Dans une déclaration envoyée à la rédaction de Wakat Séra, le 07 Mars 2022, l’Union Générale des Etudiants Burkinabè (UGEB), dont le message est porté par l’Association Nationale des Étudiants Burkinabè (ANEB), en sa Section de Ouagadougou, a annoncé une grève de 48 heures les 9 et 10 mars 2022, ponctuée d’un sit-in le 9 mars à la direction générale du FONER pour exiger la prise en compte de tous les dossiers rejetés pour des motifs injustes ; le lancement sans délai de la session spéciale du FONER de l’année 2020-2021; et l’annulation des décisions issues de l’atelier de relecture des textes (arrêtés 062 et 063 du 05 avril 2016 portant définition des conditions et modalités d’octroi du prêt et de l’aide FONER aux étudiants des universités publiques et privées conventionnées) du FONER tenu du 04 au 06 octobre 2021 à Koudougou.
Déclaration sur la situation du FONER
Camarades étudiantes et étudiants,
Ces dernières années, et particulièrement depuis la reprise de cette année académique, les étudiants font face à l’exacerbation de leurs conditions de vie et d’études.
Sur le plan académique le LMD, le nouveau régime général d’études et la déconnexion des promotions font de plus en plus de victimes (accroissement du retard, taux de réussite catastrophiques, bâclage de la formation des étudiants, …).
Sur le plan social, certains étudiants sont mis en marge du bénéfice de la restauration du fait de la digitalisation du RU, plusieurs souffrent pendant plus d’une année sans pouvoir renouveler leurs allocations (bourse, aide, prêt), et d’autres (particulièrement ceux de l’université Thomas SANKARA) doivent supporter le coût élevé du transport et les caprices de la SOTRACO. A ces difficultés s’ajoute la négation des espaces de liberté comme le témoigne la répression dans le sang des bacheliers de 2019 de l’UFR SEG (qui ne savaient pas encore s’ils allaient passer en année supérieur ou redoubler) le 7 décembre 2020 lorsqu’ils ont voulu s’opposer à ce que ceux de 2020 commencent les cours des matières majeurs du S1.
C’est dans un tel contexte où les étudiants peinent à survivre que les autorités ont décidé du rejet de 5.563 dossiers d’étudiants et du non lancement de la session spéciale du FONER à la 4e session du comité de financement du FONER qui s’est tenue le 17 février 2022.
Camarades étudiantes et étudiants,
La 4e session du FONER qui devait intervenir au mois d’octobre 2021 s’est ouverte finalement en janvier 2022. Les allocations sociales (et particulièrement l’aide FONER) jouent un rôle capital dans la vie des étudiants et il est aisé de comprendre que ce retard a causé un grand préjudice pour bon nombre d’étudiants qui ne savaient plus à quel saint se vouer. Au même moment qu’ils se demandent comment faire pour se trouver ne serait-ce qu’un repas au cours de la journée, ils doivent également trouver des astuces pour éviter les bailleurs à qui ils doivent souvent même six (06) mois de loyer. La douleur ne fut que plus forte lorsque le 17 février 2022 le comité de financement a décidé du rejet de 5.563 dossiers (dont 4.693 pour l’aide et 870 pour le prêt) sur les 22.494 dossiers reçus par le FONER à cette session, et du non lancement de la session spéciale (qui permet à tous les étudiants qui, du fait du retard académique ne disposent pas de résultats jusqu’à la dernière session ordinaire de renouveler leurs allocations). Les motifs qui ont prévalu à ces décisions sont l’insuffisance de ressources, moyenne insuffisante pour des étudiants qui ont 11/20 de moyenne, le statut de boursier pour des étudiants qui n’ont jamais bénéficié de la bourse, le problème de CNIB parce que simplement l’étudiant a téléchargé une seule face de la CNIB, … Ces motifs sont fallacieux et ne sauraient être acceptés par des étudiants.
C’est dans cette logique de durcissement des conditions de vie des étudiants que s’inscrit l’atelier de relecture des textes du FONER qui s’est tenu à Koudougou du 4 au 6 octobre 2020. En effet, il a décidé du durcissement des conditions d’octroi de l’aide (l’âge passe de 26 ans à 23 ans, la moyenne passe de 5 à 8/20,…) et du prêt (taux de remboursement passe de 3% à 7% comme dans les banques). Et ces décisions, selon l’atelier, doivent prendre effet au cours de cette année académique 2021-2022, c’est-à-dire avec les bacheliers de 2021.
Ces décisions s’inscrivent dans un ensemble de mesures politiques dont la finalité est de chasser le maximum d’étudiants hors du campus et de privatiser progressivement notre enseignement supérieur. Ainsi, les enfants de pauvres n’auront plus droit au bénéfice du savoir.
Voilà pourquoi, après l’audience du comité exécutif de l’ANEB/Ouaga avec la direction générale du FONER le 23 février 2022, les étudiants se sont réunis en Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) le 1er mars 2022 et ont décidé d’une grève de 48 heures les 9 et 10 mars 2022, ponctuée d’un sit-in le 9 mars à la direction générale du FONER pour exiger :
1- La prise en compte de tous les dossiers rejetés pour des motifs injustes ;
2- Le lancement sans délai de la session spéciale du FONER de l’année 2020-2021 ;
3- L’annulation des décisions issues de l’atelier de relecture des textes (arrêtés 062 et 063 du 05 avril 2016 portant définition des conditions et modalités d’octroi du prêt et de l’aide FONER aux étudiants des universités publiques et privées conventionnées) du FONER tenu du 04 au 06 octobre 2021 à Koudougou.
Camarades étudiantes et étudiants,
L’histoire nous enseigne qu’il n’y a que par la lutte organisée que nous arriverons à défendre nos intérêts et à arracher des acquis. Pour ce qui est de l’aide FONER, elle a été acquise en 1997-1998 après une année de lutte des étudiants sous la bannière de l’ANEB. C’était alors dans un contexte de désengagement de l’Etat des secteurs sociaux de base (santé, éducation, …) suite à la souscription de notre pays en 1991 au Programme d’ajustement structurel (PAS). L’une des conséquences de cette décision politique au niveau du supérieur a été le contingentement des bourses à 500 bourses par an. Cette situation a créé une nouvelle race d’étudiants en son temps : les étudiants non boursiers. C’est ainsi que l’ANEB imaginât le principe d’une aide pour les étudiants en 1996-1997. L’acquis en 1997-1998 n’a concerné que seulement 71 étudiants (ceux qui étaient dans les conditions de la bourse mais qui n’en bénéficiaient pas du fait du contingentement) et à un taux de 100.000 F non renouvelable. Le taux actuel de l’aide qui est de 175.000 F, l’élargissement de sa base d’octroi et son renouvellement chaque année ont été le fruit d’âpres luttes de nos devanciers au fil des années.
Nous nous devons de nous armer davantage de courage et de détermination pour défendre fermement ce que nos devanciers ont acquis dans la sueur et le sang et engranger d’autres acquis. Faisons des 48 heures de grève un franc succès.
Non à la remise en cause des acquis sociaux des étudiants !
En avant pour la défense ferme de nos intérêts matériels et moraux !