Encore une audience qui vient renforcer les errements de la justice camerounaise dans la détention d’un journaliste ! Les juges du tribunal militaire du Cameroun doivent se prononcer ce mardi 1er février sur le rapport d’expertise qui devrait servir de fond au procès. Les avocats de l’accusé rejettent pourtant ce document qu’ils disent avoir été rédigés de façon unilatérale par des experts qui n’ont jamais pris attache ni avec eux, ni avec Ahmed Abba, leur client.
« Le dossier est vide » ! Un des avocats de Ahmed Abba l’avait déclaré dès les débuts de ce marathon judiciaire inique qui dure maintenant depuis près de deux ans. Accusé de « complicité d’actes de terrorisme » et de « non-dénonciation », alors qu’il assurait la couverture des attaques de Boko Haram, le correspondant de Rfi en Haoussa à Maroua au Cameroun, croupit toujours dans les geôles, avec la menace de peine de mort planant sur lui. Et pourtant, « le dossier est vide » ! Et mille et une voix, se sont élevées pour exiger la libération du journaliste de 38 ans dont la vie a été mise en danger plusieurs fois suite à des sévices corporels inhumains qui lui auraient été infligés lors durant sa détention. A quel dessein maintient-on un innocent en prison alors que la secte assassine à tous vents, semant, impunément, mort et désolation sur son passage ? Près de deux ans, et l’accusation peine toujours à trouver des preuves sérieuses de tout lien, sans doute inexistant, entre le prisonnier et Boko Haram. Plus de dix audiences, des renvois à n’en pas finir, et le procès est encore loin de connaître l’étape de l’examen de fonds.
Et pourtant « le dossier est vide » ! Si l’Etat camerounais bandait autant les muscles contre les terroristes de la secte islamiste, nul doute qu’il aurait obtenu des résultats meilleurs dans la lutte qu’il a engagée contre les disciples de Abubakar Shekau, le semeur de mort en chef. On s’en vient à se demander si cet acharnement contre un pauvre journaliste qui ne fait que son job, ne sert pas à masquer quelque part, l’impuissance des autorités camerounaises à venir à bout de Boko Haram. En tout cas, il est encore temps pour le Cameroun de se débarrasser de son armure et de son glaive des temps sombres et surannés des prédateurs de la liberté de presse et d’expression. Il faut libérer Ahmed !
Par Wakat Séra