Issa Hayatou forever ? Si le tsunami peut souffler à tout moment, sans crier gare, il n’en demeure pas moins que l’effet de surprise escompté par les adversaires de l’inamovible président de la Confédération africaine de football (CAF) s’est visiblement estompé. Les pronostics peuvent certes mentir au final, mais le match pour la présidence de la CAF qui doit opposer, ce 16 mars 2017, Issa Hayatou à Ahmad semble être plié d’avance. Fort de l’appui de la majorité des fédérations de l’Afrique centrale et de l’ouest, notamment les pays francophones, le Camerounais est presque certain de rempiler pour la huitième fois à la tête de la structure faîtière du football africain. Malgré sa santé qui n’est plus des meilleures mais qui contraste avec sa longévité au gouvernail du foot africain, l’ancien enseignant a même été vice-président de la Fifa pour l’Afrique et surtout président par intérim de la puissante Fédération internationale de football association, d’octobre 2015 à février 2016, suite à la suspension de Joseph Blatter, le titulaire à ce poste très convoité. Sous Issa Hayatou, bien des pays ont bénéficié de projets importants pour développer le football. Pour ne citer que certains autres hauts faits du dinosaure de la CAF, il faut dire que c’est sous sa houlette que l’Afrique a obtenu pour la première fois, cinq places représentatives en coupe du monde. Last but not the least, c’est le vénéré Hayatou qui a décroché la première organisation de la coupe du monde en terre africaine. C’était en 2010 en Afrique du sud.
Depuis le retrait de l’Ethiopien Ydnekatchew Tessema, qu’il a remplacé en Aout 1987, l’enfant de Garoua au Cameroun a fait franchir bien des étapes au football africain. Même si le ballon rond n’a pas forcément acquis ses lettres de noblesse avec Hayatou, la discipline a connu bien des heures de gloire sous son règne. La Coupe d’Afrique des nations qui est passée de huit à douze puis à seize pays participants est devenue aussi envoûtante que ses compétitions sœurs de l’Europe ou de l’Amérique du sud. C’est certain, d’autres pages fortes de l’histoire du foot africain sont encore à écrire, mais l’œuvre accomplie par celui qui est allé sans succès à la conquête de la présidence de la Fifa en 2002-battu par Sepp Blatter-n’est pas moins colossale. Et Issa Hayatou qui a toujours laminé les téméraires qui ont voulu lui arracher ce qui est devenu comme sa propriété depuis son accession à la tête de la CAF, souvent par des méthodes peu fair-play, pourrait bien prendre sa retraite auréolé de ce parcours de la CAF qui se confond presque au sien propre. Au lieu de chercher à jouer des prolongations sans fin qui lui seront inévitablement fatales un jour, Hayatou, joueur et arbitre incontesté de ce jeu dont lui seul fait et maîtrise les règles gagnerait à siffler la fin de la partie. Et serait la plus somptueuse des victoires qu’il offrirait au foot africain.
Hayatou va-t-il partir ou continuera-t-il de modifier les règles du jeu, comme ses amis chefs d’Etat africains qui jouent avec la constitution qu’ils tailladent à volonté pour rester califes à vie ? Rien n’est moins sûr à l’allure où vont les choses. Sauf renversement exceptionnel, espéré par les disciples de l’alternance et ses détracteurs qui deviennent de plus en plus nombreux, se comptant au sein du Cosafa et même au nouveau sommet de la Fifa, Issa Hayatou devrait damer le pion à Ahmad, comme il l’a fait en son temps à l’Angolais Armando Machado et le Botswanais Ismail Bhamjee, ses dernières victimes respectivement en 2000 et 2004. Hayatou, comme le disent les Ivoiriens pour mettre en exergue la puissance de quelqu’un, « y a pas l’homme pour toi », mais, n’est-ce-pas mieux de partir, pour le bonheur de ce foot africain que tu aimes tant pour ne pas vouloir le quitter ?
Par Wakat Séra