L’ex-ministre d’Etat, chargé de la Réconciliation et de nationale et de la Cohésion sociale, Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC), a dénoncé le mardi 7 juin 2022 à Ouagadougou, les «discours tendant à diaboliser les acteurs politiques».
Depuis quelques jours, sous le leadership de son premier responsable, l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC), a entrepris des visites de courtoisies à certains partis politiques du pays. Après ces rencontres, l’UPC, de commun accord avec les partis qu’elle a visités, ont décidé de mettre un point focal en vue de contribuer à trouver des solutions à la vie de la nation. « La rencontre de ce matin a réuni un certain nombre de partis politiques accompagnés de ce qu’on appelle les points focaux et se situe dans le prolongement de l’initiative prise par l’UPC il y a de cela quelques jours », a déclaré Zéphirin Diabré.
Cette sortie de ces acteurs politiques intervient à un moment où les nouveaux dirigeants qui sont au pouvoir depuis le 24 janvier dernier, ont demandé aux acteurs politiques, d’éviter trop d’activisme car la situation est fragile. Aussi, selon une certaine opinion nationale, les putschistes qui sont aux affaires aujourd’hui, doivent prendre des mesures pour étouffer les formations et politiques qui seraient à la base des problèmes du Burkina Faso, en proie aux attaques terroristes depuis au moins sept ans.
«C’est vrai que dans certains milieux y compris celui de la presse, on attend des discours tendant à diaboliser les acteurs politiques, des discours tendant à se questionner sur leur utilité et certains même allant à des propositions les plus extrêmes pour ce qui peut être de notre rôle. Mais, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, les acteurs politiques que nous sommes ne sommes pas descendus du ciel. Nous sommes le produit de la même société qui fabrique et qui produit l’ensemble des groupes sociaux », s’est offusqué le porte-parole des partis politiques qui ne veulent pas rester à l’écart dans la conduite des affaires de l’Etat.
Pour cette coalition, leurs partis ne contribuent pas pour quelqu’un mais pour la nation et elle connaît les acteurs politiques qu’ils sont. « Quand vous regardez l’ensemble des partis politiques ici présents, en cherchant les mots qui conviennent on peut dire qu’ils représentent une substantielle partie de l’opinion de notre pays. Donc ce qui est le plus important pour nous c’est le regard des Burkinabè par rapport à ce que nous pouvons apporter », a laissé entendre leur porte-parole, Zéphirin Diabré.
«Certes nous ne sommes pas exempts de critiques hein parce que dans notre manière de faire la politique, nous commettons des erreurs mais aussi des fautes. Mais, dites-moi dans quel groupe social de ce pays-là, il n’y a pas une partie qui fait des erreurs et des fautes ? », s’est défendu l’ex-ministre d’Etat qui pense que «si la situation de la nation doit incomber à quelqu’un, elle doit nous incomber tous ». Selon sa conviction, « c’est ensemble que tous les groupes sociaux par une introspection collective et commune que s’il le faut, nous pourrons éventuellement donc trouver les réponses aux maux de notre pays ».
Au regard de ce regroupement d’acteurs politiques, il saute à l’œil que bon nombre d’organisations de la galaxie des partis politiques, surtout ceux de l’ex-opposition sous le régime du président Roch Marc Christian Kaboré, ne sont pas présents. « Bien entendu, il aurait été de notre souhait de pouvoir rendre visite à l’ensemble de tous les partis mais à la suite des premières séries de rencontres, un certain nombre d’idées ont émergé qui appelaient une traduction concrète », a rétorqué M. Diabré.
« C’est ce qui a conduit donc les différents partis contactés et rencontrés à proposer cette rencontre de présidents de partis et des points focaux afin que dores et déjà le travail qui doit être fait soit amorcé », a-t-il ajouté, estimant que « le faire ne signifie nullement que l’initiative s’arrêtera à ceux qui sont ici présents. Au contraire, elle continuera et s’étendra bien entendu au maximum de partis politiques possibles et actifs dans notre vie démocratique ».
Pour cette coalition, l’objectif global de leur initiative se situe autour de la question de la place, du rôle, mais surtout de la contribution de l’ensemble des partis politiques à la vie de notre nation principalement dans cette phase de transition que nous traversons. « Depuis le 24 janvier 2022, notre ordre constitutionnel démocratique a été interrompu avec l’avènement du coup d’Etat. Cela crée un Etat d’exception qui appelle à un certain nombre de démarches et de réflexions au regard des différents défis qui assaillent notre pays », a analysé le président de l’UPC.
Ces défis sont d’abord ce que l’on connaît depuis de longues dates qui sont des défis sécuritaires qui « restent présents, et même persistants autour desquels l’ensemble des intelligences de notre nation doit se retrouver pour que chacun puisse apporter sa contribution à commencer donc par les partis politiques que nous sommes », a-t-il résumé.
Ces défis aussi s’articulent autour de la question de la conduite à bon port de la transition actuelle qui par définition doit se terminer et laisser place à un Etat de droit, constitutionnel normal mise en place à la suite d’élections législatives, présidentielle et municipales, transparentes et équitables.
« Tout cela interpelle les acteurs politiques que nous sommes puisque le souci et le devenir de notre nation est le principal moteur de nos différents engagements », a affirmé Zéphirin Diabré pour qui « il est donc apparu à cette classe politique-là qu’il était opportun qu’elle puisse se réunir, se concerter et trouver une formule pour bien redéfinir son rôle et sa place, et surtout une formule pour apporter sa contribution multiforme pour la résolution des différentes questions qui assaillent notre pays aujourd’hui ».
La dizaine de partis politiques réunissant l’UPC, le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP, ex-majorité), l’Union pour la renaissance/Mouvement patriotique sankariste (UNIR/MPS), l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain et le Nouveau temps pour le développement (NTD), dit s’être retrouvée ce matin pour lancer donc le point de départ de la « réflexion active » liée au processus de la transition qui va déboucher sur un certain nombre de propositions concrètes.
Par Bernard BOUGOUM