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Burkina: un «génocide silencieux» dans les formations sanitaires (UPC)

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Plaque indiquant le Centre hospitalier et universitaire Yalgado Ouédraogo (photo d'illustration)

Dans cette déclaration l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) s’est prononcée sur ce qu’elle a appelé le «délitement silencieux du système de santé du Burkina Faso. Sur le sujet, le parti de Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, estime que c’est un «génocide silencieux» qui est en train de se produire dans les formations sanitaires.

L’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) est convaincue que la santé est le capital le plus important sur la route du développement d’un pays.  Au Burkina Faso, ce secteur connait une crise sans précédent depuis le mois d’Avril 2019 avec à la clé des grèves et des mouvements d’humeur dont les conséquences sont préjudiciables à la santé des populations. Le SYNTSHA  a décidé du renouvellement de son mot d’ordre de boycott de certaines activités du 02 septembre au 27 Novembre 2019, de même que cinq autres syndicats de la santé qui maintiennent leur mot d’ordre. Au regard de la gravité de la situation et de l’impasse constatée dans cette crise, l’UPC a jugé nécessaire d’interpeller le gouvernement à travers cette déclaration.

L’UPC, dans sa déclaration  en date du 16 mai 2019, attirait l’attention du gouvernement sur les conséquences fâcheuses qui pourraient résulter des grèves à répétition dans le secteur de la santé. A l’analyse de cette crise, il ressortait clairement une rupture de confiance entre les syndicats de la santé et le gouvernement du fait du non-respect par ce dernier des nombreux engagements pris auparavant. L’UPC invitait le gouvernement à tout mettre en œuvre pour garantir la santé des populations par une résolution rapide de la crise. Il invitait également les syndicats de la santé à ne pas rompre le fil du dialogue avec le gouvernement.

Depuis cette déclaration interpellatrice, les évènements suivants se sont succédés :

-Le SYNTSHA a effectivement observé une grève de 96 heures  du mardi 21 Mai 2019 au vendredi 24 Mai 2019 ;

-quatre (04) autres syndicats du secteur de la santé (SYMEB, SYNTAHSS, SAIB, SYSFMAB) ont  emboité le pas au SYNTSHA en observant une grève de 72 heures allant  22 au 24 mai 2019. Cette grève était suivie d’une suspension des activités de routine du  27 au 31 mai 2019.

-le  bureau exécutif national (BEN) du syndicat des Médecins (SYMEB) réuni en conseil syndical le samedi 1er  juin 2019 à Ouagadougou, décidait de la poursuite du boycott des activités.

-le SYNTSHA dans une correspondance datée du 02 juin 2019 informait le Gouvernement de l’organisation d’actions syndicales en vue de la satisfaction totale de sa plateforme revendicative. Ces actions s’étendraient du 07 juin au 1er septembre 2019 et renouvelables par tacite reconduction. Elles concerneraient : le boycott de la transmission des rapports statistiques, la non-participation aux missions et tournées, la non-exigence du paiement des actes posés au profit des usagers ;

– A sa suite, le Ministère de la santé produisait un communiqué sur l’illégalité juridique (références à l’appui) des mesures prises par le SYNTHSHA et  les conséquences fâcheuses que cela pourrait engendrer sur le système sanitaire. Des actions auraient été initiées pour la mise en œuvre du protocole d’accord ; tous les actes préalables à la mise en œuvre de la Fonction publique hospitalière (FPH)  pris et le paiement des agents contractuels propres des établissements publics de santé déjà effectif ;

– le 24 juin 2019 le syndicat des médecins (SYMEB)  organisait une marche à Ouagadougou vers le Ministère de la santé pour réclamer l’examen de leur plateforme revendicative en souffrance depuis le 30 Avril 2019.

