Dans cet écrit, Mamadou Djibo Baanè-Badikiranè, Philosophe, fait l' »Eloge de la Réconciliation au Faso! » C’est ce qu’il développe quand il dit ceci: « Tendons-nous la main pour bâtir ensemble les conditions de crédibilité pour la pleine renaissance du Faso, de l’Etat démocratique, efficace, social et égal ».
Nous sortons de la parenthèse désastreuse du régime MPP qui a subsumé sous le concept de réconciliation, le perfide «On a chassé personne». Une conduite à la Schadenfreude qui consiste à se réjouir du malheur des autres. Pendant 7 ans, entre insouciance et inaptitude à la claire conscience de la décision, le Burkina Faso sombrait, les décisions fortes sitôt promises sitôt remises aux calendes grecques. Que les ripailles se démultiplient pour les dirigeants ! Une incurie qui a confondu réconciliation et non contrainte d’un citoyen à l’exil ! Lorsque nous appelions à la réconciliation, notre intérêt commun, dès 2014 au sein de la technostructure Compaoré, ce fut de faire le constat que la nation était advenue ce que Alain Badiou nomme le « multiple inconsistant ». Cet état de fait exigeait un juste réconciliateur, un évènement. C’est ce que nous nommions la création de l’évènement, la connexion émotionnelle des citoyens à celui-ci. La force tellurique de cet évènement déconstruit les obstacles psychologiques, objectifs aux fins de la reconfiguration du temps de l’histoire burkinabè par une mémoire commune. Un continuum qui laisse une trace heureuse dans les consciences citoyennes et partant dans la conscience nationale. Parce que chaque évènement laisse toujours une trace et celle-ci permet aux dirigeants politiques de construire un artefact, suivant Fernand Braudel, qui permette à la communauté nationale de se reconnecter à l’espérance. Ainsi l’espoir et le bien commun en route, chacun dans la poursuite de son bonheur, sera accompagné par le Bon gouvernement.
La réconciliation bien comprise aurait ainsi procuré une légitimité, vu celle perdue dès les pogroms de Yirgou par l’incurie de nos dirigeants déchus, à la gouvernance. Parce que la réconciliation des Burkinabè structure la résistance face au péril djihadiste et renvoie chacun dans ses tâches de progrès social, sans peur. Hélas, la peur de perdre le pouvoir fut leur mantra. Donc la perte du pouvoir. Renvoyer le devoir de réconciliation comme simple agenda de convenance personnelle et de conservation du pouvoir, ce calcul sournois, c’est le choix de la calamité et de la fin brutale du régime. Une fin abrupte qui a même tardé à être notifiée à qui de droit.
Que vaut la légitimité électorale -à concéder même qu’elle soit de participation massive et qu’elle ne soit pas frelatée par la corruption- sans paix, sans Etat capable d’assurer les services universels de base à tous les citoyens, partout ? Nous sommes contre les pronunciamientos. Comme Albert Camus qui disait qu’entre la justice et sa mère, il choisissait sa mère, nous disons qu’entre le régime Mpp et le Burkina, nous choisissons la mère- patrie. Le 4 novembre 2014 dans une Tribune, nous avons condamné les 3 coups d’Etat superposés des 30 et 31 octobre 2014. Je ne peux pas, hélas, condamner le coup de force du MPSR. Parce qu’en 2014 le leadership du Président Compaoré avait produit la paix, la sécurité, la stabilité et le développement. Le Président Compaoré a respecté la Constitution de 1991 jusqu’à sa propre ruine. Preuve de patriotisme constitutionnel et productif de bilan incomparable au désastre sous nos yeux. Pouvait-on, citoyens respectueux de la Constitution, laisser le Président Kaboré finir son deuxième mandat sous le sceau de la rétention de l’agir décisif qu’il incarnait au péril de l’existence même de notre Burkina ? Non. D’ailleurs, nous revenons à la charge avec notre proposition de 2014 à inscrire dans notre arsenal juridique le référendum révocatoire pour renvoyer les élus, quels qu’ils soient, inaptes à la gouvernance vertueuse, incapables avérés, corrompus pusillanimes, ethnicistes et confessionnalistes contre le bien de la République. Ecourtons ces mandats par le référendum révocatoire.
Burkinabè, n’attendons plus d’être au cimetière pour quitter la mêlée des partisans intransigeants de la guerre civile que les élites dirigeantes ont conduit dès 2014 contre la paix, la cohésion nationale et le vivre ensemble convivial.
