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Burkina: un mouvement panafricain demande à Ibrahim Traoré de s’attaquer aux racines du terrorisme

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Le chef de l'Etat burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré

Le Mouvement panafricain de rejet du FCFA Burkina Faso (MPR-FCFA), dans une lettre ouverte adressée au président de la Transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, estime que c’est un « impératif » de s’attaquer aux racines du terrorisme. Selon l’analyse de la situation faite par ce regroupement, « il est plus qu’urgent que l’on s’attaque aussi fortement et réellement aux racines profondes extérieures » du terrorisme qui n’est rien d’autre qu’« un vaste complot dont l’objectif ultime est le contrôle (des) ressources naturelles » du pays.

Excellence Monsieur le Chef de l’Etat,

Pour apporter notre modeste part contributive à l’éradication du terrorisme sur notre territoire, nous nous permettons de vous adresser cette lettre ouverte.

Le choix de ce canal n’est pas fortuit. En effet, nous fondons l’espoir qu’en revêtant ce caractère public les idées émises par notre présente correspondance soit peaufinée, perfectionnée par les burkinabè de l’intérieur tout comme ceux de la diaspora qui disposent de réseaux et de contacts dans ce domaine.

A l’entame de notre présent écrit, nous voudrions nous faire l’agréable devoir de vous présenter nos respects et vous dire sincèrement merci du fond du cœur pour l’espoir que vous suscitez chez tous nos compatriotes depuis l’avènement de votre régime.

Nous ne vous ferons pas ici la genèse encore moins l’état des lieux de l’occupation actuelle de notre territoire par des groupes armés et les conséquences que cela engendre sur nos vies. De par votre position passée et actuelle dans la chaine de commandement militaire, vous connaissez la situation mieux que nous.

En vérité, de notre analyse, ce qui est en cours actuellement est un vaste complot dont l’objectif ultime est le contrôle de nos ressources naturelles. En effet, c’est désormais un secret de polichinelle que de dire que nos pays sont assis sur de très grandes richesses du sous-sol (or, manganèse, pétrole, gaz, uranium, diamant etc.). C’est pourquoi nous sommes de ceux-là qui pensons que la solution à la crise sécuritaire majeure dans laquelle notre pays est aujourd’hui plongé ne peut être seulement militaire. Elle doit être fondamentalement endogène et se fonder sur un renouveau diplomatique et politique.

Nous voulons faire une caricature pour mieux vous situer quant au raisonnement, à la réflexion que nous souhaitons vous exposer. Nous caricaturons le terrorisme comme étant un ARBRE qui nous empoisonne la vie et que nous devons détruire pour survivre. Dans le cadre de la lutte pour la destruction de cet ARBRE maléfique nous avons et continuons à engager de nombreux efforts pour anéantir les feuilles et les branches. Il faut le dire haut et fort, il n’y a aucun doute sur ce travail important qui été fait et qui se poursuit grâce notamment aux nouveaux partenariats stratégiques que vous entretenez. A ce jour, si toutes ces batailles n’avaient pas été menées par nos valeureux FDS et VDP, souvent au péril de leurs vies, c’est sûr que nous aurons disparu en tant que pays. Et nous les rendons un hommage plus que mérité pour ces sacrifices suprêmes pour la survie de la nation.

Mais malheureusement jusque-là nous n’avons presque rien fait véritablement pour combattre l’expansion des feuillages et des branchages tout en gardant à l’esprit que la victoire finale réside dans notre capacité à trouver la bonne formule pour tuer les racines de l’ARBRE.

En travaillant à ce que les causes ne produisent pas les mêmes effets.

Nos terreaux internes qui ont favorisés l’installation du terrorisme dans nos terroirs vous l’avez très bien résumé dans vos propos tenus lors de la rencontre avec les acteurs politiques et de la société civile, le 11 novembre 2022.

Cependant, si des entités machiavéliques, des groupes d’intérêts rapaces extérieurs n’avaient pas jetés leur dévolu sur notre pays et plus généralement sur la « zone des 3 frontières » en injectant des milliards et des milliards de francs CFA pour nous asservir, nous aurions certainement eu des frondes sociales, peut-être des mouvements de dissidences dans certaines régions du fait de cette mauvaise gouvernance que vous avez dépeint à la rencontre ci-dessus citée. Nous aurions alors entre burkinabé au travers de concertations franches et inclusives situer les responsabilités et surtout tirer les bonnes leçons pour la refondation de notre patrie. Ceci pour amorcer un développement durable avec un partage équitable des fruits de la croissance du Faso.

Mais ne nous y trompons pas, les individus, les groupes d’intérêts diaboliques qui en veulent au Burkina Faso se sont appuyés sur nos faiblesses, nos divisions ci-dessus évoquées pour trouver de faciles complicités internes avec pour ultime dessein de nous asservir, de remettre en cause notre mode de vie, nos valeurs sociétales pour pouvoir aisément s’accaparer de nos ressources naturelles, de nous arracher notre dignité, notre intégrité.

C’est pourquoi nous croyons fermement qu’il est plus qu’urgent que l’on s’attaque aussi fortement et réellement aux racines profondes extérieures de cet ARBRE qu’est le terrorisme. Si nous y parvenons, nous aurons plus tard la latitude de revenir sur la résolution de nos problèmes internes afin de rebâtir notre patrie.

