Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Pr Adjima Thiombiano, a indiqué que sur les «159 filières» qui accusaient des retards académiques dans les universités publiques, «au 1ᵉʳ octobre 2023, 99 filières ont été normalisées au 30 septembre» dernier. Il était en conférence de presse, ce mardi 12 novembre 2024, à Ouagadougou, ce mardi 12 novembre 2024, pour faire le point sur la situation de la résorption des retards académiques dans les Institutions d’Enseignement supérieur et de Recherche (IESR).
Les Institutions d’Enseignement supérieur et de Recherche (IESR) du Burkina Faso connaissent depuis plusieurs années des retards et des chevauchements des années académiques, conséquences des crises conjoncturelles et structurelles qu’a connu le pays. Face à cette situation, les différents gouvernements ont développé des initiatives pour la normalisation des années académiques. On peut citer la mise en place d’un Comité Ad hoc de Réflexion (CAR) en 2012, les états généraux de l’enseignement supérieur en 2013, la commission d’enquête parlementaire et la rencontre nationale de concertation des acteurs de l’enseignement supérieur en 2017, le plan d’action pour l’amélioration des activités académiques et pédagogiques dans les IESR en 2020, l’élaboration du Livre blanc de l’enseignement supérieur en 2023, etc. Toutes ces initiatives étaient arrivées à la conclusion qu’il faut des solutions structurelles pour juguler la question préoccupante des retards des années académiques.
Face à la presse, ce mardi 12 novembre 2024, le nouveau patron du département de l’Enseignement supérieur, a dressé un point sur la résorption des retards académiques dans les Institutions d’Enseignement supérieur et de Recherche (IESR), c’est-à-dire, les universités publiques. « Sur un total de 321 filières que comptent les universités publiques burkinabè, 159 filières étaient en retard au 1ᵉʳ octobre 2023. Au 30 septembre 2024, 99 filières, soient 62,26% des filières, ont été normalisés. En outre, nous constatons que du 1er octobre 2023 au 31 juillet 2024, 38 filières ont été normalisées alors que du 1ᵉʳ août au 30 septembre 2024, 61 filières ont été normalisées, soit 1,6 fois les résultats obtenus durant toute l’année académique », a déclaré le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Pr Adjima Thiombiano.
« A la date du 31 juillet 2024, on avait 200 filières en situation normale contre 121 filières qui étaient en retard. Donc, pendant les deux mois de vacances, c’est-à-dire août et septembre 2024, nous avons pu normaliser 61 filières. Ce qui veut dire qu’au 30 septembre 2024, nous avons en tout, 261 filières normalisées sur les 321 filières que compte l’ensemble des IESR. Ce qui représente environ 81,30% des filières normalisées au 30 septembre 2024. A cette date, il restait encore 60 filières à normaliser, ce qui fait environ 18,70% », a-t-il poursuivi.
Le Pr Adjima Thiombiano a précisé dans les détails qu’au début de l’année académique 2023-2024, soit du 1ᵉʳ octobre 2023 au 31 juillet 2024, il y avait « 159 filières sur les 321 qui accusaient des retards ». « Ce qui représente à peu près 49,53% des filières qui étaient en retard malgré les efforts qui avaient été consentis l’année académique d’avant. Les filières en situation normale, au 1ᵉʳ octobre 2023, on en avait 162 », a-t-il complété.
Sur cette base, les acteurs de la communauté universitaire, toute catégorie confondue, « ont consentis des efforts durant l’année académique d’octobre 2023 à juillet 2024 et ces efforts ont permis de normaliser 38 filières qui représentent 23,90% des filières qui étaient en retard », a-t-il salué tout en reconnaissant qu’il faut maintenir le cap parce qu’il y a encore « beaucoup d’effort » à fournir car la situation des retards académiques reste « très préoccupante pour certaines filières dans certaines universités.
« A l’Université Joseph Ki-Zerbo, nous enregistrons encore des retards et des chevauchements en Lettres Modernes (LM), Philosophie, Histoire et Archéologie, Sociologie, Psychologie. A l’Université Norbert Zongo, on note des retards et des chevauchements en Science de la Vie et de la Terre (SVT), Histoire et Archéologie, LM, Philosophie. Et à l’Université Virtuelle du Burkina Faso (UVBF), on déplore des retards en Génie Logiciel et Intelligence Artificielle (IA) », a énuméré le ministre en charge de l’Enseignement supérieur qui a fait noter que la liste n’est pas exhaustive, mais les retards dans les universités sont plus importants. Le ministre a par la suite regretté le fait qu’il y a certaines nouvelles promotions qui n’ont pas encore débuté les cours à cause essentiellement des manques d’infrastructures. Il a, alors, lancé un appel aux différents responsables des écoles dans les chefs-lieux de région à travailler de concert avec les forces vives de ces localités pour trouver des solutions et régler ce problème.