Oui, au sortir des 3 putschs superposés et convertis en insurrection de 2014 et surtout à l’arrivée du MPP aux affaires en 2015, la tâche de réconciliation des citoyens était moins titanesque que celle à laquelle le Président Abraham Lincoln était confronté en 1863. Moins ardue dans l’exacte mesure où elle s’épelait en devoir de mémoire de la fraternité, en lieux de mémoire de la concorde nationale depuis l’Indépendance avec le patriote et souverainiste, le Président Maurice Yaméogo, la sagesse et l’intégrité personnelle du Général Aboubacar Sangoulé Lamizana, le leader panafricaniste Thomas Sankara et le bâtisseur du Burkina moderne, le Président Blaise Compaoré. Il suffisait aux dirigeants du Mpp de faire droit aux preuves de la paix fraternelle inter-burkinabè pour fermer la fâcheuse parenthèse des haines interpersonnelles thésaurisées depuis 1982. Hélas, manifestement la confusion subreptice fut célébrée entre réconciliation et ripailles arrivistes. Personne, évidemment, ne leur demandait le Banquet de la réconciliation à la César Borgia, cardinal en 1497. Mais enfin et contre le bon sens, les autorités Mpp dès 2015 se sont inscrites dans la poursuite des divisions, la désinvolture populiste, l’orchestration des passions bellicistes et ces intransigeances sélectivement judiciarisées. Comme si la Schadenfreude, cette malsaine réjouissance du malheur des autres, était désormais le supplétif de la conscience nationale. Une erreur stratégique ! La fin brutale du Mpp était l’horizon d’attente.
La haine interpersonnelle agit comme l’éprouveuse. On n’en sort jamais indemne ! Et comme telle, c’est une tragédie, la tragédie de l’intranquillité et de la détestation d’autrui. Elles supplantèrent la paix fraternelle et la bienveillance envers tous. Le Mpp a dans son déploiement de puissance d’Etat agit comme la suprême nuisance contre autrui, in fine, envers lui-même. Summa Injuria ! Puisque le régime Mpp a terriblement sous-estimé sa mission patriotique, celle de servir l’intérêt de la paix fraternelle et la réconciliation burkinabè. Il erra dans la minimisation du tragique quotidien des exilés internes et toute la calamité subséquente. Sa certitude était de frapper l’ennemi. Cet ennemi, c’est le camarade d’hier. Or, en politique, la certitude est l’insolite, l’aléatoire, la règle. D’où savoir décider dans l’incertitude est la marque des vrais leaders. Était-ce par inadvertance ? Par insouciance ou par haine et vendetta sédimentées dans le tréfonds des hauts dirigeants ? Somme toute, tel est le désavantage qu’offre la panne d’émancipation de ceux qui surestiment leur propre petite misère et qui échouent à se mirer socialement. La paix conviviale ancestrale fut la victime collatérale de cette diplopie politique. Ce calcul d’instrumentalisation des vraies enjeux nationaux par ces machiavéliens déchus, oublia la symétrie établie par Machiavel lui-même : « Quand l’acte accuse, le résultat excuse », Les discours sur la première décade de Tive-Live, chap., 1, 9. Comment excuser l’irresponsabilité lorsqu’elle est d’Etat incarnée ?
Oui, la ruine est un résultat. Sauf que ce résultat enfonce son acteur. La Pax Burkindi et l’identité nationale en sont ainsi les frais. Or, les autorités Mpp déchues le 24 janvier 2022 disposaient pourtant d’un corps solide d’opinions patriotiques favorables à la réconciliation au sein des populations. Le bon sens leur intimait l’ordre de blanchir leurs propres turpitudes, intramuros. La paix fraternelle déteste les embrouillaminis. Elle encense plutôt la fraternité et la convivialité. Le prix de cet oubli ? La politique d’Etat erratique, pusillanime et de judiciarisation sélective acta alors un processus judiciaire en trompe-l’œil menée par le Mpp était, dès lors adossée sur une illusion. Le Burkina Faso, ses enfants et son honneur en sont les victimes. Assez !
Le 24 janvier 2022 est l’avènement du MPSR. Pour restaurer la Pax Burkindi et l’Intégrité destinale, notre vocation première en tant que nation. Il sied de fermer cette honteuse parenthèse de détestation d’autrui de trois décennies, de peur advenue ce harcèlement judiciaire sélectif. La justice n’est point une malice selon nos ancêtres. C’est une transcendance pour l’équité réparatrice, la dignité rétablie de chacun et la créance entre les citoyens.
