’autres mesures suivront dans les jours à venir pour lutter contre ce fléau qu’est le terrorisme qui endeuille nos populations depuis 2015. Le changement à mon avis peut contribuer à lutter efficacement contre le terrorisme, parce que le président a lui-même repris le ministère de la Défense et s’est fait épauler par un colonel major, un officier de l’armée qui va lui apporter son concours et son soutien. On va leur accorder du crédit et voir dans les jours à venir si un changement véritable sera apporté dans la lutte contre le terrorisme.
Propos recueillis par Siaka CISSE (stagiaire)