L’avocat du sergent Salif Coulidjati, un militaire de l’ex-Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) poursuivi pour l’attaque de la poudrière de Yimdi, à la sortie Ouest de Ouagadougou, perpétrée dans la nuit du 21 au 22 janvier 2016, a affirmé mercredi qu’un aveu obtenu « sous la contrainte n’est pas une vérité », dénonçant les tortures relevées par les accusés au cours de l’interrogatoire.
« Nous luttons tous contre la torture parce que quand vous torturez quelqu’un tout ce qu’il dit après est corrompu », a dit Me Issouf Kabré, l’avocat du sergent Coulidjati, notant qu’on « ne peut pas savoir si c’est la vérité parce que la vérité obtenue sous la contrainte ne peut pas être la vérité ».
Pour Me Kabré, « à partir du moment où on torture quelqu’un tout ce qu’il dit ce n’est plus vrai », confiant que eux-mêmes en tant que avocats, ont « besoin de la vérité », et souhaitent « savoir ce qui s’est passé », mais ne cautionnent pas les tortures.
Depuis l’ouverture du procès mardi, six des 22 accusés ont été à la barre pour leur interrogatoire.
Tous les six accusés ont relevé des cas de tortures qu’ils auraient subies à la gendarmerie après leur arrestation. Et certains ont fait plus d’un mois avant d’être présentés à un juge d’instruction.
« Si vous arrêtez quelqu’un comme mon client (le sergent Salif Coulidjati), le 22 janvier 2016 et finalement c’est le 16 mars 2016, soit 52 jours plus tard que vous le présentez à un juge d’instruction, et dans l’intervalle il a été détenu, nous nous posons la question de savoir, qu’est-ce qu’on a fait de lui durant tout ce temps ? », s’est interrogé Me Kabré.
Durant les deux jours du procès, si des accusés ont en partie reconnu des faits qui leur sont reprochés, le sergent Salif Coulidjati rejette les faits qui lui sont reprochés, notamment le complot militaire, vol aggravé, détention illégale d’armes et violences et voies de fait sans ITT (Incapacité temporaire de travail).
« Je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés », a répondu le sergent Salif Coulidjati, à la question du président du tribunal, Seydou Ouédraogo.
Le sergent Coulidjati a été arrêté le 22 janvier 2016 dans son domicile à Ouagadougou devant sa femme et son enfant malade, pour lequel il a pris la permission en vue d’être près de lui.
« Chacun des coaccusés a eu à s’expliquer sur les motifs pour lesquels il a eu la permission. Pour mon client, il est venu (à Ouagadougou) pour assister son enfant malade », a souligné Me Issouf Kabré estimant qu’il « suffisait aux enquêteurs de vérifier s’il est venu, effectivement, pour voir son enfant malade ou pas ».
« Si on continue avec des supputations, finalement on dira que la hiérarchie militaire qui a donné la permission même est dans le coup », a conclu Me Kabré.
Daouda ZONGO