Le ministre burkinabè de la Défense nationale et des Anciens combattants, le général Aimé Barthélémy Simporé, a signifié le vendredi à l’Hémicycle qu’« une certaine utilisation des réseaux sociaux compromet la sécurité nationale », après que le gouvernement a suspendu la connexion des réseaux mobiles pour huit jours.
Le ministre en charge de la Défense et son homologue de la Sécurité, Maxime Lomboza Koné, étaient face aux députés pour les renseigner sur la situation sécuritaire fragile que connaît le pays depuis l’arrivée du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) au pouvoir, en janvier 2016, après le renversement de Blaise Compaoré en 2014.
« J’ai entendu la colère des familles et des proches des personnes tuées lors de l’attaque de Inata à l’inhumation de ces derniers à Ouagadougou. Cette colère est exactement celle de la population qui, acculée par les ennemis de notre peuple, espère du gouvernement une réaction à la hauteur de leur forfaiture », a dit dès l’entame de ses propos le ministre Barthélemy Simporé qui a rendu un hommage appuyé aux éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) tombés sur le champ du combat acharné que leur dictent des Hommes armés généralement non identifiés.
Après avoir organisé ses réponses des questions des élus nationaux en trois groupes à savoir les préoccupations liées à la sécurité intérieure, les problèmes touchant à la défense nationale et les difficultés liées à d’ordre budgétaire ou de prise en charge financière, « je vous dois toute la vérité. J’ai une totale confiance en vous », a lancé le général Simporé à l’endroit des députés qui lui ont posé des questions pour comprendre l’enlisement des attaques terroristes qui gagne du terrain sur le territoire national.
« Les réseaux sociaux ont contribué à changer qualitativement la vie d’un grand nombre de Burkinabè en devenant un outil de travail. Toutefois, je dois regretter qu’une certaine utilisation des réseaux sociaux compromet la sécurité nationale et contribue à fragiliser notre pays au point de le rendre vulnérable », a dit le chef de département de la Défense nationale qui est sous les phares des critiques ces derniers jours compte tenu du regain des attaques terroristes qui amplifient la colère des populations.
Dans ce contexte d’insécurité grandissante, « sans nier les droits et liberté des citoyens, durement éprouvés par la suspension de la connexion au réseau d’internet mobile ces derniers jours, il est de la responsabilité du gouvernement, de prendre certaines décisions dictées par le devoir et les impératifs de sécurité nationale », a argué M. Simporé.
Il a poursuivi qu’« au moment où cette décision pénible de suspendre la connexion d’internet mobile a été reconduite pour 96H, je tiens en toute humilité, au nom du gouvernement, à exprimer mes regrets à l’ensemble des citoyens ». Si le ministre en charge de la Défense burkinabè dit comprendre la colère des citoyens, il les a invités « à la retenue dans cette période critique» que le pays des Hommes intègres vit actuellement.
« Nous devons avoir un comportement en temps de paix mais aussi savoir l’adapter en temps de guerre. Chaque citoyen doit se considérer comme une sentinelle. Les balles des militaires tuent les terroristes mais ne tuent pas le terrorisme car le terrorisme est un fait de société », a-t-il soutenu, rassurant que le gouvernement va s’attaquer « aux lenteurs administratives injustifiables et aux pesanteurs sociales qui freinent les indemnisations des blessés et des ayants droit des victimes du terrorisme ».
Pour lui, les difficultés observées « ne doivent pas nous désarmer ». Il a rappelé que dans ce sens, le gouvernement a adopté le 6 octobre 2021, une Politique de sécurité nationale qui propose les leviers que l’Exécutif va « actionner pour faire du Burkina Faso à l’horizon 2050, une Nation paisible, stable, unie et prospère ».
Dans ce document, une stratégie spécifique de lutte contre le terrorisme a été élaborée. « Elle précise le rôle de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le terrorisme. Les stratégies opérationnelles à déployer, les ressources humaines, matérielles et financières à mobiliser, les mécanismes de la contribution de la population », entre autres.
Il a également laissé entendre que le « gouvernement entend améliorer le renseignement, le maillage du territoire en terme sécuritaire, la maîtrise des flux migratoires, la collaboration entre les populations et les FDS et une mise en place d’un mécanisme de déradicalisation ».
De 2017 à 2020, ce sont « 27 commissariats de Police départementale qui ont été construits, 9 brigades territoriales de Gendarmerie et 13 autres infrastructures destinées à des unités diverses », a révélé Aimé Barthélemy Simporé, soulignant aussi que « les moyens roulants et du matériels spécifiques constitués d’armement et de matériel de protection comme du maintien de l’ordre, acquis au profit de la Gendarmerie et de la Police nationale, ont connu également une hausse durant la même période ».
Par Bernard BOUGOUM