Le Burkina Faso a conclu il y a deux jours, soit le mardi 7 juillet 2020, une vaste campagne de vaccination contre la polio. L’objectif était de vacciner 174 304 enfants de moins de cinq ans dans deux districts de la région Centre-Est du pays, tout en observant les mesures de prévention et de contrôle de l’infection par le COVID-19.
Cette campagne est la première à être menée depuis que le gouvernement a suspendu toute vaccination de masse le 27 mars dernier en raison de la pandémie de COVID-19 pour se conformer aux directives de distanciation physique visant à freiner la transmission du virus.
Alors que les campagnes de vaccination reprennent, les équipes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) des bureaux régionaux et nationaux ont formulé des recommandations à l’intention des pays et des travailleurs de première ligne afin d’assurer leur sécurité ainsi que celle des enfants et de leurs familles.
Tous les vaccinateurs et les travailleurs de la santé concernés ont été formés au maintien d’une distanciation physique pendant la vaccination. En outre, un total de 41 250 masques ainsi que 200 litres de désinfectant pour les mains ont été mis à la disposition des 2000 travailleurs de première ligne qui ont participé à la campagne de vaccination par l’intermédiaire du comité COVID-19 dans le pays.
Bien que les vaccinations de masse aient été suspendues, les structures sanitaires étaient toujours en activité, offrant des services de vaccination de routine. Cependant, les parents et personnes s’occupant des enfants ont exprimé une certaine hésitation à vacciner leurs enfants par crainte de contracter le COVID-19, ce qui a entraîné une baisse de 10 % des taux de vaccination, selon les équipes de l’OMS dans le pays.
« Nous ne pouvons pas attendre que la pandémie de COVID-19 soit contenue pour reprendre les activités de vaccination. Si nous arrêtons la vaccination trop longtemps, y compris contre la polio, les maladies évitables par la vaccination auront un effet néfaste sur la santé des enfants dans toute la Région », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
« Les campagnes menées par le programme d’éradication de la polio démontrent que la vaccination de masse peut être menée en toute sécurité dans le cadre de la stricte application des directives de prévention et de contrôle des infections de COVID-19 », a ajouté Dr Moeti.
Le Burkina Faso a obtenu son statut de pays exempt de poliovirus sauvage en 2015, mais il est actuellement l’un des 15 pays de la Région africaine qui connaissent des flambées de poliovirus circulant d’origine vaccinale, une forme rare du virus qui touche les populations non vaccinées et sous-vaccinées vivant dans des zones où les conditions de salubrité sont inadéquates et où les niveaux de vaccination contre la polio sont faibles.
Au 27 juin, le système national de surveillance des maladies avait détecté 10 cas de transmission de poliovirus circulant dérivés de vaccins dans les districts de Ouargaye, Bittou, Bogodogo, Kaya, Tougouri, Signoghin, Saponé et Dori, nécessitant une réponse urgente.
« La suspension des activités de vaccination, bien que nécessaire pour protéger les travailleurs de première ligne et la communauté, a fait baisser notre réponse à la circulation du poliovirus dérivé du vaccin. Toutefois, nos équipes ont travaillé sans relâche dans toute la Région pour s’assurer qu’en plus de soutenir la réponse au COVID-19, nous poursuivons la surveillance cruciale des maladies et planifions la relance de la réponse aux flambées de poliomyélite dès que la situation le permettra », a déclaré Dr Pascal Mkanda, coordinateur du programme d’éradication de la poliomyélite de l’OMS dans la Région africaine.
La Région africaine de l’OMS a mis en place une équipe inter-agences de réponse rapide en septembre 2019 pour mobiliser les réponses aux flambées de poliovirus circulant dans la Région dans un délai de 72 heures. Les campagnes consistent à mener trois séries de campagnes de vaccination dans les zones touchées dans un délai de trois mois, la première série étant menée dans les 14 premiers jours. L’équipe de réaction rapide a réussi à mettre fin à trois épidémies au Kenya, au Mozambique et au Niger.
Du 10 au 13 juillet, l’Angola prévoit une campagne de vaccination contre la polio, ciblant 1 287 717 enfants de moins de cinq ans. Le personnel de la campagne, qui compte 14 742 personnes, comprendra 4 309 vaccinateurs. Comme au Burkina Faso, des mesures strictes de contrôle de la prévention des infections sont en place, notamment la distribution de 90 000 masques et de 23 000 désinfectants de 500 ml par le ministère de la Santé du pays.
Note aux rédacteurs
La polio est une maladie virale, qui se transmet de personne à personne, principalement par voie fécale-orale ou, moins fréquemment, par des eaux ou des aliments contaminés, et se multiplie à l’intérieur des intestins.
Bien qu’il n’existe pas de remède contre la polio, la maladie peut être évitée par l’administration d’un vaccin simple et efficace. C’est pourquoi des efforts sont en cours dans tous les pays pour rehausser rapidement le niveau d’immunité des enfants et les protéger contre la paralysie due à la polio.
Aucun poliovirus sauvage n’a été détecté en Afrique depuis 2016. Cela contraste fortement avec 1996, année où le poliovirus sauvage a paralysé plus de 75 000 enfants dans tous les pays du continent. La Commission régionale africaine de certification (ARCC), la commission indépendante désignée pour certifier l’éradication du poliovirus sauvage dans la Région africaine de l’OMS, devrait certifier que la Région est exempte de poliovirus sauvage en août 2020.
À propos de la circulation du poliovirus dérivé d’un vaccin dans la Région africaine
Les poliovirus dérivés de vaccins sont rares, mais ces virus affectent les populations non vaccinées et sous vaccinées qui vivent dans des zones où les conditions sanitaires sont inadéquates et où le niveau de vaccination contre la polio est faible. Lorsque les enfants sont vaccinés avec le vaccin oral contre la polio, le virus atténué du vaccin se réplique dans leurs intestins pendant un court laps de temps afin de développer l’immunité nécessaire, puis il est excrété par les matières fécales dans l’environnement où il peut muter. Si la couverture vaccinale contre la polio reste faible dans une communauté et que l’assainissement reste inadéquat, les virus mutés seront transmis aux populations sensibles, ce qui entraînera l’émergence de poliovirus dérivés du vaccin.
L’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Ghana, le Mali, le Niger, le Nigéria, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Tchad, le Togo et la Zambie sont confrontés à une faible couverture vaccinale de routine, à un rejet de la vaccination, à un accès difficile à certains endroits et à des campagnes de vaccination de mauvaise qualité, ainsi qu’à des problèmes de sécurité, qui ont rendu difficile la vaccination de la totalité des enfants.