L’Assemblée générale des jeunes de «l’aile historique» du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) s’est tenue le lundi 3 janvier 2022 à Ouagadougou. Revendiquant sa loyauté envers l’ex-président du Faso, Blaise Compaoré, fondateur du parti, la section Kadiogo de la jeunesse de «l’ancien CDP» à travers son président Alain Nacoulma, a laissé entendre, comme dernier message de rencontre, qu’ «un CDP sans Blaise Compaoré n’est pas un CDP».
Au début de la cérémonie, le responsable de la jeunesse dans le Kadiogo, Alain Nacoulma a vite planté le décor en ces termes: «Cette assemblée générale organisée par les jeunes de la province du Kadiogo avec l’accompagnement du secrétariat national chargé de la mobilisation des jeunes dans un contexte de crise qui secoue le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) interpelle tous les jeunes à l’union sacrée pour faire face aux défis qui se présentent à nous. C’est le lieu pour moi de réaffirmer que nous voulons d’une jeunesse consciente, déterminée, engagée pour défendre l’idéal du père fondateur». Ainsi, le président provincial et sa jeunesse «se sont démarqués du congrès tenu les 18 et 19 décembre dernier» avant d’ajouter que «le CDP a une et une seule direction, celle dirigée actuellement par le président par intérim le camarade Achille Tapsoba».
Ensuite, c’était le tour de Noël Soulama, secrétaire général des jeunes, de prendre la parole pour un appel à la mobilisation suivi d’une lecture de motion de soutien par l’un de ses camarades militants. Ce dernier a d’emblée dénoncé «le refus d’obtempérer et la défiance du camarade Eddie Komboïgo» vis-à-vis du président Blaise Compaoré. M. Komboïgo a pour objectif «la liquidation du parti et nous appelons à rester fidèles et loyaux au père fondateur» a-t-il conclu.
Puis ce fut le moment d’entendre les doyens du présidium. Salifou Sawadogo, membre historique du CDP et député au Parlement n’a rien perdu de l’histoire de son parti depuis sa création en février 1996. Émergé de l’ODP/MT, un parti politique d’obédience socio-démocrate à tendance révolutionnaire, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a connu quatre présidents dont l’actuel, Eddie Komboïgo. «Si aujourd’hui, le président Eddie Komboïgo est à la tête du parti, sachez, vous jeunesse, que c’est par concours de circonstance», a déclaré Salifou Sawadogo. En effet, a-t-il expliqué, c’est au lendemain des évènements d’octobre 2014, lors du 6e congrès du parti que Eddie Komboïgo a été retenu «après moult discussions et diverses décisions». Il aurait fallu le président Blaise Compaoré pour le maintenir d’office à la présidence du parti, à en croire M. Sawadogo.
Sur l’actuelle crise au CDP, le député Salifou Sawadogo est revenu sur des faits récents de la vie du parti. Au départ, a-t-il poursuivi, c’était les différentes réformes. En effet, le président Eddie Komboïgo a exprimé le changement du nom CDP, ainsi que de son logo, puis la réduction des prérogatives du président d’honneur et fondateur du parti, Blaise Compaoré. Aussi, de trois ans au départ, le mandat à la tête du parti est passé à quatre ans. «Pour quelle fin», s’est-il demandé, avant de conclure qu’une visée électoraliste en 2025 n’est pas exclue.
Quant à Achille Marie Joseph Tapsoba, 1er vice-président et désormais président par intérim, il a tenu à faire un discours sur les pensées philosophico-politiques des adjectifs «historique» et «futuriste», car a-t-il dit, «ceux qui les utilisent ignorent, voire méconnaissent leur sens premier».
Ayant déjà fait des plateaux de radio et télévision les jours précédents, il a réitéré son attachement à l’unité du parti de l’ex-président burkinabè, Blaise Compaoré. Sur le président en exercice du CDP, Eddie Komboïgo donc, le président par intérim dit n’avoir pas de «problème personnel mais politique» avec ce dernier. «La crise au CDP est une crise liée à la lecture de nos textes» a-t-il souligné.
Par ailleurs, le président par intérim est revenu sur un point capital qui a abouti, sans doute, aux évènements de ces jours au sein du parti. Selon, Achille Tapsoba, le «camarade Eddie Komboïgo» a bénéficié de la tête du CDP en 2015 car, sortant des évènements d’octobre 2014, le parti traversait des difficultés énormes et diverses mais surtout financières. C’est alors que par «la volonté de Blaise Compaoré», «le président d’alors» Eddie Komboïgo, «argentier du moment», fut placé à la tête du parti afin «de mettre ses moyens pour la reconquête du pouvoir». Mais force est de constater que quelques années plus tard, «celui que nous avons fait président nous traite d’historiques». De toutes les façons, a-t-il averti «si on nous pousse plus loin nous dirons plus que ça».
Par Lassané SAWADOGO (stagiaire)