Accueil Editorial Burkina: un mouton de Tabaski aux couleurs de deuil

Burkina: un mouton de Tabaski aux couleurs de deuil

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L'armée burkinabè ne baisse pas la garde (Ph. illustration)

Ils sont morts les armes à la main après avoir, vaillamment, fait parler une puissance de feu qui a fait passer plus de 40 terroristes ad patres! Ils, ce sont les 31 militaires et les trois Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) qui sont tombés, ce 26 juin, dans une embuscade tendue par l’ennemi commun des Burkinabè, alors qu’ils revenaient de Djibo après une mission d’escorte de convoi de ravitaillement. La vie sur terre a pris fin pour ces combattants, dans la localité de Namsiguia, province du Bam, dans le Centre-Nord du Burkina. Les 20 blessés de ces combats «particulièrement violents» selon le communiqué de presse de l’Etat-Major général des armées sont pris en charge, alors qu’«une dizaine d’éléments sont toujours recherchés par les renforts déployés pour la poursuite des opérations de ratissage et de riposte».

Ce fut un lundi bien noir pour le Burkina Faso, alors que le pays était en pleine effervescence des préparatifs de l’Aïd al-Adha, fête musulmane plus connue sous le nom de la Tabaski qui a lieu ce mercredi. Plus que pour sa cherté exceptionnelle à cause justement de la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina, le mouton aura un goût bien salé pour ceux qui arriveront à le manger. Car il faudra bien faire, en même temps, le deuil de ces 34 héros qui viennent allonger le chapelet déjà bien long des victimes, des militaires et civils, tués par des terroristes qui écument, depuis plus d’une décennie, le Sahel africain et font, de plus en plus, des incursions tout autant meurtrières, dans les pays du golfe de Guinée. Certes, à en croire les communiqués officiels qui apportent régulièrement du baume au cœur des populations, les Forces de défense et de sécurité, que ce soit au Burkina, au Mali ou au Niger, font subir d’énormes pertes, tant humaines que matérielles, à des terroristes assoiffés de sang d’innocents qui ne demandent qu’à vivre en paix pour développer leurs pays.

Plus que jamais, la lutte contre l’hydre terroriste doit s’intensifier, non plus dans le cadre des petits espaces nationaux, mais à l’échelle sous-régionale voire africaine. Il n’est un secret pour personne que la porosité légendaire des frontières héritées de la colonisation, laisse passer plus que du trafic de cigarettes, de drogues et de biens divers. Les terroristes les traversent également, par des routes qu’ils ont créées, et connues d’eux seuls, échappant ainsi aux radars des armées nationales. Les services de renseignements nationaux bien qu’ils fassent des efforts reconnus, ont souvent une longueur de retard sur les forces du mal qui opèrent toujours par surprise et ruse. Dans cette logique, tout appui extérieur, d’où qu’il vienne, notamment en logistique, est souhaité. L’heure n’est pas à la diabolisation à tout va de partenaires russes, français, américains, allemands, turcs, chinois, etc. Cette chasse aux sorcières est, du reste, parfois orchestrée selon des desseins bien cachés de certaines personnes ou même de pays!

Mais le plus urgent pour les pays comme le Niger, le Burkina Faso et le Mali, assaillis sans répit par les terroristes, c’est de se donner la main dans une synergie d’action. C’est seulement par ce moyen intelligent qu’ils pourront, tous, vaincre le terrorisme dans l’union ou périr en solitaire.

Par Wakat Séra