Accueil A la une Burkina: transition de 36 mois attend réaction de la CEDEAO!

Burkina: transition de 36 mois attend réaction de la CEDEAO!

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Le président de la transition burkinabè, le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba

3 ans de transition. Un gouvernement de 25 ministres tout au plus. Un parlement de 71 membres. Ainsi en ont décidé les Assises nationales, qui ont rassemblé 350 délégués des forces vives du Burkina et ont conduit à la signature de la Charte par le président du Faso, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Avec son adoption, la Charte engage ainsi le «pays des Hommes intègres» sur la voie d’une nouvelle vie constitutionnelle normale, par des élections ouvertes, mais surtout à un retour, chez eux, des nombreux déplacés internes. Ceux-ci, assaillis par les terroristes et autres Hommes armés jamais identifiés, ont fui, leurs villages abandonnant derrière eux, champs, récoltes et bétails.

Selon les chiffres du Conseil national de secours d’urgence (CONASUR), au 31 décembre 2021, le Burkina Faso comptait 1 579 976 personnes déplacées internes à cause du terrorisme, soit 61,66% d’enfants, 22,34% de femmes et 16,00% d’hommes. De cette date à nos jours, les statistiques ont dû grimper en flèche, les attaques armées, presqu’au quotidien, ayant favorisé davantage de personnes vers des cieux plus cléments. Et c’est à cette tâche ardue de ramener chez eux, les exilés dans leur propre pays, que le pouvoir de la transition s’attèlera. La mission ne sera pas de tout repos et nécessitera un temps conséquent.

La Charte, tout comme le putsch qui a déposé Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier, a été accueilli dans un consensus qui montre à quel point les populations appelaient de leurs vœux le changement. Non pas parce que le putsch militaire du Lieutenant-colonel Damiba, était l’un des plus accomplis dans un Burkina dont, depuis les indépendances, aucun des chefs d’Etat n’a fini son mandat pour passer démocratiquement le témoin à son successeur, mais parce que les ressentiments contre le régime défunt avaient atteint leur paroxysme. Les populations en avaient simplement ras-le-bol d’une insécurité qui endeuillait, jour et nuit, les familles et décimait une armée qui subissait la puissance de feu d’adversaires possédant toujours une longueur d’avance sur les troupes.

C’est fort logiquement que le peuple était soulagé ce 24 janvier, lui qui ne savait plus à quel saint se vouer et n’avait même plus l’opportunité de se défouler dans des manifestations de rue, ou sur les réseaux sociaux qui lui étaient devenus impossibles d’accès par la volonté du prince du moment. Un pouvoir qui n’a jamais su, ni pu, rassurer les Burkinabè dont certains disaient, à raison, que le «pays avait touché le fond». Il fallait donc pouvoir revenir à la surface, et c’est ainsi que les putschistes ont été accueillis en sauveurs. A Paul-Henri Sandaogo Damiba de prouver maintenant à ses concitoyens qui l’ont porté aux nues, lors de son intrusion sur la scène politique, qu’il peut être le messie attendu.

Quelle sera la réponse de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), suite aux 36 mois de vie accordés à la transition par les représentants des différentes couches socio-professionnelles du Burkina? Sans doute que l’organisation sous-régionale, qui évolue de plus en plus vers une CEDEAO des peuples, saura écouter la voix des Burkinabè qui espèrent que les trois ans de transition, contrairement au tarif classique de 16 ou 18 mois appliqué aux putschistes, permettront aux nouveaux maîtres de Ouagadougou de desserrer l’étau terroriste qui étrangle le pays.

Le Burkina Faso, est plus à accompagner qu’à punir, si ses nouveaux dirigeants n’essaient pas de s’installer pour de bon dans la maison qu’ils ont balayée. Du reste, sans servir le blanc-seing au pouvoir kaki de Ouagadougou, on peut lui accorder la bonne foi, vu la célérité qu’il a mise pour l’élaboration de la Charte afin de mettre en branle une transition qui se veut inclusive, mais, qui, il faut le reconnaître, est contrôlée, pour l’instant, par des militaires, réunis par les liens sacrés de promotion du Prytanée militaire du Kadiogo (PMK). A contrario, au Mali, c’est après 18 mois de pouvoir, que le Colonel Assimi Goïta et les siens ont usé de subterfuges pour feinter des élections prévues pour le mois de février passé et demander 5 ans de transition. Ce qui a provoqué l’ire de la CEDEAO qui a pris des sanctions draconiennes contre ces putschistes qui savent faire vibrer la fibre populiste.

En attendant la nomination d’un Premier ministre, sans doute civil, la formation d’un gouvernement et la composition d’un organe législatif, le pouvoir militaire de Ouagadougou ne doit jamais perdre de vue que le peuple le regarde de très près. Et surtout, ils le savent, la soif de sécurité des Burkinabè est très aiguisée, au point où ils n’accorderont le moindre état de grâce à des militaires qu’ils ont applaudis à tout rompre, un certain 24 janvier 2022. Le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba dont l’investiture est annoncée pour ce mercredi, après sa prestation de serment du 16 février, est conscient que ces nuits seront, désormais, des plus courtes, à force de penser aux attentes incompressibles de son peuple!

Par Wakat Séra