Les responsables de la Commission épiscopale Justice et Paix du Burkina (CJP-Burkina), ont annoncé ce vendredi 9 avril 2021 face à la presse à Ouagadougou, la tenue d’un forum national sur le foncier du 14 au 16 avril prochain au Centre national Cardinal Paul Zoungrana. Cette conférence sera déclinée autour du thème : « Etat de droit et gouvernance foncière : quels engagements de l’Etat et du citoyen pour une société apaisée » ?
Ce forum est organisé dans le cadre d’un « programme triennal dénommé Programme Action pour la Paix et la Justice sociale à l’horizon 2021 (PAPJ) et exécuté par la Commission épiscopale Justice et Paix du Burkina (CJP-Burkina), avec l’appui financier de Misereor et du Secours Catholique caritas France (SCCF) », a déclaré l’Abbé Hermann Ouédraogo, secrétaire général de la CJP-B. Le programme couvre huit diocèses et s’exécute à travers trois axes à savoir « la consolidation de la paix sociale par le développement d’une culture du civisme et de la citoyenneté ; la prévention des conflits violents liés au foncier rural ; la protection des femmes et des jeunes filles victimes d’accusation par allégation de sorcellerie et du mariage forcé ».
La Commission épiscopale est « consciente que le problème du foncier existe au Burkina. Il est réel et il se manifeste à travers ce que la commission a pu constater sur le terrain, le mal être de certaines personnes qui vivent dans des zones difficiles d’accès, des zones non loties comme on le dit communément », a répondu l’Abbé Ouédraogo sur une question portant sur l’état des lieux du foncier au Burkina Faso. Pour lui, à l’issue du forum, les participants estimés à 150 pourront donner une idée plus réaliste sur la situation du foncier dans le pays.
Le programme triennal s’inscrit dans « le sens du renforcement de l’Etat de droit et a permis de développer plusieurs initiatives d’information, d’éducation, de formation, de soutien à des groupes vulnérables notamment dans les régions du Centre, du Centre-ouest, des Hauts-Bassins, du Centre-est, du Centre-nord, du Sud-ouest et des Cascades », selon les conférenciers.
Ils ont ajouté qu’à ce titre, plusieurs actions ont été réalisées dont « la mise en place et la formation de cellules scolaires pour le civisme et la moralité dans six établissements scolaires dans les trois grandes villes du Burkina Faso, la réinsertion sociale d’un nombre considérable de femmes exclues par allégation de sorcellerie, l’annulation de plusieurs cas de mariages forcés, la mise en place et la redynamisation de douze commissions foncières villageoises et commissions de conciliation foncière villageoise, le soutien à la sécurisation des terres par établissement d’actes d’état civil, l’accompagnement à l’obtention d’Attestation de possession foncière rurale, et l’élaboration de chartes foncières villageoises ».
Le bilan à mi-parcours de l’ensemble de ces actions fait ressortir plusieurs facteurs de cristallisation des mécanismes de gouvernance et de cohésion sociale tant au niveau national que local. Il s’agit, entre autres, « de l’incivisme, de la corruption, de l’impunité, de l’ignorance des dispositions légales ou règlementaires par les populations, le bradage des terres, la précarité de vie des populations, le sentiment d’injustice dans l’accès aux services et aux ressources ».
L’objectif global du forum est de « contribuer à une prise de conscience individuelle et collective sur la nécessité d’un sursaut national en vue de solutions concentrées, globales et durables à la question foncière ». De façon plus spécifique, ce colloque aura pour objectifs d’« analyser les connexions et implications entre la cohésion sociale, la question foncière et la crise de gouvernance ; mettre en discussion les expériences des acteurs en matière de gestion foncière et analyser les perspectives et possibilités de faire évoluer le cadre juridique sur le foncier ».
Ledit forum est placé sous la présidence de Monseigneur Laurent B. Dabiré, président de la Conférence Episcopale Burkina-Niger et co-parrainé par des membres du gouvernement dont Zéphirin Diabré, ministre en charge de la Réconciliation nationale et Me Bénéwendé Stanislas Sankara, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Ville.
Créée en 2003, la Commission épiscopale Justice et Paix du Burkina est une organisation de l’Eglise Catholique, voulue par les Evêques de la Conférence Episcopale Burkina-Niger, bénéficiant du statut d’association et oeuvrant dans les domaines de la paix, des droits humains, de la justice et de la cohésion sociale. Les actions de la CJP-Burkina sont menées, avec l’appui de partenaires techniques et financiers et mises en œuvre par un réseau d’acteurs, les parajuristes essentiellement, fer de lance de l’action de la commission.
Par Bernard BOUGOUM