De toutes les IESR, « l’Ecole Polytechnique de Ouagadougou (EPO), l’Ecole Normale Supérieure (ENS), l’Université Lédéa Bernard Ouédraogo (ULBO) et l’Université Yembila Abdoulaye Toguyeni (UYAT), n’enregistrent aucun retard », s’est-il réjoui, martelant que malgré le contexte sécuritaire difficile, « à ce jour, toutes les universités publiques et centres universitaires du pays sont fonctionnels. Même à Dori. Et je vais même vous dire que Dori fait partie des centres universitaires qui ont normalisé leurs années académiques ».
Selon les conférenciers du jour, plusieurs causes et facteurs peuvent expliquer les retards et les chevauchements des années académiques constatés dans les universités publiques burkinabè. Il s’agit, entre autres, de la faiblesse de la gouvernance institutionnelle, académique ou pédagogique ; la non maîtrise de la situation réelle des années académiques ; l’insuffisance du personnel enseignant et ATOS (Administratif, Technique, Ouvrier et de Soutien) ; l’accroissement exponentiel de la population estudiantine ; les dettes sociales (actes académiques et avancements) ; les nombreuses grèves au sein des universités et la crise sécuritaire dans certaines localités ».
Pour en arriver au bilan dressé face à la presse ce mardi, les responsables de l’Enseignement supérieur avec à sa tête, le ministre Adjima Thiombiano, ont élaboré des stratégies assorties d’un plan de suivi pour résorber ces retards en vue de normaliser les académiques, car malgré les différentes tentatives de par le passé, les résultats sont restés mitigés. « Il était important pour nous de mettre en place un dispositif qui nous garantisse des statistiques fiables puis d’entreprendre après maintes concertations entre acteurs, la poursuite des activités académiques pendant les deux mois consacrés aux vacances afin de résorber au maximum les retards des années académiques », a signifié le professeur Adjima Thiombiano.
Ainsi, après la consolidation des statistiques, il a d’abord été mis en place un dispositif rigoureux d’établissement des emplois de temps, le suivi de l’exécution des activités académiques par diverses équipes. Mais auparavant, selon nos interlocuteurs du jour, certaines mesures d’accompagnement ont été réunies pour faciliter le travail de résorption des retards. Il s’agit notamment de « la réhabilitation d’infrastructures pédagogiques et équipements des laboratoires ; l’opérationnalisation de la plateforme Campus Faso, la dotation de chaque chef de département d’un ordinateur portable ; du règlement en grande partie de la dette sociale ; la connexion internet dans les IESR, la poursuite des œuvres sociales (restauration et hébergement) et l’accompagnement de la Société de transport en commun (Sotraco) pour le transport. « Ces différentes conditions conjuguées à un engagement sincère des acteurs ainsi que leur détermination ont permis d’aboutir aux résultats substantiels » engrangés, a affirmé le conférencier principal.
Malgré les efforts consentis par les universités, celles-ci doivent maintenir le cap pour parvenir à une normalisation complète des années académiques. Pour cela, le département s’est engagé à poursuivre avec tous les acteurs de la communauté université dont les conférenciers n’ont cessé de louer leur « sacrifice », afin d’éviter aux nouvelles promotions d’accuser des retards.
Et cela, passe, entre autres, par la « mise en place d’un système de gestion administrative et efficace ; l’initiative présidentielle pour une éducation de qualité pour tous (IPEQ), réponse structurelle qui consacre dans sa mise en œuvre un investissement massif dans les universités à travers la construction de 39 amphithéâtres de 1 000 et 500 places, des cités et restaurants universitaires, des forages, 5 km de rues pavées pour chaque université, etc ; la mise en œuvre d’un vaste programme de formation doctorale (300 doctorants financés annuellement) pour assurer un vivier important afin de résoudre le problème crucial de ressources humaines et la relecture des régimes des études pour mieux contextualiser la formation ».
Par Bernard BOUGOUM