-le gouvernement ouvrait le 11 juillet 2019 des négociations avec les 6 syndicats de la santé (SYMEB, SYNTAHSS, SYNTSHA, SYSFMAB, SAIB, SPBF),  sur la Fonction publique hospitalière ; et le 12 Juillet 2019  avec le SYNTSHA sur son protocole d’accord ;

-Depuis lors c’est l’impasse et le SYNTSHA a décidé de la reconduction de ses actions de lutte du 02 septembre au 27 novembre 2019. Il exige du gouvernement la reprise des négociations pour la mise en œuvre du protocole d’accord signé entre les deux parties.

L’UPC constate une dégradation sans précédent de la situation dans le secteur de la santé, privant les populations de soins adéquats : les consultations sont peu disponibles dans les formations sanitaires, les interventions chirurgicales  devenues rares, les laboratoires  peu fonctionnels, les équipements de radiologies devenus vétustes ou tout simplement en panne ne permettant plus de satisfaire à la demande des usagers.

La crise à des conséquences dévastatrices sur l’activité chirurgicale à un niveau jamais égalé au Burkina Faso. Les blocs opératoires des CHU de Ouagadougou (Yalgado, Tengandogo, Bogodogo) et de Bobo Dioulasso sont saturés du fait du nombre élevé d’évacuations sanitaires locales et en provenance de l’intérieur du pays.

Une autre conséquence de cette crise et pas des moindres est celle portant sur  la qualité de la formation des paramédicaux et des médecins dans les formations sanitaires. Les étudiants en médecine, les élèves des écoles nationales de santé publiques (ENSP) et des écoles privées de santé pourraient voir  leurs formations sérieusement compromises.

Pourtant, il est unanimement reconnu que la performance d’un système de santé passe nécessairement par  des infrastructures  et des équipements adéquats, des ressources humaines en quantité,  en qualité et motivées. L’UPC est au regret de constater qu’un « génocide silencieux » est en train de se produire dans les formations sanitaires avec la complicité de tous à commencer par le Gouvernement à qui le peuple a pourtant donné mandat pour garantir sa santé.

Le SYNTSHA a renouvelé son mot d’ordre jusqu’au 27 Novembre 2019 et le silence que l’on constate est inacceptable.

L’UPC l’a déjà dit et le répète : les conséquences dévastatrices des attaques terroristes contre le peuple Burkinabè expliquent le fait qu’il ne puisse plus s’accommoder d’une autre crise, surtout dans un secteur  aussi sensible que celui de la santé.

L’UPC, devant ces constats,

-Recommande au Gouvernement d’avoir un regard diligent sur ce secteur très sensible qu’est la santé et y réaliser des investissements structurants ;

-invite prestement le Gouvernement à reprendre sans délai les négociations avec les syndicats de la santé afin de trouver rapidement une solution à la crise qui perdure ;

-invite le Chef de l’Etat à s’impliquer personnellement  dans la résolution de cette crise  pour respecter le droit constitutionnel à la santé des populations dont il est le garant ;

-encourage le haut conseil pour le dialogue social (HCDS) qui avait déjà rencontré le ministère de la santé en Mai 2019 au sujet de cette crise, à s’impliquer de nouveau pour une sortie heureuse ;

-requiert l’intervention du Médiateur du Faso et de toutes les autres institutions (étatiques ou non étatiques) pouvant jouer un rôle dans la résolution rapide de cette crise qui n’a que trop duré.

En tout état de cause, le développement de notre pays passe forcément par la résolution de cette crise dans le domaine de la santé. Aucun peuple ne peut espérer se développer s’il n’est en bonne santé car, comme le disait le philosophe britannique Francis BACON: «  un corps sain est un hôte et un corps malade est un geôlier ».

L’UPC, dans les jours à venir, ira à la rencontre des protagonistes de la crise afin de voir quelles solutions consensuelles pourraient être trouvées pour une sortie de crise.

Ouagadougou le  10 septembre 2019

Pour le Bureau politique national de l’UPC

Le Secrétaire National chargé de la Santé

Dr Steve Léonce ZOUNGRANA (MD, MPH, Msc)