L’Association des Ressortissants de la province du Yagha (ARY) dans la région du Sahel du Burkina dont le chef-lieu est Dori, a lancé un appel aux plus hautes autorités du pays sur le « blocus » imposé par des hommes armés à la ville de Sebba, il y a maintenant dix jours, face à la presse le mardi 5 juillet 2022 à Ouagadougou. Les animateurs de cette conférence de presse ont fait un résumé saisissant du niveau de l’insécurité dans cette partie du Burkina marquée par des velléités des terroristes d’isoler la province du Yagha du reste du pays, des assassinats de personnes s’opposant aux actes des assaillants qui s’adonnent à des pillages de biens, notamment les bétails des populations, des sabotages des infrastructures des téléphonies, entre autres.
L’Association des Ressortissants de la province du Yagha (ARY) a lancé le lundi, face à la presse, « un appel d’urgence d’aide à la province du Yagha sous blocus depuis le 25 juin (2022) par des Hommes armés non identifiés » communément appelés (HANI). «Nous avons souhaité vous rencontrer autour de ce sujet, au regard de la détresse et du climat de psychose que vivent les populations et ressortissants du Yagha face à la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le Yagha », a déclaré le président de l’ARY, Hamadou Diallo, dès l’entame de ses propos.
Toutes les six communes (Sebba, Mansila, Tankougounadié, Titabé, Boundoré et Solhan) de la province du Yagha sont confrontées « aux attaques terroristes et aux déplacements des populations vers le chef-lieu de la commune qui est Sebba ou autres localités depuis plus de quatre ans », a indiqué M. Diallo qui a fait savoir que de nos jours, « on compte 717 ménages environs 3 491 des déplacés internes dont le nombre ne fait qu’accroître depuis le 25 juin».
Selon les révélations des conférenciers, du 17 juin au 2 juillet, les différentes actions des assaillants qui sont, entre autres, incursions dans des villages ; des tueries ciblées de populations notamment leurs défenseurs, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ; des poses de mines sur la voie principale reliant la province du Yagha à celle du Séno –axe Dori-Sebba) ; coupures ou saccages systématiques de réseaux téléphoniques pour empêcher les communications, les activités économiques et les transactions monétaires ; saccages des poteaux électriques (SONABEL et ONEA), empêchant l’utilisation de l’électricité et de l’eau ; et les détournements de camions transportant des marchandises et vivres, visent à isoler et affamer les populations de Sebba avant de peut-être de les attaquer.
C’est pourquoi, les conférenciers disent craindre le spectre des drames de Solhan et de Seytenga où plusieurs dizaines de civils sans défense ont été exterminés avec une barbarie indescriptible. «Chers journalistes, votre contribution pourrait sans nul doute aider à nous éviter que le drame de Solhan ou de Seytenga ne se répète car toute la population a peur d’un moment à un autre d’une attaque de la commune de Sebba si rien n’est fait ou anticipé », a insisté le premier responsable de l’ARY qui ne comprend pas que malgré la présence de détachements militaires, des brigades de gendarmerie et des patrouilles des forces amies combattantes, la zone soit presque tombée dans la main des HANI.
Face à cette situation sécuritaire et humanitaire « désastreuse », l’ARY et les populations du Yagha demandent aux autorités du pays de tout mettre en œuvre pour « sauver » leur province. Pour cela, ils ont souhaité la « facilitation de l’envoi des convois humanitaires, la sécurisation de la route Dori-Sebba, la sécurisation des zones et villages, le rétablissement des lignes téléphoniques, la prise de toutes les dispositions pour assurer la protection et la proactivité en cas d’attaques et l’accompagnement des communautés dans le renforcement de leurs capacités de résilience».
Le secrétaire général de l’ARY, Boureima Sidi, a affirmé que le 24 juin 2022, les populations ont été visitées par les HANI qui les ont invitées à quitter la zone. « Yagha vit un blocus total. Tant qu’on n’arrive pas à dégager l’axe Dori-Sebba, la province ne sera pas libérée. Malgré les détachements militaires, la situation sécuritaire ne fait que se dégrader chaque jour et ce blocus est venu aggraver la situation. On a besoin de beaucoup plus d’engagement de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) », a laissé entendre M. Sidi qui a aussi indiqué que leur Organisation allait « tout faire » pour rencontrer les autorités du pays, notamment la hiérarchie militaire pour porter leur diligence.
Selon l’analyse de Boureima Sidi sur le terrorisme, il est convaincu que le phénomène est « au niveau national est complexe».
Présent à la conférence, l’un des ressortissants de la ville de Sebba a répondu par l’affirmative à une question qui demandait si oui ou non des fils de la province sont embrigadés dans le terrorisme. Selon ses propos, ces Burkinabè devenus terroristes auraient même demandé aux leaders de la région du Sahel de plaider pour le dialogue prôné par le chef de l’Etat burkinabè pour arriver à bout de cette guerre asymétrique imposée au Burkina Faso depuis sept ans.
De ses dires, les fils de la localité qui sont enrôlés sont pris au piège car après être revenus à de meilleurs sentiments, ils veulent abandonner la lutte mais craignent des représailles de leurs chefs terroristes. Alors, ils souhaitent que les autorités prennent langue avec leurs chefs qui dirigent les groupes armés, les vrais leaders des groupes terroristes qui résident hors du Burkina Faso pour trouver la formule adéquate afin qu’ils reviennent au bercail.
En rappel, l’ARY avait animé le 15 juin 2021, une conférence de presse sur la situation sécuritaire et humanitaire dans la province du Yagha suite au drame de Solhan qui a enregistré officiellement 132 morts et de nombreux blessés, ainsi que de nombreux dégâts matériels.
Les responsables de l’ARY avaient également souligné que les attaques de Solhan à elles seules ont occasionné le déplacement vers « Sebba de 7 644 personnes ».
Par Bernard BOUGOUM