Dans cette perspective de nombreuses questions nous taraudent l’esprit depuis le début de notre calvaire. Et nous pouvons les résumer ainsi :

  1. Quels sont les sources de ce financement massif du terrorisme au Sahel ?
  2. Quels pays et/ou entités vendent/livrent les armes et la logistique aux groupes terroristes dans le Sahel ?
  3. Quels sont les objectifs réels de cette insurrection qui cause la mort et la désolation au Sahel ?

Les réponses à ces questions, PREUVES A L’APPUI, constitueront sans aucun doute un pan très important de la solution pour bouter hors de nos pays l’hydre terroriste. Nous n’ignorons aucunement qu’à toutes ces questions il existe déjà des débuts, des brides ou éléments de réponse, des suspicions çà et là. Toutefois, la nouvelle donne qu’il faut urgemment implémenter consistera à donner des réponses à toutes nos questions à l’issue d’enquêtes pointues de niveau international qui aboutiront à présenter à la face du monde les vraies raisons pour lesquelles des milliers des nôtres ont été sauvagement tués et ce pourquoi l’on veut contrôler nos territoires et nous asservir.

Pour ce faire vous pouvez fédérer autour de vous les Chefs d’Etat du Sahel véritablement soucieux du devenir de leurs peuples et dont les pays sont (ou le seront dans un proche avenir si rien n’est fait) autant que nous affligés par le terrorisme. Afin qu’ensemble vous trouvez les tribunes adéquats (exemples : Nations Unies, Union Africaine, CEDEAO, Médias nationaux et internationaux etc.) et les acteurs jouissant d’une certaine indépendance et capables de nous aider franchement à trouver des éléments de réponses à nos questions (exemples : le Consortium International des Journalistes d’Investigation, la Cour Pénale Internationale, Amnesty International, Human Rights Watch, le Conseil des Droits de l’Homme/ONU). Ceci pour situer en temps opportun toutes les responsabilités quant aux graves crimes d’agression et de guerre commis contre nos peuples.

Ceux qui veulent nous réduire ainsi à l’esclavage sont des « diablotins » qui se font passer pour des « anges » aux yeux du monde entier afin de sauvegarder leurs intérêts économiques. Ils ne veulent pas du tout que leurs images soient gravement ternies par les révélations de leurs crimes contre nos peuples. Ils veulent pouvoir continuer à profiter impunément des avantages du marché mondial en toute crédibilité et à l’abri de sanctions qu’ils méritent bien.

C’est pourquoi nous sommes convaincus que dès lors que des enquêtes sérieuses seront envisagées à l’échelle internationale ils seront nombreux à couper leurs « ponts de financement et de ravitaillement criminels » du terrorisme pour tenter d’effacer leurs traces. Ainsi, de nombreux groupes terroristes verront leurs sources de financement s’assécher et leurs appuis logistiques tomber.

En ce moment, nos actions militaires plus opérationnelles et dynamiques viendront mettre fin aux dernières poches de résistance pour notre victoire finale.

Nous avons le droit et surtout le devoir de faire répertorier dès à présent par des instances internationales habilitées les éléments de preuve des crimes dont nos compatriotes ont été et/ou sont à cet instant encore victimes (assassinats, enlèvements, déplacements forcés de population par la terreur, viols, coups et blessures volontaires etc.). Nous devons rechercher par tous les moyens les auteurs et complices desdits crimes et évaluer nos graves dommages et pertes dans l’optique de les faire valoir devant la face du monde lorsque le moment viendra.

La communauté internationale et plus particulièrement européenne à tout intérêt à se départir de leurs vieilles politiques d’exploitation condescendantes, rapaces et de leur volonté de domination de nos pays pour nous donner les moyens nécessaires de faire cette guerre qui aussi la leur. Toutes les chancelleries averties savent que si les pays du Sahel tombent dans le giron du terrorisme international, l’Europe notamment ne sera plus jamais en sécurité et connaitra de vrais désastres économiques.

Les éléments de preuve déjà répertoriés par les services étatiques à savoir les types d’armes et de minutions utilisés par les HANI, les téléphones, ordinateurs saisis, les terroristes arrêtés, les informations de nos services de renseignement etc. pourront servir de bases pour des investigations plus poussées.

Cet aspect de la lutte, de la guerre est si important que nous devons mener une réflexion avancée afin d’activer au plus vite ce levier.

Le moment est venu pour nous de lancer un appel public et solennel à toutes les nations éprises de liberté et de paix à soutenir notre recherche de ces criminels de guerre qui continuent de nous endeuiller. C’est, en effet, lorsque nous traversons des moments difficiles qu’il faut identifier ses vrais amis afin de savoir à quoi s’en tenir lorsque nous serons en période de paisible abondance.

La victoire que le Faso aura de cette lutte sous vos auspices sera une victoire de la jeunesse, une victoire de tous les burkinabè.

La question que tous les burkinabè se posent actuellement est sans aucun doute celle-ci : quel Burkina Faso allons-nous léguer ainsi à nos enfants, à la future génération si rien ne change ?

Voici pourquoi nous ne devons rien lâcher, rien négliger. Nous avons l’obligation de mettre toutes les chances de notre côté pour remporter cette guerre injuste qui nous est imposée afin d’accéder à notre vraie indépendance.

Soyez rassuré, Excellence Monsieur le Chef de l’Etat, de notre engagement patriotique indéfectible et de notre disponibilité à toujours contribuer à cette lutte de survie nationale.

Président,

Habib K. B. Ouattara