Des haines ont engendré l’Etat dysfonctionnel à se déclarer en -deçà des lieux propres de sa légitimité institutionnelle. L’Etat Mpp dans la déréliction avec l’abandon des pans entiers du territoire national aux affreux djihadistes et des millions de réfugiés internes à leur sort. Aller au front pour remobiliser nos troupes ? Aller consoler les orphelins et les veuves ? Exprimer sa compassion et celle de la Nation au chevet des malades à l’hôpital ? Honorer les morts au cimetière comme Abraham Lincoln, le 19 novembre 1863 ? Créer la fondation des pupilles du Faso ? Non. Des demandes exorbitantes pour le Mpp. Pourquoi ? Parce que des élites féodales instrumentalisaient la justice pour des gains maudits. Nous prévenions, pourtant, dès le mois de mars 2014 dans une Tribune nos compatriotes de ne pas brûler la maison des pères juste pour se réchauffer lorsque ces mêmes sectes d’élites féodales conspiraient contre l’Etat, contre leur mentor, le Président Compaoré. L’histoire rétablit toujours la vérité. Les justes ont pour eux la patience. Accueillons donc nos frères égarés.
La refondation frappe à notre porte. La concorde arrive. Elle passe par la paix des braves que le Président Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire nous avait conseillée en mars 2014 en nous envoyant une forte délégation de haut niveau. Cette initiative ivoirienne, cette belle opportunité que les opposants et triumvirs ont, hélas, moquée pour continuer à attiser les impatiences puériles. Aujourd’hui, nous sommes obligés de réinventer pour notre Salut, la concorde.
Oui, la réconciliation n’a jamais été une menace réelle systémique pour nos intérêts stratégiques indépassables que sont la paix, la cohésion nationale et la Justice séculaire, ancestrale, endogène d’essence réparatrice des torts. Les partisans burkinabè de Julio Andreotti pensaient comme lui que le pouvoir n’use que ceux qui n’en ont pas. Aussi tant qu’ils avaient le pouvoir d’Etat, ils en ont abusé pour dérouter la Paix jusqu’à leur propre usure et débarquement.
Tendons-nous la main pour bâtir ensemble les conditions de crédibilité pour la pleine renaissance du Faso, de l’Etat démocratique, efficace, social et égal. Notre Salut passe par la concorde et la réconciliation pour asseoir l’état de droit et la liberté. Corrigeons l’erreur stratégique des anciennes autorités de notre pays pour nous rendre de nouveau, maîtres de notre destin plutôt que de laisser notre stabilité contrôlée par nos ennemis insurgés armés, ces hordes de sans foi, ni loi qui écument notre foi commune en notre patrie, en son avenir.
Mettons- fin à la double escalade : celle contre les nôtres en vidant au plus vite les dossiers de l’instrumentalisation judiciaire sélective pour aller aux retrouvailles amicales et fraternelles Burkindi (tâche plus aisée) et celle de la partisanerie politique, confessionnelle et ethniciste abjecte au nom de la sauvegarde de la patrie, notre bien commun. Dépouillons de pouvoir tous ces extrémistes et intransigeants qui demandent l’immoral : la ruine de la Patrie au moyen de la diversion politique judiciarisée. Que le nouveau pouvoir MPSR soit dans l’humilité, l’esprit de devoir patriotique, le refus de la détestation ou de stigmatisation des autorités déchues, le respect de leur honneur sans préjudice de la redevabilité et reddition des comptes. Nous sommes la vigilance et non le confessionnal du dernier jour politique car si la restauration échoue, pire sera notre condition citoyenne. Le MPSR risque moins dans le passage de l’état d’exception à l’état de droit restauré par la réconciliation nationale. Lorsque viendra, c’est mon vœu, le moment de la Loi de concorde civile et d’amnistie totale et définitive pour donner une chance au Burkina, soyons soudés comme nos frères d’Algérie en 1999.
Rompons les rangs de la déraison nationale. Allons au retour à la vie constitutionnelle nouvelle dans l’ouverture, la transparence électorale, l’inclusion, l’impartialité de l’Etat comme le Général Lamizana l’a fait dans l’exemplarité morale du leadership en 1978 face à son challenger Macaire Ouédraogo. La réconciliation, c’est maintenant par l’exemplarité morale des nouveaux dirigeants. Diriger par l’exemple. Et le bon Peuple vous le rendra ! Bonne chance au MPSR!
Vive le Faso!