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Burkina/Rentrée scolaire: «Les ordres d’enseignement sont durement frappés par la crise du PAS» (CEEB)

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Dans une déclaration transmise à Wakat Séra, la Coordination des élèves et étudiants du Burkina (CEEB) souhaite une bonne rentrée scolaires ainsi que les étudiants des universités et instituts d’enseignement supérieur privés qui ont repris le chemin des classes pour le compte de la rentrée académique 2018-2019. Cette Organisation scolaire et estudiantine a indiqué, dans ce document, que «tous les ordres d’enseignement sont durement frappés par la crise du Programme d’Ajustement structurel (PAS)».

DECLARATION DE RENTREE

Camarades élèves,

Camarades étudiantes et étudiants,

Depuis le 1er octobre 2018, les scolaires ainsi que les étudiants des universités et instituts d’enseignement supérieur privés ont repris le chemin des classes pour le compte de la rentrée académique 2018-2019. A cette même date, les étudiants des universités publiques victimes du chevauchement des années académiques ont quant à eux repris leurs activités académiques. C’est le lieu pour la CEEB de souhaiter une bonne rentrée académique à tous les élèves ainsi qu’aux étudiants  des universités et instituts d’enseignement supérieur privés. Aux étudiants des universités publiques, elle leur souhaite une bonne reprise des activités académiques. Elle félicite les élèves et étudiants qui ont passé avec succès leurs examens de fin d’année 2017-2018. A ceux qui pour diverses raisons reprennent leurs classes, elle leur prodigue ses encouragements.

Camarades élèves,            

Camarades étudiantes et étudiants,

La rentrée académique 2018-2019 se déroule dans un contexte d’aggravation de la crise profonde que connaît le système éducatif de notre pays depuis l’application des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) imposés par les institutions de Brettons-Wood.  Tous les ordres d’enseignement sont durement frappés par la crise. Au préscolaire, les crèches, garderies et autres écoles maternelles publiques n’existent pratiquement plus. Le préscolaire est désormais l’affaire du secteur privé qui pratique des frais de scolarité hors de portée des revenus modestes excluant ainsi de nombreux enfants de l’enseignement préscolaire.  Au  primaire, au post-primaire et au secondaire, la gratuité et l’obligation scolaire jusqu’à l’âge de 16 ans contenue dans la loi d’orientation de l’éducation  n’est toujours pas une réalité. En plus des frais de scolarité assez exorbitants, les parents d’élèves continuent de s’acquitter des cotisations APE et d’autres dites « spéciales » dont les montants varient d’un lycée à un autre. 

En serviteur zélé des institutions financières internationales, l’Etat s’est totalement désengagé du secteur de l’éducation, laissant libre cours au privé. Les infrastructures scolaires construites par l’Etat sont en deçà des besoins.  

Le Premier Ministre Paul Kaba Thiéba affirmait  le 12 avril 2018 à l’occasion de son  discours sur la situation de la Nation que son gouvernement a pu construire 767 salles de classes au primaire dont 363 pour la résorption des écoles sous paillotes en 2017 sur les 5 331 dénombrées par le MENA en 2016.   Ces réalisations, comme l’on peut s’en apercevoir, ne représentent qu’un grain de sable dans un désert. Par ailleurs, on note la baisse du niveau général de l’enseignement, entrainant du coup  la dévalorisation des diplômes jadis prestigieux. Le taux d’échec aux différents examens reste élevé. Peut-il en être autrement si l’éducation des enfants de notre peuple est loin d’être une priorité de l’Etat néocolonial ?

Au supérieur, avec la reforme Licence-Master-Doctorat (LMD) appliquée de façon mécanique, les universités publiques du pays se trouvent dans un chaos  indescriptible, avec des années académiques aux débuts et fins imprévisibles, le bâclage de la formation avec notamment les cafouillages dans l’organisation des examens et délibérations, l’absence de certains curricula de formation, la réduction drastique des volumes horaires, la suspension voire la suppression pure et simple de certains  travaux dirigés et pratiques ou  des matières. Après le cycle Licence, les étudiants des universités publiques du Burkina sont obligés de débourser des sommes importantes pour assurer leur formation. C’est ainsi que le coût des frais de formation pour le cycle Master varie entre 300 000F et 1 200 000F. Un coût largement hors de portée des enfants du peuple. Cette situation oblige un nombre important d’étudiants à se limiter à la Licence.

Sur le plan social, les étudiants font toujours la course vers le restaurant universitaire pour avoir un plat, au regard du contingentement des plats servis. Au niveau des allocations, les boursiers sont en voie de disparition, puisqu’annuellement ce sont 2 300 nouvelles bourses qui sont octroyées. Pourtant ne serait-ce que le nombre de bacheliers chaque année atteint au moins 20 000. Dans ces conditions, l’aide FONER devient à juste titre une alternative pour la grande masse estudiantine. Mais cette aide est soumise à des critères iniques d’octroi excluant de son bénéfice bon nombre d’étudiants. Son montant est en plus dépassé aujourd’hui par le coût de la vie.

Le logement étudiant est aussi une denrée rare. Les rares « privilégiés » qui ont eu la chance d’avoir une chambre en cité vivent avec la hantise d’être jeté à tout moment dans la rue lors des manifestations (grèves, marches…) estudiantines pour de meilleures conditions de vie et d’études comme ce fut le cas en 2008, 2011, 2013 et 2015.

Sur le plan des libertés, on note toujours les violations répétées des franchises et libertés universitaires.   Ainsi, à l’Université Ouaga I Pr Joseph KI ZERBO, depuis un certain temps,  des cargos de CRS patrouillent nuit et jours   en violation fragrante des franchises et libertés universitaires telles que proclamées par les déclarations de Kampala et de Dar Es Salam. 

Ces dérives répressives du pouvoir MPP ont également touché  les élèves lors de la lutte patriotique menée par la Coordination Nationale des Syndicats de l’Education, pour une éducation de qualité accessible à tous. Pendant cette lutte, ils ont subi des répressions des forces hétéroclites (militaires, gendarmes, police nationale, compagnie républicaine de sécurité) avec une dizaine de blessés à Koudougou, Boussé et à Tita. A Tita,  des sacs et  environ  deux cents (200) engins des scolaires ont été détruits et d’autres jetés dans le barrage. Tous ces actes confirment que les anciens-nouveaux dirigeants du MPP n’ont pas fondamentalement de différence avec le régime de Blaise Compaoré qui, lui aussi, usait de ces mêmes méthodes barbares face à nos justes et légitimes revendications.

Au regard de cette situation désastreuse de l’éducation dans notre pays, la CEEB invite l’ensemble des scolaires et étudiants à  rester solidaire et à se tenir prêt pour les futures luttes qui s’avèrent inévitables cette année académique 2018-2019.                            

En avant pour la suspension du continuum et du LMD !

En avant pour une école démocratique et populaire!

Pain et liberté pour le Peuple !

Le Bureau Exécutif National

Ouagadougou, le 17 octobre 2018