Qu’il redresse le pays, qu’il vainque le terrorisme, qu’il ramène la justice sociale, qu’il éradique la corruption, qu’il parvienne à recoller les morceaux de la cohésion sociale partie en lambeaux, qu’il refasse du Burkina Faso, ce havre de paix où, plus ou moins, les paysans cultivaient leurs terres en toute quiétude et nourrissaient «les gens de la ville», qu’il rassure les élèves et étudiants, malgré la hantise du manque d’emploi bénéficiaient de l’éducation dans des classes qui ferment malheureusement de plus en plus, sous la menace des terroristes, etc. Des priorités et rien que des priorités, énoncées par des Burkinabè. Ainsi s’annoncent les 7 travaux de Dr Lassina Zerbo qui vient de composer son équipe de combat, quelque quatre jours après sa nomination par le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré.
Si plusieurs départs de taille sont notoires, le retour, par contre, de Hadizatou Rosine Sori/Coulibaly ne saurait passer inaperçu. Celle qui avait été annoncée comme la première femme Premier ministre du Burkina lors de la constitution du premier gouvernement du pouvoir Kaboré, et à qui a finalement échu, à l’époque, le très coriace ministère en charge de l’Economie, revient comme ministre des Affaires étrangères et de la coopération et des Burkinabè de l’extérieur. «Mme Fonds commun» surnom dont elle a hérité, alors qu’elle a dû nouer solidement le pagne pour gérer au mieux, avec les redoutés syndicats de son département, cet épineux dossier, récupère le maroquin de Alpha Barry.
Ce dernier a assumé le poste pendant six ans, une longévité qui a permis à l’ancien correspondant de Rfi, de porter, non sans difficulté, l’image d’un Burkina qui était fui comme la peste par les investisseurs étrangers, terrorisme oblige. «Six ans au service du Faso! Merci au Président Roch Kaboré! Merci à tous! Au revoir!» Ainsi s’est exprimé sur sa page Facebook, le promoteur du groupe de presse audiovisuel Omega, propos illustrés par une photo où il apparaît tout sourire.
Au titre des autres départs significatifs de ce remaniement ministériel très attendu par le peuple, figurent baobabs ministériels que l’on croyait indéracinables comme Siméon Sawadogo et Clément Sawadogo, respectivement en charge de l’Environnement et de l’Administration territoriale ou encore le ministre Dominique Nana qui a à peine eu le temps de mettre de l’ordre dans les vestiaires sportifs. Mis à la touche, «Dédé» cède sa place à Mathias Tankoano qui a fraichement quitté son fauteuil de président du Conseil supérieur de la communication (CSC), pour s’occuper de l’image du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Le nouveau patron du sport, que ses proches disent de bonne écoute, devra puiser dans ses réserves d’énergie pour gérer les deux autres volets de ses attributions ministérielles, l’Autonomisation des jeunes et l’Emploi.
Des plus jeunes tels Laurence Ilboudo Marchal, de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Harouna Kaboré en charge du Commerce ou encore Eric Bougouma alias Bulldozer des Infrastructures, font également leurs valises. Ils rebondiront, sans doute ailleurs, mais auront été les victimes collatérales de cette fronde contre le pouvoir de Roch Kaboré qui a été plus ou moins mis à rude épreuve par la colère de populations dont l’ire est retombée pour l’instant, face à des actes souterrains et tous azimut de médiation, mais surtout des bémols comme les changements notoires à l’exécutif.
Pourvu que ce ne soit pas un gouvernement pour sauver la tête de Roch Marc Christian Kaboré qui coupe ainsi l’herbe sous le pied des manifestants qui exigent sa démission, mais une équipe au service du peuple et qui travaillera réellement à sortir le Burkina des deuils causés au quotidien par les attaques armées, œuvrer pour la réouverture des écoles et centres de santé et ramener l’administration dans toutes les localités d’où elle a fui. Le Burkina doit retrouver son nord et surtout l’entièreté de son territoire «bouffé» par les assaillants. La prochaine étape pour le régime Kaboré pour retrouver la confiance de son peuple assoiffé de justice sociale, sera la lutte contre la corruption. Une autre paire de manche en perspective pour ceux qui nous gouvernent actuellement et dont nombre d’entre eux sont loin de constituer des exemples à citer dans les écoles où sont enseignées la bonne gouvernance. Même pas dans la vie de tous les jours.
Par Wakat Séra