L’Association Yam Wékré pour l’Epanouissement de la Femme (AYWEF), a indiqué, ce jeudi 14 novembre 2024, que «114 survivantes», victimes des Violences basées sur le genre (VBG), ont été recensées parmi les Personnes déplacées internes (PDI) accueillies sur des sites de Kaya et Fada N’Gourma. Selon les conférencières, leurs échanges avec les représentants des médias, visent à montrer que les attaques et l’insécurité «ont des conséquences dévastatrices sur les femmes et les jeunes filles déplacées internes et entrainent une recrudescence des VBG, et le risque d’instauration d’une certaine culture de l’impunité des auteurs présumés» de ces violences.
Le Burkina Faso subit des attaques terroristes sur près de dix ans maintenant. Cette situation sécuritaire difficile a provoqué le déplacement de plusieurs milliers de personnes qui sont accueillies sur des sites dont à Kaya et Fada N’Gourma. Le déplacement des populations touchées par la violence armée renforce la vulnérabilité chez les femmes et les filles et les exposent à des risques de Violences Basées sur le Genre (VBG), selon l’Association Yam Wékré pour l’Epanouissement de la Femme (AYWEF). Que ce soit pendant les attaques, au cours du déplacement et même au sein des communautés d’accueil, les femmes et les jeunes filles font face aux risques de violences de tous ordres motivés par leur genre. Dans ce sens, l’Association Yam Wékré pour l’Epanouissement de la Femme a mené une étude sur ces deux régions burkinabè, le Centre-nord et l’Est, en vue de faire prendre conscience de la résurgence du phénomène.
Ce jeudi 14 novembre 2024 dans la capitale burkinabè, les responsables de l’AYWEF ont animé une conférence de presse pour présenter des résultats sur leur projet de documentation des cas de Violences basées sur le genre (VBG) subies par les femmes déplacées internes et à faire un plaidoyer pour la prise en charge holistique dans les régions du Centre-nord et de l’Est qui abritent un nombre important des déplacés internes du pays depuis le début des attaques terroristes.
A l’issue du travail de la documentation, « 114 survivantes de VBG ont pu être documentées dont 58 dans la région du Centre-nord et 56 dans la région de l’Est. Les types de violences documentées sont : sexuelle, physique, psychologique, économique, culturelle et morale », a affirmé la coordonnatrice de Yam Wékré, Joséphine Kiemdé, précisant que « 66 des cas de VBG documentés sont des violences psychologiques contre 32 cas de violences sexuelles ou viol, cinq cas de violences culturelles, cinq cas de violences physiques et six cas de violences économiques et dénis de ressources ».
Sur les 114 survivantes interrogées, « 99 ont cité les membres des groupes armés terroristes comme étant les présumés auteurs. 15 survivantes ont indexé les membres de leurs familles (mari, oncle, frère du mari) et les membres de la communauté hôtes comme auteurs de VBG. Trois cas de violences sexuelles ont pour auteurs présumés des inconnus et deux cas de violences économiques, leurs employeurs », a-t-elle ajouté, regrettant que le projet qui avait prévu une prise en charge médicale sur 25 survivantes (12 à Fada N’Gourma et 13 à Kaya) et une prise en charge psychologique de 40 survivantes (20 à Fada et 20 à Kaya), n’a pas pu honorer son vœu comme il le voulait, car ces indicateurs « ont été largement dépassés ».
Selon les animatrices de la conférence, Yam Wékré, qui avait fait une étude similaire en 2021, démontre pour la deuxième fois à travers ce rapport que « les attaques et l’insécurité ont des conséquences dévastatrices sur les femmes et les jeunes filles déplacés internes. A titre illustratif, « seulement deux cas de violences sexuelles ont pu faire l’objet de recours juridictionnel, et ce, malgré les efforts de l’association. L’expérience de Yam Wékré confirme donc l’urgence d’une prise de conscience collective et la mise en œuvre d’actions coordonnées visant l’identification, la prise en charge holistiques des surveillants de VBG et la protection de toutes les femmes et jeunes filles déplacées internes », a soutenu sa coordonnatrice Joséphine Kiemdé, insistant que leur projet a pour but « d’améliorer l’accès des survivantes de VBG à la prise en charge médicale, psychosociale, juridique et judiciaire et à la réinsertion, l’appui psychologique et l’orientation ».
Elle a signifié qu’au cours de leurs travaux, Yam Wékré a rencontré comme principale difficulté, le contexte sécuritaire difficile qui a limité leur mouvement et l’insuffisance de leurs ressources pour apporter une meilleure assistance aux victimes des VBG. Elle a aussi déploré la faiblesse de la communication autour des VBG, notamment au niveau des survivantes et des communautés, si fait que le sujet, considéré comme tabou, le reste.
Au sortir des travaux de la documentation, Yam Wékré a formulé des recommandations en vue de plaider, à l’endroit de Freedom House, son partenaire, entre autres, pour « l’octroi d’une formation professionnelle aux survivantes et aux populations hôtes, l’extension de la prise en charge pour les autres besoins (alimentaire, non alimentaire) afin d’accroître la résilience des survivantes de VBG et des populations hôtes ». A l’égard de l’Etat, les recommandations demandent de « prendre toutes mesures nécessaires visant à prévenir et à protéger les femmes et les jeunes filles déplacées internes contre les VBG, en veillant particulièrement à l’amélioration des services de prises en charge sanitaires, psychologiques des victimes, à l’identification et à la condamnation des auteurs conformément à la loi ».
Organisation de la société civile à but non lucratif et apolitique, Yam Wékré est présente dans la ville de Ouagadougou et dans les communes rurales. Elle est également active dans les régions du Nord, du Centre-nord et de l’Est. Elle a pour objectif général de promouvoir l’épanouissement à travers les activités de promotion et de défense des droits de la femme et de la jeune fille.
Par Bernard BOUGOUM