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Burkina: « Un élève sur trois souffre de la surdité » (Charles Kafando, audiologiste)

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Les responsables de l'Association pour la Prévention et la Prise en charge de la Surdité (APPS)

Le coordonnateur de l’Association pour la Prévention et la Prise en charge de la Surdité (APPS), l’audiologiste, Rogomnoma Charles Kafando, a signifié, ce mardi 16 janvier 2024, face à la presse à Ouagadougou, qu’au Burkina Faso, « un élève sur trois souffre de la surdité ».

Les responsables de l’Association pour la Prévention et la Prise en charge de la Surdité (APPS), des personnes de différents profils dans leur domaine de compétences, la santé, ont animé, ce mardi, à Ouagadougou, une conférence de presse en vue de présenter leur structure qui s’est donnée pour mission de lutter contre la surdité suite à un constat amer fait sur le terrain.

Cette rencontre avec la presse vise non seulement à les faire connaître du public, vers qui ils mènent déjà des actions de sensibilisation sur la surdité, mais aussi, a demandé à des bonnes volontés ou des partenaires pour qu’ils leur apporte leurs contributions ou soutien pour qu’ensemble les populations puissent vraiment faire de grandes choses en vue de lutter contre ce mal.

« Un élève sur trois souffre de la surdité. Il n’y a pas de statistiques établies au Burkina Faso pour le moment mais c’est par expérience que je dis ça, car nous qui avions l’habitude d’aller dans les écoles pour nettoyer les élèves, on remarque que sur trois enfants, il y a une oreille qui est bouchée », a affirmé l’audiologiste, Rogomnoma Charles Kafando qui a précisé que leur association fait de la sensibilisation pour prévenir la surdité.

Rogomnoma Charles Kafando, coordonnateur de l’APPS

Lors des sensibilisations, ils déballent les causes de la surdité, donnent des conseils pratique à savoir ce qu’il faut faire pour éviter ces causes. Ils évoquent aussi les conséquences de la surdité pour amener le public, surtout les enfants, à comprendre et prendre conscience de la situation.

Selon M. Kafando, ce sont les « oreillons » qui sont les causes de la surdité au niveau surtout des enfants. Il a indiqué qu’il y aussi les cas graves du paludisme, de la méningite et du rhume qui peuvent provoquer la surdité. « Il ne faut pas aussi négliger ces maladies-là. Un paludisme négligé ou un rhume mal soigné peut engendrer une otite (une plaie) au niveau de l’oreille et cela peut diminuer l’état de l’audition de l’enfant ou de l’adulte », a-t-il soutenu.

« Il y a aussi les traumatismes qui sont de plusieurs sortes. Il y a les traumatismes sonores dus au bruit et les barotraumatismes. Par exemple, une gifle peut déchirer le tympan ou les osselets. Il y a également les traumatismes crâniens dus aux chocs qu’on peut recevoir sur la tête », a-t-il complété, justifiant que l’APPS a ciblé les enfants car c’est dans cette frange de la société que les cas de surdité sont fréquents.

A suivre ces conférenciers, on peut éviter la surdité en respectant quelques gestes conseillés par les agents de santé. « Par exemple, quand quelqu’un est atteint des oreillons, qu’il évite de contaminer les autres car ça peut passer par la salive ou la sueur. Il faut aussi éviter les endroits trop bruyants ou bien, (il faut) modérer l’utilisation des écouteurs. Il faut éviter de gifler les enfants ou de les taper avec des objets durs au niveau de la tête et d’utiliser les coton tiges », ont-ils conseillé.

Les conférenciers ont indiqué que quand ils diagnostiquent des enfants et détectent que certains d’entre eux sont atteints de surdité, ils les suivent seulement avec des conseils puisqu’ils n’ont pas les moyens de les prendre en charge. « Présentement, notre prise en charge se limite à faire l’examen audiométrique pour savoir la cause et le degré. Ça se limite à là, car pour le moment on a des aides qui nous permettent d’avoir des appareils pour les suivre pour leur traitement », a déclaré M. Kafando.

Sur cinq régions du Burkina que l’APPS a sillonné en octobre 2023 pour faire des dépistages dans des établissements scolaires, il ressort que sur « 132 811 élèves dépistés, 73 933 avaient au moins une oreille bouchée par du cérumen ou un corps étranger », a fait savoir M. Kafando, soulignant que ceux dont les oreilles étaient bouchées par du cérumen « doivent avoir un contrôle chaque six mois sur au moins deux ou trois ans pour qu’on s’assure que l’oreille est du genre à accumuler périodiquement le cérumen ou non ».

Il a également noté que la plupart des déficiences légères constaté sur le terrain était dus à des cas de présence d’un « bouchon compact et la plupart de ces cas ont été restaurés par le lavage des oreilles ».

Par Bernard BOUGOUM