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Burkina: un constat de désolation à l’Institut français de Ouagadougou

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Un bazar de fils et bandes

Une visite guidée de représentants de médias et du monde culturel a été, le mercredi 12 octobre 2022, effectuée dans les locaux, ou du moins de ce qui en reste, de l’Institut français de Ouagadougou. Fermé depuis le mercredi 5 octobre dernier suite à des actes de vandalisme et de saccage subis lors des manifestations populaires du samedi 1 octobre 2022, le centre culturel est en état de désolation.

Une visite guidée a eu lieu, le mercredi 12 octobre 2022, sur le site de l’Institut français de Ouagadougou et cela depuis sa fermeture le mercredi 1 er octobre dernier suite à des actes de destructions perpétrés par des manifestants. Des actes de violences survenues suite au coup d’État dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 septembre 2022 au Burkina Faso.

«On a souhaité effectivement vous accueillir ici, juste pour vous montrer l’état de l’Institut, vous dire que cet institut est en mauvais état», a lancé à la presse, le directeur délégué du centre culturel français de Ouagadougou, Pierre Muller.

Le directeur délégué de l’Institut français de Ouagadougou, Pierre Muller

Des portes d’entrée déverrouillées de force, des vitres mis à sac, des murs calcinés, des climatiseurs fondues sous les courroux des flammes, des étagères de livres renversés, des placards déchirés, des coffres  de bureaux fouillés,  des bandes de DVD et de CD  pillées, des ordinateurs emportés, des fils électriques cramés, la cafétéria vidée, des pots de plantes et fleurs arrachés, du matériels musicaux incendiés, des salles d’animation délabrées sont, en effet, entre autres les constats de dégâts faits par les visiteurs (en grande partie des femmes, hommes de médias et acteurs culturels) dans les locaux de l’Institut français de Ouagadougou autrefois appelé Centre culturel George Méliès.

«Les images parlent d’elles-mêmes. C’est triste et dommage à la fois (…), c’est une guerre contre le savoir, les connaissances. On ne brûle pas un livre. Dans le livre il y a tout. Malheureusement, ils ont tout saccagé, tout brûlé», s’est lamenté Sonia Conombo, une bibliothécaire au Pôle adulte de l’Institut.

Des livres et bandes (CD, DVD) jonchant à même le sol

«Pourquoi? Pourquoi tant de haine? Pourquoi s’en prendre à la culture? Pourquoi s’en prendre à une bibliothèque?  Si je me réfère à ce que disait Amadou Hampâté Bâ: en Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Là, on a brûlé une bibliothèque. Combien de vieillards avons-nous brulés alors la dedans?», s’est désolé le responsable de la bibliothèque de l’Institut  français de Ouagadougou, Athanase Bafo.

«Le campus de France où il y a tous les dossiers des étudiants a été brulé. Également, la salle d’exposition a été détruite avec son contenu comme le matériel de sonorisation», s’est attristé le régisseur général du centre français, Thiéry Boureima Bambara.

A la question d’avoir une idée approximative sur l’étendue des dommages subis et à quand le centre pourrait être fonctionnel de nouveau, l’attaché culturel Pierre Muller a tout simplement laissé entendre: «Si vous aviez la possibilité de rendre compte par vos images et plumes de la réalité telle qu’on la vécue samedi soir, 1er octobre donc, eh bien on aura fait un pas pour la reconstitution et la réinvention de l’institut français».

L’entrée principale de l’Institut français de Ouagadougou après le passage des manifestants du 1er octobre 2022

«La majorité de notre public, en tout cas 99% de nos consultants sont des Burkinabè. Ils venaient dans ces lieux pour se détendre, pour se cultiver, pour lire, pour se former. Beaucoup y passaient de longues heures avec nous pour des travaux de mémoires, de thèses et tout ça, c’est réduit à néant. Je suis sans mot, sans voix», a aussi ajouté M. Bafo.

«L’acte posé est inhumain. Pas de mot pour qualifier cela. En brûlant le savoir, ils ont causé des torts aux élèves, aux étudiants et même aux travailleurs qui nous fréquentaient. Avec cette réalité, à présent, ce sont des labeurs de 20, 30 années et plus qui ont été réduits en cendre», a regretté Josiane Thiombiano, agent de services au pôle adulte de la médiathèque.

Des travailleurs de l’Institut, M. Bambara, Mme Conombo, au milieu et Mme Thiombiano, assise

Annoncé pour prendre part à la constatation des dégâts engendrés par les évènements du samedi 1 er octobre 2022, le corps diplomatique burkinabè n’a cependant pas été au rendez-vous. Il a tenu d’ailleurs à présenter ses excuses au Centre culturel français ainsi qu’ à ses visiteurs  pour de probables désagréments.

En rappel, les services de l’ambassade, le consulat général, des instituts (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso) ainsi que des opérations françaises au Burkina Faso et recevant habituellement du public demeurent fermés depuis le mercredi 5 octobre 2022 et cela jusqu’à nouvel ordre, selon un communiqué de l’Ambassade de France.

Les instituts français du Burkina Faso (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso), en tant qu’organismes, ont été constitués en janvier 2012 dans le cadre d’une réforme mondiale du réseau culturel et de coopération du ministère français des Affaires étrangères et européennes et cela bien vrai que la fondation de l’Institut de la ville de Sya date de 1966.

Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)